Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

Faut pas se
mettre la rate
au court-bouillon
On s'en
fout
Ces temps-ci, l'envie assassine amoureusement son destin. Ainsi, la sagesse s'échappe, se précipitant vers le secret de l'imagination
Lao Meuh ::
Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

8 Mai 2011 ::

« Gloire au dictatueur ! »

:: Paparatzi

La mort est plus douce que la tyrannie.
(Eschyle, "Agamemnon")


Désirer l'immortalité, c'est désirer la perpétuation éternelle d'une grande faute.
(A. Schopenhauer, "La mode comme volonté")


Celui qui n'est pas avec moi est contre moi.
(Evangile selon St Mathieu)


Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais depuis quelques années, et cela s’accélère ces derniers mois, il souffle comme un vent de liberté sur le monde !
De quoi redonner de l’espoir aux plus misanthropes d’entre nous (ne me regardez donc pas comme ça, ça m’intimide !), même si l’extrême goût atavique de l’homo sapiens pour le pouvoir et la destruction alimente une petite voix qui nous siffle à l’oreille : « c’est trop beau pour être vrai, mon pote ! »
Donc disons que si tous les tyranneaux qui tombent les uns après les autres sous les coups de boutoir du légitime ras-le-bol populaire ne sont pas illico remplacés par des choses pires encore (allez hop, la burqa pour tout le monde dès le berceau, par exemple… Non Madame Sarfati, c’est pas une moustiquaire !), il y aura peut-être de quoi commencer à opérer un premier début de légère translation vers une ébauche d’atome d’espérance.
Tout en sachant bien sûr que même si on arrive à la paix, à l’amour et au respect entre les peuples du monde entier, ce qui est déjà rigoureusement impossible, cela ne servira à rien car plus rien ne peut arrêter l’orgie d’annihilation de l’écosystème terrestre par la pollution et la surexploitation humaines.
Voilà.
Ceci étant dit, il me semble tout de même légitime de rendre un hommage au super-héros cosmique qui plane au dessus de la planète bleue depuis quelques temps, que nous appellerons le dictatueur.
Et pour cela, rappelons avec respect et déférence son tableau de chasse passé, mais aussi ses projets pour le présent et l’avenir. Loué soit-il.

























Evidemment, les clients sont trop nombreux pour être tous rappelés ici. Il y a aussi le Yémen, le Bahreïn, le Vénézuéla, la Chine Populaire, Cuba, l'Algérie... Même le plus optimiste d’entre nous conviendra que le dictatueur a encore du pain sur la planche.

Ironie du sort, c’est même pas fait exprès, c’est un 8 mai que cet article me vient, jour anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale. Après 6 ans d’apocalypse et plus de 50 millions de mort, la Terre se débarrassait enfin d’Hitler et d’Hiro Hito… Mais avec l’aide de Staline !

draleuq, 12h04 :: :: :: [7 éclaircissements pompeux]

:: COMMENTAIRES

 Brath-z , le 09/05/2011 à 00h12

Ach ! Si tu me permets une critique polémique de cette note...

Dans la liste avancée, je considère que seuls Saddam Hussein, Ben Ali, Mubarak et Khadafi méritent le titre de "dictateur". Ne pas oublier qu'à la base, un dictateur, c'est un individu qu'on dote de pouvoirs exceptionnels pour régler une situation a priori insoluble, généralement par la méthode forte. Khadafi, qui n'a aucun autre titre que celui de colonel (les titres de "roi des rois", "guide de la révolution" et "chef de la Jamahiriya" ne sont les siens qu'au sein de sa tribu de tripolitaine) a explicitement prit le pouvoir pour "sauver le peuple libyen de la domination occidentale". Mubarak devait préserver l'ordre public après la mort de Saddate. Quant à Saddam Hussein, la raison de son installation au pouvoir était la continuation de la révolution nationaliste arabe.

A la limite, Ariel Sharon (clairement élu pour garantir la sécurité de son pays), Bachar el Assad et Vladimir Poutine ont pu ou peuvent être considérés comme des "dictateurs réguliers" (élective ou non, la dictature est toujours une magistrature exceptionnelle ou irrégulière).
Pour ce qui est des autres, je m'inscrit en faux. Je n'ai pas grande sympathie pour George W. Bush, Mahmoud Ahmadinedjad Laurent Gbagbo, Mohammed VI ou Nicolas Sarkozy, mais force est de constater qu'ils ont tous été élus régulièrement et n'ont pas instauré d'ordre tyrannique, même si les États-Unis d'Amérique sont aujourd'hui un état quasi militarisé, où l'armée commence à remplacer la police dans les missions de maintien de l'ordre (ceci-dit, du temps de Roosevelt, l'armée servait à mater les milices fascistes financées par l'aile "dure" du patronat, notamment Henri Ford, donc quelque part cette destination n'est pas nouvelle).

