Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

Je vais te
ratiboiser
la colline !
On s'en
fout
En vérité je vous le dis, l'envie embrasse joyeusement l'intelligence. Par là même, l'amour s'oublie en atteignant le silence du rationalisme
Nabot Léon ::
Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

11 Mars 2007 ::

« La guerre des deux Jeannes »

:: Histoire médiévale, 1341

Conflit de succession en France

Depuis 1337, les royaumes de France et d'Angleterre sont engagés dans ce que nous appelons aujourd'hui la guerre de cent ans. Edouard III, roi d'Angleterre, est le fils d'Isabelle (surnommée la Louve de France), la dernière des quatre enfants de Philippe IV le Bel[1]. En 1328, à la mort de son oncle Charles IV le Bel, le roi d'Angleterre Edouard III réclame donc le trône de France, en tant que neveu du roi décédé. Mais Philippe VI de Valois, cousin germain d'Isabelle, fait valoir la loi salique, selon laquelle le royaume ne peut se transmettre que par les héritiers mâles, ce qui n'est pas le cas d'Edouard III, puisqu'il est lié au trône de France par sa mère et non par son père[2].


Conflit de succession en Bretagne

L'année 1341 : la succession du duché de Bretagne est elle aussi contestée. Le duc Jean III de Bretagne est mort sans enfant, et deux successeurs pourraient faire valoir leurs droits. D'une part, il y a Jean de Montfort[3], le demi-frère de Jean III, et d'autre part Jeanne de Penthièvre, la nièce de Jean III, mariée à Charles de Blois, le neveu du roi de France Philippe VI de Valois. Afin que le litige de succession soit tranché par le roi de France, les deux prétendants se rendent à Paris. L'accueil réservé à Charles de Blois est chaleureux, tandis que Jean de Montfort est reçu avec froideur : il apparaît donc très rapidement à ce dernier que c'est Charles de Blois qui aura la préférence du roi Philippe VI.


A gauche : Charles de Blois, époux de Jeanne de Penthièvre
A droite : Jean de Montfort, devant le roi de France Philippe VI de Valois

Et pourtant, cette situation est paradoxale. Charles de Blois fonde en effet cette succession sur une femme (sa propre femme Jeanne de Penthièvre), tandis que Jean de Montfort respecte la loi salique, celle-là même qu'a utilisé Philippe VI pour évincer Edouard III du trône français... Certain qu'il sera débouté, Jean de Montfort décide de prendre les devants et quitte Paris pour se rendre à Nantes, puis dans toutes les places fortes bretonnes, afin d'y assurer son contrôle. Il se rend ensuite en Angleterre, où le roi Edouard III, trop heureux de pouvoir semer le trouble en France, lui accorde son soutien.

Vers la guerre

Enfin, Jean de Montfort est convoqué par Philippe VI, qui lui reproche ses agissements séditieux et sa collusion avec le roi d'Angleterre. Montfort fait valoir ses droits et la loi salique, mais finalement un tribunal tranche définitivement en faveur de Charles de Blois : celui-ci devient officiellement Duc de Bretagne, et Jean de Montfort prend la fuite.

C'est ainsi que débute une guerre de succession en Bretagne qui durera 23 ans, entre d'un côté Jean de Montfort, allié avec les anglais, et de l'autre Charles de Blois et sa femme Jeanne de Penthièvre, légitimés par le roi de France. Lors de ce conflit, Montfort sera fait prisonnier, et c'est sa femme Jeanne de Flandre qui reprendra le flambeau de cette lutte, d'où le nom que l'on donne à cette guerre : la « Guerre des deux Jeannes »[4].

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1. Mariée à Edouard II, roi d'Angleterre reconnu pour ses penchants homosexuels, Isabelle intrigua pour exclure son mari du trône d'Angleterre au profit de son fils : Edouard II fut emprisonné et assassiné. On lui attribue également une relation avec le héros écossais William Wallace (cf. le film « Braveheart » et Sophie Marceau dans le rôle d'Isabelle de France), mais cette relation n'a en vérité jamais eu lieu.

2. Pour ce qui concerne l'imbroglio de succession du royaume de France en 1328, lire la célèbre saga de Maurice Druon « Les rois maudits ».

3. Jean de Montfort est un lointain descendant de Simon de Montfort, qui a été évoqué ici-même à l'occasion de la croisade contre les Cathares

4. Pour la fin de cette guerre de succession de Bretagne, lire notamment l'excellente saga de Pierre Naudin : le « Cycle Tristan de Castelreng » (7 tomes)

finipe, 17h40 :: :: :: [3 vilénies]

:: COMMENTAIRES

 draleuq , le 12/03/2007 à 09h36

Je m'absente une semaine, et 4 billets de plus ! Quelle productivité !
Je serais mauvaise langue, je dirais que t'as vraiment que ça à foutre, mais loin, très loin de moi cette idée ;o)

 Viou , le 12/03/2007 à 10h19

Superbe ce système de note de bas de page !

 finipe , le 12/03/2007 à 13h17

Bah oui, j'ai que ça à foutre : mes larbins travaillent et m'enrichissent, et moi je fais d'énormes profits avant de les licencier sans aucun scrupule. Comme tous les patrons du monde !

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