Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

Je vais te
ratiboiser
la colline !
Eh
ouais
De plus en plus, l'on assassine inévitablement la démocratie, tant et si bien que l'Histoire s'évade en rampant depuis la fin de l'existence
Ploton ::
Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

8 Décembre 2008 ::

« Caratacos, l'éloquence d'un barbare »

:: Histoire antique, 51

Les débuts de la conquête romaine de l'île de Bretagne

Jules César s'y était essayé en son temps, mais il s'était cassé les dents à plusieurs reprises lors de ses tentatives de conquête de l'île Britannique. Ardemment défendue par des chefs de guerre dont un certain Cassivellaunos[1], l'île de Bretagne parvient à repousser la puissante armée romaine. Après l'assassinat de Jules César et quelques années de lutte entre Octave (futur Auguste) et Marc Antoine, trois empereurs se succèdent au pouvoir, entre -27 et 41 : Auguste, Tibère puis Caligula. En cette année 41, c'est l'empereur Claude qui prend le pouvoir, après deux années agitées et violentes et le meurtre de Caligula[2] (24 janvier 41), dont la santé mentale était pour le moins incertaine[3].

Claude apparaît comme un empereur a priori faible, qui ne jouit pas d'un physique solide : âgé de 51 ans déjà, il bégaye, ses yeux tremblent, il est impérieux, irascible, agité de tics faciaux lorsqu'il s'emporte, ses jambes sont molles... Il passe le début de son règne à tenter d'asseoir son autorité, assez mal vu par le Sénat, et, en dépit des tares physiques dont il souffre, se montre somme toute habile, intelligent, érudit et travailleur. Puis, en 43, il se lance à la conquête de l'île de Bretagne, là où Jules César avait échoué presque un siècle auparavant.

L'île est en effet un endroit regorgeant de richesses, humaines comme matérielles ; il nomme le général Aulus Plautius comme commandant de cette conquête, et lui adjoint quatre légions entières (environ 40.000 hommes). Dès le début, les choses se compliquent : certains légionnaires se mutinent, pensant qu'il ne s'agit là que d'une lubie passagère d'un empereur faible (le désordre du règne de Caligula est encore dans tous les esprits), et craignant également la terrible réputation des guerriers bretons. Après de patientes négociations, l'ordre revient finalement, et les légions débarquent en Bretagne au printemps 43.


Etrangement, les troupes romaines ne rencontrent presque aucune résistance : les bretons semblaient ne pas croire à l'éventualité d'une invasion, et c'est là leur terrible erreur. Toutefois, ils se réorganisent rapidement sous l'impulsion de deux chefs puissants, Caratacos, roi du peuple des Trinovantes, et son frère Togodumnos. C'est ainsi que bretons et romains se rencontrent à la bataille de Medway (actuel comté du Kent) : d'une intensité presque jamais vue dans les annales militaires, les combats durent sans discontinuer pendant plus de deux jours entiers ! La victoire est finalement durement acquise par Rome : Togodumnos est mort pendant la bataille, et Caratacos est en fuite.

En juillet 43, une seconde bataille est livrée sur les bords de la Tamise, qui tourne à la catastrophe pour les combattants bretons, même si Caratacos parvient de nouveau à prendre la fuite. Dans la foulée, Rome s'empare de Camulodunum, principale place forte des Trinovantes (actuel comté d'Essex). Claude vient personnellement en Bretagne pendant une quinzaine de jours, et reçoit la soumission de nombreux rois bretons : l'île est officiellement rattachée à l'empire romain, et Aulus Plautius est nommé gouverneur de Bretagne, avec pour mission de conquérir le reste de l'île. Claude rentre triomphalement à Rome au début de l'année 44 ; sa position est soudain devenue nettement plus solide !

Résistance bretonne

Durant les six années qui suivent, les romains s'emploient à réduire à néant les différentes tribus du sud de l'île, qui opposent une résistance acharnée autant qu'héroïque à leurs envahisseurs. Peine perdue, l'immense machine de guerre romaine finit par avoir raison de ces rebelles, et en 49 (le général Ostorius Scapula a remplacé en 47 Aulus Plautius comme gouverneur[4]), la moitié sud de l'île ainsi qu'une grande partie du nord-est est aux mains de l'empire romain. Toutefois, le Pays de Galles (tribus des Silures et des Ordovices) tient encore bon. Caratacos, après sa défaite de Medway, a rejoint les Ordovices, et compte bien continuer à résister.

Les romains sont des combattants implacables, mais d'habiles négociateurs également : ainsi, l'empire a soumis le peuple des Brigantes, au nord de l'île, en proposant une alliance avec leur reine Cartimandua, qui appuie dès lors l'armée romaine dès qu'elle le peut, au grand dam de son mari Venutios qui ne partage pas son amitié envers l'envahisseur. Pendant ce temps, Ordovices et Silures ont conclu une alliance sous l'égide de Caratacos, et c'est finalement à Caer Caradoc que se livre l'ultime bataille du chef breton contre l'armée romaine. C'est une nouvelle défaite pour les bretons : la femme et la fille de Caratacos sont capturées par les romains, mais ce dernier parvient encore à s'échapper, et va chercher refuge au nord, chez les Brigantes et la reine Cartimandua. Celle-ci l'accueille, mais le livre rapidement à ses alliés romains, malgré l'opposition de son mari.

La fin pas si malheureuse de Caratacos

Caratacos est ramené à Rome, enchaîné, et exhibé dans les rues. On le conduit devant l'empereur Claude qui reçoit pour l'occasion un Triomphe, suprême honneur donné aux empereurs par le peuple romain. Mais là où l'on pouvait s'attendre à une exécution, les choses ne se passent pas comme prévu : Caratacos s'adresse à Claude, et fait preuve de tant d'éloquence que l'empereur l'épargne ! Souhaite-t-il apaiser les tensions dans la province bretonne nouvellement conquise ? A-t-il été réellement conquis par l'éloquence de son ennemi vaincu ? Quoiqu'il en soit, Caratacos finit ses jours paisiblement avec sa famille, dans une prison dorée des alentours de Rome.



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1. Les lecteurs d'Astérix chez les bretons s'en souviendront sûrement.

2. Claude était le frère du célèbre général romain Germanicus, qui était lui-même le père de Caligula. Claude était donc l'oncle de Caligula.

3. Bien que cela ne soit pas confirmé, il est possible que Claude ait été, sinon à l'instigation du meurtre de Caligula, au moins au courant.

4. Les gouverneurs n'étaient pas laissés trop longtemps en place pour éviter qu'ils n'acquièrent trop de prestance et ne soient tentés de prendre la place de l'empereur. Quoiqu'il en soit, Aulus Plautius reçut à son retour à Rome une Ovation, honneur rare fait aux seuls grands chefs militaires romains.

finipe, 18h28 :: :: :: [2 cris de désespoirs]

:: COMMENTAIRES

 finipe , le 08/12/2008 à 18h29

Et pour en savoir plus sur le règne de Claude, cf. le livre LX de l' « Histoire Romaine » de Dion Cassius : [http]

 Jean-Claude EVEN , le 21/08/2013 à 19h52

Vous comprendrez pourquoi je suis d'accord avec vous, n'est-ce pas... sur le fond.

Jean-Claude EVEN

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