Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

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Etrangement, la Femme noie atrocement l'art. Ainsi, la perfidie s'amenuise en évitant le silence des sens
Sacrote ::
Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

16 Mars 2007 ::

« Première guerre punique - La ruine de la Sicile »

:: Histoire antique, -264

Ce billet fait partie d'un sujet composé de trois parties :

1. Première guerre punique - La ruine de la Sicile
2. Deuxième guerre punique - L'épopée d'Hannibal
3. Troisième guerre punique - Delenda est Carthago




Les « guerres puniques », au nombre de trois, désignent les conflits ayant opposé, durant l'Antiquité, Rome et Carthage : de grands noms de l'Histoire s'y sont distingués, comme notamment Hamilcar, Hannibal, Scipion l'africain, ou encore Xanthippe. J'espère que mes propos sont clairs, j'ai eu beaucoup de mal à ne pas me perdre en d'interminables digressions !

Pour les détails de la première guerre punique, cf. « Histoire universelle » de Diodore de Sicile.




De l'alliance à la rivalité

Pendant longtemps régna une saine cordialité entre les deux puissantes cités Rome et Carthage : accords commerciaux, aide militaire contre les vélléités expansionnistes des grecs, tout allait dans le sens d'une amitié renouvelée. Cependant, cette entente va progressivement s'effriter autour d'un point de discorde très précis : le détroit de Messine[1], situé entre la Sicile et l'Italie.

En effet, depuis le début du IIIème siècle av. JC, deux colonies grecques se font face de part à d'autre du détroit : du côté italien, la cité de Rhegium (soutenue par Tarente), et du côté sicilien, la cité de Messine (soutenue par Syracuse). Mais des mercenaires italiens, les Mamertins, laissés sans solde par Syracuse, se paient en prenant de force Messine. Dans le même temps, Rome s'empare de Rhegium, puis se heurte à Tarente, qui fait appel à Pyrrhus[2] pour lui venir en aide. En -279, Rome et Carthage font alliance pour combattre Pyrrhus, et après de nombreuses luttes, Rome finit par prendre Tarente (-270), et Pyrrhus quitte l'Italie. Seule Syracuse est parvenue à conserver son autonomie de colonie grecque.


Chacun reprend ses positions : Rome occupe désormais le sud de l'Italie, et Carthage l'ouest de la Sicile. Faisant alliance avec Syracuse, Carthage décide d'évincer les Mamertins : le général carthaginois Hannon le grand met le siège sur Messine. Rome voit cela d'un très mauvais oeil : si Carthage s'emparait de Messine, c'est toute la Sicile qui lui appartiendrait, et Carthage serait alors aux portes de l'Italie. En dernier recours, un consul romain est envoyé à Messine pour sommer les carthaginois de renoncer et lever le siège, mais ceux-ci refusent : nous sommes en 264 av. JC, et la guerre entre Rome et Carthage est inévitable.

Vingt années de statu quo

Dans un premier temps, les romains s'assurent de la neutralité de la colonie grecque de Syracuse, alliée de Carthage : ils remportent plusieurs victoires militaires terrestres, puis concluent un accord de paix garantissant à Syracuse le maintien de son autonomie, en échange de sa neutralité. Une fois ceci fait, l'armée romaine continue d'avancer en Sicile, en conquérant plusieurs villes après des sièges souvent terribles[3]. Mais le contrôle total de la Sicile ne peut se faire sans le contrôle des mers, que pour le moment seule Carthage possède réellement. Rome, une puissance d'infanterie incontestable, n'est en revanche pas du tout accoutumée aux batailles navales.

Aussi, dès -261, Rome fait construire une flotte de combat constituée de quinquérèmes, calqués sur les navires carthaginois, mais munis de corbeaux, sortes de ponts d'abordage dotés de crochets, qui permettent de transformer les combats maritimes en combats d'infanterie : un an plus tard, forts de cette trouvaille, les romains commencent à conquérir la mer. C'est ainsi qu'ils remportent la première victoire navale de leur histoire, à la bataille de Mylae, où ils écrasent littéralement la flotte carthaginoise.