Et je tiens à apporter une précision au sujet d'Ahmadinedjad.
Il y a bientôt deux ans, la presse française s'est fait l'écho unanime (un cas unique au monde) des protestations de la "révolution verte" (étrange dénomination pour une simple protestation électorale comme l'Iran en connaît depuis 1993 à chaque élection, y compris celles de 1997 et 2001, où le "progressiste" libéral Khatami a été triomphalement élu et réélu dès le premier tour, comme c'est du reste la norme depuis 1988, l'élection de 2005 constituant la seule exception à ce jour) en contestant la réélection de M. Ahmadinedjad avec 63% des suffrages. Les "chiffres alternatifs" avancés à l'époque par Libération et repris par Le Monde, Le Figaro, Le JDD, Marianne et quelques autres (qui faisaient de Mahmoud Ahmadinedjad le "troisième homme" avec moins de 16% des suffrages) provenant du numéro 2 de la campagne de Medhi Karroubi (qui, s'il a surement obtenu plus du petit 1% dont on l'a crédité n'était pas en mesure de réaliser à nouveau les 18% de 2005), on aurait pu attendre de la part de la presse française au moins autant de prudence que de ses homologues anglaise, amérique-unienne ou encore espagnole (sans parler de la russe ou de la turque, mais ces pays sont plutôt proches de l'Iran). Bref, tout ça pour dire que nos chers "journaleux" ont totalement passé sous silence la gigantesque enquête réalisée par l'International Peace Institute (with Charney Research), difficilement accusable d'être pro-iranienne vu qu'elle a longtemps collaboré avec la radio Free Iran, le 8 décembre 2008 qui nous apprend notamment (l'enquête est bien plus large et porte aussi sur la bombe nucléaire, la liberté de la presse, les institutions iraniennes, les relations étrangères, etc.) que de 58% à 61% (ils respectent la marge d'erreur de 3%, eux) des Iraniens assurent avoir voté Ahmadinedjad aux dernières élections, et seulement 26% à 29% (contre 34% officiellement) en faveur de Mir-Hussein Mossavi. On y apprend également que le "green movement" a très peu d'assise populaire et que les plus jeunes (moins de 26 ans) sont les plus ardents supporteurs du régime (qui n'est quasiment pas remit en cause) et du gouvernement actuel (ce qui confirme des analyses sociologiques opérées avant la première élection d'Ahmadinedjad, qui prédisaient que la très jeune et très importante numériquement "bourgeoisie rurale" dont Ahmadinedjad est issu, après avoir soutenu massivement Khatami, avait été très déçue par l'affairisme et la corruption qui entoure tant les "conservateurs" que les "progressistes" et se jetterait dans les bras d'un candidat la représentant plus directement).
Bref, autant on peut dire qu'Ahmadinedjad est négationniste (au sujet du génocide des juifs pendant la seconde guerre mondiale, de la création de l'état d'Israël et de la présence de l'homosexualité en Iran, notamment), autoritaire (quoique bien moins que Rafsandjani, qui avait fait charger les chars pour disperser les étudiants en 1996... et qui aujourd'hui soutient la "révolution verte"), islamiste radical (en fait, c'est un mahdiste, c'est-à-dire qu'il est convaincu qu'on peut accélérer la venue du Mahdi en instaurant le royaume de Dieu sur terre, un peu comme les sectes juives qui veulent reconstruire le temple de Salomon et fonder un "grand Israël" pour accélérer la venue du Messie) et qu'il rêve de la bombe nucléaire (quoiqu'en fait rien ne dépende de sa volonté dans cette décision, vu que c'est le Conseil de la Révolution qui contrôle la politique militaire), mais pour ce qui est d'avoir truqué les élections... c'est pour le moins douteux. En tous cas, il y a beaucoup moins de doute quant au réel gagnant de l'élection que lors de la réélection en 2001 de Khatami (mais Khatami est un "progressiste" libéral très populaire au "marché de Téhéran", comme on appelle par euphémisme les milieux d'affaire iranien, et dans le haut-clergé de Qom).

Allez, c'était un message un peu long, mais je tenais à faire figurer cette précision.

 draleuq , le 09/05/2011 à 11h43

Mais je te permets totalement, bien au contraire !..

