Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

Patience et longueur de temps
J'ai
faim
Etrangement, l'Homme écrase irrémédiablement la démocratie, de sorte que la perfidie s'évade, immobile depuis le bonheur des sens
Thal l'errant ::
Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

30 Août 2006 ::

« Tendance pourrie »

:: Misanthropie

Aaaah que diable ne l'avons nous point connue avant ? Cette "nouvelle scène française" qui, depuis quelques mois, quelques années même maintenant, connaît un succès retentissant ! Mais si vous savez, ce sont les "chanteurs à texte". Ceux dont on se fout éperdument qu'ils aient une réelle qualité musicale, mais qui écrivent des textes sublimes, poétiques, oniriques, de véritables oeuvres littéraires en somme.

Généralement, ils chantent d'une façon désinvolte, d'aucuns diraient assez mal, mais plutôt que de brailler telle une horde de Céline Dion, ils interprètent leurs chansons avec sincérité, émotion, humour ou cynisme. Vous l'aurez compris, je veux bien sûr parler de ces Benabar, Vincent Delerm, Cali, Raphaël, et autres Thomas Fersen bien sûr ! Ainsi, ces dignes successeurs de héros mythiques tels Brassens, Brel ou Léo Ferré, ont su paraît-il redorer le blason de la chanson française grâce à leur talent.

D'une certaine façon, il est amusant de constater cette dichotomie dans la chanson :

  • A notre gauche, nous avons les "chansonniers", ceux qui écrivent des "chansons à textes", et pour lesquels le sens est l'objectif principal, et la musique est accessoire.
  • A notre droite, nous avons les "chanteurs", ceux qui chantent des conneries, des bluettes navrantes, en braillant des mélodies simplistes, mais avec une orchestration efficace.

  • D'un côté : un look un peu ringard, un pull à col en V, une coiffure savamment négligée, une veste noire simple, une barbe de trois jours.
  • De l'autre : des strass, des robes clinquantes, des beaux mecs, des filles au galbe élancé, des chorégraphies éprouvées et des foules adolescentes déchaînées.

  • D'un côté : des prénoms qui fleurent bon le terroir français (Vincent, Thomas, Nicolas, Guillaume...)
  • De l'autre : des prénoms étranges aux orthographes improbables (Arno, Jonatan, Jill, Ely...)

  • D'un côté : ceux qui votent à gauche et le proclament haut et fort.
  • De l'autre : ceux qui votent à droite, ou ne votent pas, ou s'en foutent, mais qui disent voter à gauche pour ne pas blesser leur image.

  • D'un côté : la poésie, la primauté de l'être sur le paraître, la sensibilité, la droiture artistique.
  • De l'autre : le fric, les paillettes, la star academy, la compromission.

  • D'un côté : les gentils.
  • De l'autre : les méchants.


A gauche : un gentil - A droite : des méchants

Bon eh oh ! Vous avez déjà VRAIMENT écouté une chanson de Vincent Delerm ? Vous avez déjà VRAIMENT prêté attention à un texte de Raphaël ? Eh ben je vais vous en donner moi, du chanteur à texte :


L'heure du thé
(Vincent Delerm)

J'étais passé pour prendre un thé caramel ou vanille
Bah non j'ai plus que vanille
J'étais venu pour dire des trucs pas terribles
(eh bien bravo, c'est réussi)
Y'a plein de travaux dans ta rue
Tiens c'est marrant t'as la Bible
(en effet, c'est vraiment tordant)
Sous un poster de Modigliani
(t'as raison, Modigliani dans une chanson ça fait tout de suite classe)
J'étais passé pour prendre un thé
Et j'ai passé la nuit
(moi je vais pas la passer, à ce rythme)

(Refrain)
Mais ce matin rue St Sévrin
Je sors de chez toi habillé comme hier
(ah c'est donc pour ça qu'on a l'impression que tu dors dans tes fringues !)
Dans la ville normale, des voitures banales
(...?!!?!)
Qui ne savent pas pour la nuit dernière

On a discuté jambon purée bougie
(fascinant)
Gabriel Fauré Mozart Laurent Voulzy
(Fauré et Mozart après Modi, c'est vraiment la super classe)
Assis en tailleur face à Modigliani
Sur Karin Redinger tu m'as dit bien sûr que si

(Refrain)

J'étais passé pour prendre un thé
(et finalement tu prends la tête)


C'est fou, dès que j'entends ce mec ou l'un de sa clique, j'ai comme des nausées. Ça doit être mes enceintes. Mais que voulez-vous, je suis un inculte, insensible à la beauté des choses, un rejeton de la populace, incapable de saisir le sens profondément poétique de ces quelques phrases, que dis-je, de ces quelques vers.

Quand je pense qu'on compare ces types là avec Georges Brassens ou Jacques Brel...

finipe, 04h49 :: :: :: [11 haineuses invectives]