Après cette première grande victoire, les romains prennent nettement l'avantage sur mer comme sur terre, malgré quelques contre-offensives terrestres victorieuses des troupes de Carthage. Encouragée par ces succès, Rome décide de porter le coup fatal en débarquant en Afrique. Le général romain Regulus s'avance ainsi à la tête d'une puissante armée : mais c'est sous estimer la force de Carthage, qui, menée par le général mercenaire grec Xanthippe[4], écrase l'armée romaine à la bataille d'Utique, en -255. Regulus est capturé, et la flotte romaine, déjà mise à mal par cette défaite, est ensuite entièrement ravagée par une tempête.

Carthage propose une conciliation à Rome en envoyant le prisonnier Regulus comme émissaire de cette proposition de paix : mais, contre toute attente, Regulus plaide devant le sénat romain la poursuite de la guerre. Il retourne ensuite se livrer à Carthage, où il est atrocement mis au supplice... En Sicile, la situation reste confuse : après une relative domination romaine, Carthage reprend possession d'une bonne partie de l'île à partir de -248, grâce notamment à son général Hamilcar Barca (le père du célèbre Hannibal).

Le basculement des forces & la victoire de Rome

Après bien des déboires maritimes, Rome reconstitue sa flotte en -243 : forte de ses premiers succès dans les vingt précédentes années, l'armée romaine remporte quelques batailles l'année suivante. Puis, en -241, Carthage décide d'envoyer un renfort de 200 navires en Sicile, menés par Hannon le grand : les romains, grâce à leurs espions, apprennent cette information et tendent une embuscade à la flotte carthaginoise, près des îles Aégates, à l'ouest de la Sicile. La bataille est un succès retentissant pour la flotte romaine : Carthage perd plus de la moitié de ses navires. Hamilcar quant à lui, est resté en Sicile : encerclé par les romains et coupé de son soutien, il n'a d'autre choix que de capituler.

Le bilan

Les pertes sont effroyables : 200.000 soldats sont morts... La Sicile, bien que ravagée, devient une province de Rome, qui est désormais la principale puissance méditerranéenne.

L'écrasant tribut que doit verser Carthage provoque une crise grave dans la cité nord africaine : plus de 20.000 mercenaires sans solde décident de se payer en mettant à sac Carthage et toute la côte. Hamilcar est appelé en catastrophe à la rescousse, et même Rome apporte son soutien en libérant les prisonniers de guerre, afin qu'ils puissent aider Carthage à mater cette révolte[5]. Après d'insondables massacres, Carthage mate finalement les insurgés... Rome est satisfaite de son soutien : Carthage, bien qu'ancien adversaire, n'en demeure pas moins la deuxième puissance commerciale, un partenaire incontournable !

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1. Ce détroit est célèbre dans l'Antiquité. Deux dangers mortels s'y trouvent, nommés Charybde et Scylla, l'un étant un tourbillon et l'autre un rocher : lorsque l'on réussit à franchir l'un, on se brise sur l'autre, et réciproquement. On trouve encore aujourd'hui ces deux noms dans l'expression « aller de Charybde en Scylla », qui signifie franchir un obstacle pour se briser sur un autre plus dangereux encore.

2. Pyrrhus Ier, roi d'Epire, est resté célèbre par le dicton « une victoire à la Pyrrhus », qui désigne une victoire extrêmement coûteuse : en effet, après la bataille d'Ausculum, qui l'opposait aux troupes romaines, Pyrrhus perdit 3000 hommes là où les romains en perdirent 6000.

3. Agrigente, notamment, subit un siège de 6 mois, et toute la population est finalement réduite en esclavage par Rome.

4. Xanthippe, originaire de Sparte, se mit au service de Carthage pour réorganiser l'armée des mercenaires. Ne pas confondre avec un autre Xanthippe, qui participa deux siècles auparavant aux guerres médiques, notamment à la bataille du cap Mycale. Ne pas confondre non plus avec Xanthippe, une femme cette fois, épouse de Socrate.

5. L'Histoire a retenu ce soulèvement sous le nom de « Guerre des mercenaires », dont Gustave Flaubert fit le cadre de son roman Salammbô.

finipe, 19h51 :: :: :: [1 réflexion sagace]

:: COMMENTAIRES

 nomis, le 22/11/2009 à 15h47

ce sith est super

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