Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

On a souvent besoin d'un plus petit que soi
Et ta soeur ?
Malheureusement, l'esprit noie horizontalement le respect. C'est ainsi que la sagesse se délite en atteignant le silence du post-modernisme
Ricane ::
Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

13 Avril 2011 ::

« Allô, c'est toi qui baises ma femme ? »

:: Baratin

Puis t’es parti avec elle
Vieille canaille
En emportant la vaisselle
Le dessus d’lit en dentelle
L’argenterie et les rideaux
Eh, vieux chameau

Mais j’ai sorti mon pétard
Vieille canaille
Et quand j’ te tiendrai au bout
Ah ah, je rigolerai un bon coup
Et j’ t’aurai vite refroidi
Vieux bandit

Serge Gainsbourg


Hier soir, coup de téléphone inopiné d’un numéro de portable inconnu :

- Allô ?
-
- Allô ?
-
- Allô allô ? Allôôôô ? Aaaaaaaaallô ?
- Allô…
- Oui, allô ?
- Alors, c’est toi qui baises ma femme ?
- Plaît-il ?
- C’est toi qui baises ma femme, enculé ?
- Mmh non, je n’ai pas cet honneur. Et pas ce second honneur non plus.
- Comment tu t’appelles ?
- Moi c’est draleuq, et vous-même ?
- Moi c’est Jean-Yves Cocu.
- Enchanté, Jean-Yves. Et qu’est-ce qui vous fait dire que je baise votre femme ?
- Oui oui, c’est bien toi alors, enculé. Ma femme est partie avec un draleuq il y a quelques jours, qui habite à Boumdent-les-Vainlouses.
- Je m’appelle draleuq, j’habite bien Boumdent-les-Vainlouses, et pour autant que je sache, je suis le seul draleuq à y habiter, mais il n’en demeure pas moins que je ne baise pas ta femme (tu permettras sans doute que je te tutoie, étant donné que tu me fais l’honneur et la joie de me servir de « l’enculé » à chacune de tes phrases, je crois que je peux m’autoriser cette familiarité)
- T’es bien le draleuq qui habite 12, rue du Lampadaire éteint à Boumdent-les-Vainlouses ?
- Ah mille regrets, ça c’est mon ancienne adresse, j’ai déménagé il y a bientôt quatre ans. Tu peux vérifier.
- Oh mais je sais, j’ai déjà vérifié, j’en viens là, et effectivement y’a aucun nom sur la porte et personne ne répond quand on frappe.
- Eh bien, tu sembles donc très décidé. Heureusement donc que j’ai déménagé, car si au lieu de me téléphoner, tu avais sonné à ma porte pour me traiter d’enculé et m’accuser de baiser ta femme, tu m’en aurais vu fort contrit.
- Ouais mais pavoise pas trop vite, y’a mon fils qu’est parti taleur là, il est très en colère, il te cherche pour te casser la gueule !
- Mmh oui, de mieux en mieux. Et effectivement, il pourrait bien me trouver vu que je suis dans l’annuaire. Tu devrais donc l’appeler et le retenir, parce que j’ai eu une très mauvaise journée, et foutu pour foutu elle est partie pour être pourrie jusqu’au bout, et même s’il n’est pas dans mes habitudes de ravaler le portrait d’un homo sapiens juvénile cherchant à extérioriser sa souffrance pour de légitimes raisons, mieux vaut prévenir que guérir, et là ce n’est pas un vain mot.
- Ouais mais c’est forcément toi puisque tu l’as dit toi-même, t’es le seul draleuq à Boumdent-les-Vainlouses, et elle est partie avec un draleuq qu’habite à Boumdent-les-Vainlouses !
- Mmmh, reprenons : comment s’appelle ta femme ?
- Isabelle. Isabelle Cocu.
- Je ne connais absolument pas d’Isabelle Cocu. Comment as-tu trouvé mon numéro ?
- Ben, je l’ai eue au téléphone pendant une heure et demie, là. D’abord sur son portable, puis après sur ce numéro de fixe.
- De ce numéro de fixe-là ? Sur lequel tu m'as appelé et sur lequel nous parlons en ce moment-même ? Il y a moins d’1 h 30 ?
- Oui !
- Donc pendant que j’étais encore au boulot, et alors que ma compagne et son fils étaient tous deux dans la maison, ta femme se serait introduite subrepticement chez moi pour te téléphoner de ma ligne fixe et te dire que je couchais avec elle ? C’est bien ce que t’es en train de me dire ?
- Euh…

(… encore plusieurs longues minutes de palabres…)