Bien évidemment, la classification de dictateur n'était pas à prendre au premier degré pour un certain nombre d'entre eux.
Sharon et Bush ont tous deux été démocratiquement élus (pour ce dernier, selon le mode de scrutin américain quand même, qui fait qu'on peut être élu Président en n'ayant pas la majorité des voix, ce qui pose tout de même question), mais ce que je cherchais à dire par là, c'est que :

- Pour Sharon, il a quand même été élu tout en faisant l'objet de nombreuses plaintes pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, notamment dans le cadre des massacres de Sabra et Chatilah. Dommage que Marcoroz, notre sioniste macrobio de service, n'est plus parmi nous pour commenter ce post, cela nous ferait encore du sport en perspective :)
Moi, ça me pose question, surtout pour un état qui justifie en grande partie son existence sur les crimes contre l'humanité dont son peuple a lui-même été victime.
De même, étant à droite de la droite israëlienne, il soutenait les colons et l'occupation de fait de régions appartenant historiquement à des pays voisins.

- Pour Bush, il s'agissait surtout de fustiger sa "dictature internationale", son impérialisme mondial et son interventionnisme fondé sur de fausses preuves. Quand le président du pays le plus puissant du monde est un crétin instrumentalisé par les va-t-en guerre, on voit ce que ça donne !

En ce qui concerne Sarkozy, évidemment il n'est pas du tout un dictateur (j'avais d'ailleurs largement incriminé ici [http] la campagne de calomnies qui avait à mon avis largement contribué à son triomphe en le victimisant aux yeux de beaucoup de français).
D'ailleurs, tu remarqueras que je n'ai même pas mis de petite cible rouge sur sa tronche, et qu'il ne fait pas partie du "programme" du dictatueur ("trop rigolo"... or, un dictateur n'est jamais rigolo). J'ai juste voulu brocarder ses détestables manières d'hyper-président, et sa fâcheuse propension, inédite sous la 5ème république, à occuper le terrain de telle manière qu'on a parfois l'impression que ses ministres sont fantoches... Or, c'est bien là un travers classique des dictateurs, c'est l'une des origines de son déclin dans l'opinion (même s'il n'a sûrement pas dit son dernier mot), et c'est un thème qu'on retrouve régulièrement chez les observateurs, et pas seulement ceux de gauche. Même si institutionnellement, il ne peut être question qu'il soit un dictateur (et même, au contraire, je rappelle que c'est lui qui a fait passer la limitation à 2 mandats présidentiels consécutifs), on ne peut pas non plus faire l'impasse sur le "ressenti" des gens : il y a le réel, mais il y a le perçu, et il n'est pas perçu pour rien non plus !
Et puis, je te le concède, c'était aussi l'occasion de me le faire tout court. Ce type est une calamité ambulante, je crois qu'il a cumulé à peu près toutes les conneries qu'il était humainement possible de faire en quatre ans. J'étais déjà bien mal disposé à son égard à l'origine avec, entre autres, ses frasques verbales à grands coups de karcher, de crocs de boucher et autres, pour moi indignes du premier représentant de mon pays, mais en plus il a mis, par l'intermédiaire de ses marionnettes successives Darcos et Chatel, l'école à feu et à sang, et cela JE NE LUI PARDONNERAI JAMAIS.
Sarkozy, casse-toi pauvre con, j'ai honte de toi. Point à la ligne.
En 2002, j'ai voté Chirac pour faire barrage à Le Pen. JAMAIS je ne voterai Sarkozy. Jamais. Plutôt crever. Même face à la fille du borgne.

Et sinon, merci pour ton éclairage sur l'Iran et Ahmadinejad, très utile, même si pas très rassurant. Car si en plus le peuple, et en particulier la jeunesse lui sont en grande partie acquis, le dictatueur va se trouver devant un mur !

 Brath-z , le 09/05/2011 à 16h53

Ah oui, j'ai lu à quelques mois/années de distance les interventions de Marcoroz. Ca m'avait bien fait rire. Dire que j'en connais une comme ça... Bref.
Je précise d'ailleurs que je fais partie de ces gens extrêmement radicaux qui dénie à Israël le droit d'exister en tant que "pays des juifs" (j'ai même voté en faveur de la "liste antisioniste" aux élections européennes de 2009... bon, plus par dépit et amusement qu'autre chose, d'accord). J'en parle d'ailleurs dans une note sur mon blog (où la publication est encore plus erratique qu'ici, mais j'ai l'excuse que mon nouvel ordinateur s'entend mal avec overblog). Et je tiens pour assuré qu'Ariel Sharon fut un criminel de guerre. Mais ça n'est malheureusement pas la première ni la dernière fois qu'un criminel de guerre est démocratiquement élu à la tête d'un pays, là comme ailleurs, et j'ai horreur de l'hystérie de certains exubérants toujours prompts à qualifier de "dictatorial" ou "tyrannique" voire "fasciste" tout ce qui vient d'Israël.

