Plusieurs personnages historiques se sont fait connaître par des noms ou des surnoms évoquant leur barbe. Mais même si nous avons tous entendu parler de Barberousse, Barbe noire, Barbe bleue, ou Barbe rouge, l'on ne connaît pas toujours qui se cache réellement derrière ces barbes et ces couleurs ! Voici donc une bonne occasion de tirer tout cela au clair, afin de ne plus confondre les uns et les autres.
Frédéric Ier, dit Frédéric Barberousse (1122-1190)
De son véritable nom Frédéric de Hohenstaufen, il est issu d'une grande famille allemande. Le 4 mars 1152 il succède à son oncle Conrad III en étant élu empereur d'Allemagne par les princes électeurs. Deux ans plus tard, il conquiert l'Italie, et se fait couronner empereur du Saint Empire romain germanique. C'est le pape Adrien IV qui le couronne, à contrecoeur, car Rome s'oppose fermement à cette conquête, et rêve de rétablir une république en Italie.
Pourtant, Frédéric Barberousse continue sa conquête de l'Italie à partir de 1158. Après un siège pénible pour les assaillants comme pour les défenseurs, il prend la ville de Milan, et finit par soumettre à sa loi la quasi totalité de l'Italie, qui revient ainsi dans le giron du Saint Empire, après qu'elle s'en fût progressivement libérée sous la tutelle du prédécesseur de Frédéric Barberousse. En 1160, le désormais pape Alexandre III, exaspéré, excommunie l'empereur, et soutient une résistance active contre le pouvoir du Saint Empire. Deux ans plus tard, de graves insurrections éclatent un peu partout, en particulier à Milan qui ne décolère pas. Frédéric Barberousse vient en Italie avec son armée et mate sévèrement les rebelles, puis rase Milan. Alexandre III fuit en France, et c'est la confusion entre le pape et l'antipape, l'un reconnu par la hiérarchie religieuse, l'autre par les états. Les italiens s'organisent en ligues, et après une dizaine d'années de valse hésitation, Barberousse finit par subir une défaite cuisante à la bataille de Legnano en 1175. En 1177, il doit reconnaître la légitimité du pape Alexandre III.
En 1189, à l'âge honorable de 67 ans, il part pour la troisième croisade, à la reconquête de Jérusalem, rejoint par Philippe II, roi de France, et Richard Ier, roi d'Angleterre. Un an plus tard, le 10 juin 1190, il se noie dans la rivière Saleph, en Anatolie, bien qu'on le disait excellent nageur et en très bonne condition physique malgré son âge.
Pour en apprendre un peu plus sur toutes ces guerres en Italie et sur Barberousse, lire notamment l'excellent roman d'Umberto Eco : « Baudolino »
Gilles de Retz, dit Barbe bleue (1404-1440)
Pour cet illustre meurtrier, reportez-vous aux notes du
26 octobre et
28 octobre.
Edward Teach, dit Barbe noire (1680-1718)
Né en 1680 à Bristol, en Angleterre, Edward Teach commence sa carrière navale comme corsaire, et fait ses premières armes en participant à plusieurs batailles en Jamaïque. En 1716, il rejoint le pirate Hornigold et écume les Caraïbes, faisant plusieurs captures importantes, dont la plus fameuse est celle de la
Concorde, un navire négrier français. Il gagne ensuite la côte américaine et sème la terreur sur les Antilles, capturant tout navire ayant la malchance de tomber entre ses griffes. A la moindre résistance, il ne fait pas de quartier et massacre tout le monde. Il fait des états du sud de l'Amérique ses bases arrières, en Caroline notamment où il soudoie les gouverneurs en place, mais également aux Bahamas et plus particulièrement à New Providence, dont il fait une véritable capitale de la piraterie dans les Caraïbes.
Mais la couronne britannique est ulcérée par les rapines et commence une chasse à la piraterie : c'est ainsi que Woodes Rogers, gouverneur des Bahamas, commence à pourchasser Barbe noire un peu partout. Il est rapidement rejoint par Charles Eden, le gouverneur de Caroline du Nord. Enfin, le 22 novembre 1718, Robert Maynard, commandant d'un vaisseau de la couronne, le
Pearl, rattrape le terrible pirate au large de la Caroline. Une bataille terrible s'engage, au cours de laquelle Barbe noire reçoit près de 30 blessures, avant de mourir décapité par Meynard en personne. La légende raconte que son corps privé de tête, une fois jeté à la mer, aurait fait deux fois le tour du bateau à la nage avant de couler...
Les diverses histoires rapportées font état de la terrible apparence du pirate : on le décrit avec plusieurs pistolets disposés dans son baudrier, la barbe tressée, et des mèches de canon allumées, disposées dans son tricorne. Terrible !
Pour plus d'infos sur Barbe noire, voir notamment le documentaire-fiction anglais pas mal du tout de Timan Remme et Richard Dale : « La Véritable histoire de Barbe Noire le pirate », dont provient la photo ci-dessus.