- Bon j’ai vraiment dû faire erreur, alors… Désolé pour le dérangement, hein !
- Nan nan t’inquiète, c’est pas comme si tu m’avais accusé à tort de baiser ta femme que je n’ai jamais vue alors que la mienne était juste à côté !
- Ah, ta femme était à côté ? Ah bah tu pourras également lui adresser mes excuses, alors. Moi aussi j’ai une compagne, maintenant, donc je comprends !
- QUOI ? ÇA FAIT UNE DEMI-HEURE QUE TU ME LES BRISES PARCE QUE SOI DISANT JE BAISE TA FEMME QUE JE NE CONNAIS MEME PAS, ET LA T’ES EN TRAIN DE ME DIRE QUE T’AS DEJA UNE COPINE ALORS QUE TA FEMME N’EST PARTIE QUE DEPUIS QUELQUES JOURS !? DONNE-MOI TON ADRESSE, EN FAIT C’EST MOI QUI VAIS VENIR TE FUMER, ENCULE !

draleuq, 11h57 :: :: :: [9 divagations]

:: COMMENTAIRES

 finipe , le 13/04/2011 à 23h02

Un véritable petit bijou ^^

 Mathilde, le 16/04/2011 à 16h17

Mais alors, qui la baise, sa femme ?

 Brath-z , le 19/04/2011 à 01h21

Magnifique. Personnellement, je n'ai jamais de chance avec les numéros de téléphone : je tombe toujours sur celui de l'abruti qui en a changé et a oublié de prévenir son entourage.
J'ai eu droit depuis trois ans, successivement à :
- une école de yoga ("oui bonjour Mme X, je voulais savoir si c'était toujours bon les cours d'Ameline jeudi soir./- Heu non, je suis un homme et ne dispense pas de cours, ceci-dit si Ameline veut quand même venir chez moi jeudi soir je n'y vois pas d'inconvénient.")
- un travailleur (apparemment fainéant) dans le bâtiment que son patron a l'habitude d'engueuler au téléphone quand il arrive en retard au boulot (à un moment donné, et malgré mes explications répétées quand au changement de numéro, j'avais droit à 6 ou 7 messages du genre "putain de merde, petit con, tu te sors les doigts du cul, ouais ? on en chie depuis une heure sans toi, salaud !" tous les soirs - mon portable est en silencieux pendant la journée)
- un entrepreneur en pompes funèbres (alors là... pile au moment d'une dépression nerveuse en plus, du coup j'ai rapidement changé de numéro)
- un "chercheur de talents" parisien (mon actuel numéro, que je conserve malgré les nombreux messages et appels incongrus, et qui présente l'avantage de me faire connaître rapidement toute la vie culturo-artistique parisienne)

Les joies des embrouilles téléphoniques...

 draleuq , le 19/04/2011 à 17h52

Ta vie téléphonique est plus palpitante que la mienne, même si j'ai eu ma période "Allô, Mr Daniel ?" sur laquelle j'avais rédigé un billet que je rééditerai un jour ou l'autre.
Là, plus récemment, j'ai des appels répétés de femmes qui appellent toutes de la part de Pôle Emploi et qui veulent toutes l'emploi de femme de ménage dans mon restaurant. J'ai d'ailleurs remarqué qu'elles sont invariablement d'origine africaine, et j'avoue que ça m'interroge.
En tous les cas, le restaurateur en question doit distiller à foison les poncifs habituels sur la nullité de Pôle Emploi, qu'en gros si tu ne veux pas trouver d'employé, c'est à eux qu'il faut s'adresser... Tu m'étonnes ! Quand ils auront le bon numéro, ça ira beaucoup mieux !

 Brath-z , le 19/04/2011 à 21h38

"Allo, la boucherie Sanzot ?"

Pour l'anecdote, même les grands de ce monde ne sont pas épargnés par ce genre de fléau moderne : lorsque feu François Mitterrand, en bon mégalomane, avait réintégré le bureau du général de Gaulle en 1981, il a fait refaire toutes les installations électriques, qui étaient désuètes, et s'est retrouvé pendant une semaine à répondre au téléphone aux habitants d'une petite commune du nord.

 lindsay, le 19/04/2011 à 22h57

Je dois dire que la version "théâtrale" de cette histoire, avec Draleuq dans les rôles de Draleuq et Jean-Yves Cocu, valait son pesant de cacahuètes !!! Mais l'écrit n'est pas mal non plus ... :)

 draleuq , le 20/04/2011 à 14h08

Tiens c'est amusant, j'avais justement intitulé le billet en question "Bonjour et bienvenue à la Boucherie Sanzot". Du coup, hop, je le réédite dans le courant de la semaine, mais après "Grève du cerveau chez les fonctionnaires" qui était son nécessairement précédent corollaire.

 Mathilde, le 20/04/2011 à 21h15

Copieur...

Et on sait toujours pas qui se tape sa femme...

 Mathilde, le 20/04/2011 à 21h21

Petite histoire de cocu

[http]

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