Pour ce qui est du mode de scrutin amérique-unien (mes amis canadiens, mexicains et vénézuéliens n'aiment pas qu'on utilise "américains" pour parler des citoyens des États-Unis d'Amérique), il est extrêmement complexe. En fait, et la constitution est claire sur ce point, les États-Unis d'Amérique sont une vraie fédération (pas comme l'Allemagne ou la Russie) : les structures fédérales ne dépendent QUE des états fédérés, et absolument pas des citoyens de ces états. Ainsi la "souveraineté fédérale" est-elle détenue dans la pratique par les gouverneurs des états, qui participent à l'élection du premier magistrat fédéral (le président) en nommant des électeurs (les journalistes français, pour la plupart incompétents, croient qu'il s'agit d'un scrutin à deux degrés et parlent de "grands électeurs", ce qui n'a rien à voir) dont le nombre pour chaque état est égal au nombre de représentants de cet état, c'est-à-dire le nombre de cantons + 2 (sénateurs). C'est là la seule contrainte fédérale existante. Le mode de désignation des électeurs varie suivant les états.
Ainsi, George Washington fut élu deux fois à l'unanimité... par un collège de 69 électeurs, étant donné qu'aucun état fédéré ne pratiquait de consultation populaire préalable à l'époque. Vers 1824, tous les états fédérés ont adopté la consultation populaire. Mais il y a bien des différences d'un état à l'autre dans l'application de ce principe, et elles subsistent aujourd'hui. Grosso-modo, il y a quatre méthodes :
- la méthode du "winner take all" pratiquée dans la plupart des états : le candidat qui a remporté la majorité (même relative) des suffrages dans un état "remporte" tous les électeurs de l'état (c'est-à-dire que chaque candidat - les modalités de reconnaissance d'un candidat changent selon les états - a déposé au préalable une liste d'électeurs auprès du gouverneur)
- la méthode de la "prime majoritaire" (Texas) : le candidat arrivé premier récolte la moitié des électeurs, la moitié restante étant partagée proportionnellement entre les candidats selon leur résultat (ainsi un candidat arrivé premier avec 35% des voix obtient 50% des électeurs + 35% des 50% restant, soit en tout 67,5% des électeurs)
- la méthode de la "proportionnelle avec seuil" (là, je n'ai plus d'exemple en tête... le Vermont, peut-être ?) : les électeurs sont distribués proportionnellement au résultat réalisé entre les candidats ayant fait plus de x% (généralement, le seuil est autour de 10%... c'est-à-dire qu'il n'y a souvent que deux candidats qualifiés)
- la méthodes des "caucuses" (là, ça change selon les années, et en plus certains cantons d'états ayant choisi une autre méthode l'adoptent ponctuellement !) : le choix des deux électeurs correspondant aux deux sénateurs est laissé à la discrétion du gouverneur de l'état, ceux correspondant à chacun des cantons étant choisis par les notables au cours de réunions publiques par consensus
Dans cet invraisemblable imbroglio, il est assez fréquent que le candidat élu n'ai pas recueilli la majorité des suffrages populaires (il me semble que Bill Clinton non plus ne l'avait pas obtenue en 1996). Lorsqu'il se produit un "incident" qui retarde le comptage des bulletins de vote (comme lors de l'élection de 1824 ou celle de 2000), les gouverneurs des états considérés sont en droit de choisir eux-même sans tenir compte du résultat de la consultation populaire (qui n'est pas certain, de toutes façons) les électeurs qu'ils envoient au collège. Donc le frère cadet de George W. Bush, gouverneur de Floride, fut tout à fait légitime à choisir les électeurs sans attendre le recomptage des voix. N'est-ce pas un superbe système ?

Pour ce qui est de Sarkozy, j'y suis comme toi tout à fait opposé. Faut dire que je viens d'une famille de tradition catholico-communiste, donc bon, ce ne sont pas mes valeurs.
En 2002, j'ai incité ma grand-mère (électrice déçue de Robert Hue) à voter Chirac au second tour au prétexte que "si Lepen fait 20% et Chirac 19%, c'est le borgne qui est élu". Rétrospectivement, je pense que c'était une erreur, étant donné que le résultat de second tour de J.-M. Lepen était inférieur au résultat de premier tour de J. Chirac (5 525 906 voix contre 5 665 855, d'après [http], l'excellent site du non-moins excellent Laurent de Boissieu, à mon humble avis le meilleur analyste politique de France, injustement méconnu). Mais bien sur, à l'époque, on ne pouvait pas le prévoir.
En tous cas, je ne voterai pas Sarkozy même contre la fille Lepen. Peut-être même que je voterai pour cette dernière dans cette configuration, juste pour éviter à Naboléon Ier (désolé pour ce jeu de mot éculé) le plaisir d'un plébiscite à 82%.

Pour ce qui est de l'Iran, je trouve assez réjouissant que le vote ne soit pas orienté par des considérations religieuses (la "secte" mahdiste à laquelle appartient Ahmadinedjad ne représente pas 20% des chiites duodécimains, qui forment 90% de la population iranienne) ni ethnique (cf. les "analyses" politiques de Marianne de l'été 2009, qui reposaient sur l'idée selon laquelle les populations azeris, presque un tiers des iraniens, auraient dû voter pour un des leur - Mir-Hussein Mossavi) mais que ce sont bien des phénomènes de lutte des classes ("bourgeoisie rurale", paysannerie, prolétariat péri-urbain et petit clergé des villages contre "bourgeoisie urbaine", "marché de Téhéran" et haut-clergé de Qom) et de programme politique (protectionnisme, programmes sociaux "populistes", développement agricole intensif contre libéralisation du secteur pétrolier et "insertion" sur le marché mondial) qui ont déterminé les choix des électeurs. Après, on peut regretter l'extrémisme d'Ahmadinedjad sur certains points (notamment son probable antisémitisme... qui ne l'a pas empêché de bénéficier pendant la campagne de 2009 du soutien officiel de la communauté juive, qui dispose de représentants dédiés dans les structures du régime, comme toutes les "minorités religieuses" - juifs, chrétiens et zoroastriens - sauf les Ba'ahis, seule minorité persécutée en Iran). Mais par rapport à la Côte d'Ivoire, l'Afghanistan et l'Irak, où le vote est largement le reflet de l'appartenance ethnico-religieuse, je trouve que c'est plutôt rassurant.

 draleuq , le 09/05/2011 à 18h17

Je me souviens effectivement avoir lu ton article anti-sioniste, il y a un bout de temps maintenant, et m'être fait la réflexion que Marcoroz ne manquerait pas non plus de te traiter d'imbécile et de crétin, et de te dire ensuite que c'est toi qui as commencé à lui manquer de respect ;)

Catholico-communiste, ma foi ça fait un mélange plutôt surprenant et pour le moins inhabituel, mais quand on va au fond des choses, on se dit que ça se complète bien !

Quant à moi, si jamais (Dieu ou Diable ou chais pas quoi nous en préserve !) Sarko se retrouve face à Marine au second tour l'an prochain, je ne vais pas jusqu'à dire que je voterai Marine, faut pas trop m'en demander non plus ! Mais je voterai blanc, c'est sûr (j'ai d'ailleurs signé une pétition y'a pas longtemps pour la prise en compte du vote nul séparément des abstentions). Et tant pis pour le plébiscite à 80%, de toute façon personne ne serait dupe, tout comme personne n'a été dupe en 2002.

Merci pour ton éclairage très intéressant sur le système électoral américain. J'ai pourtant suivi de près la dernière élection américaine (presque de plus près que l'élection française), mais comme tu l'as souligné, les journalistes sont souvent des ignares, et pour ma part j'ai toujours cru que le "winner take all" s'appliquait partout. D'ailleurs cela seul suffisait à expliquer, en réfléchissant un tout petit peu, comment un Président pouvait être élu sans avoir la majorité des voix des citoyens.
A mon sens, le fait que la consultation des citoyens puisse être ignorée ou contournée explique peut-être aussi pourquoi les minorités pauvres ne se déplacent généralement pas pour voter (en tous cas pas tant que les deux candidats sont blancs), même pour éviter une réelection de l'autre taré de Bush en 2004...

Enfin, avec tes nouvelles précisions sur l'Iran, je me rends compte que j'ai peut-être visé juste quand j'ai fait parler mon "dictatueur" imaginaire : Ahmadinejad, celui que Bush tenait pour le grand chef de l'Axe du Mal, serait-il finalement le moins tyran du lot ?

 Brath-z , le 09/05/2011 à 20h49

Pour la branche bretonne de ma famille (en fait bretonno-limougeote, mais ça n'a pas grande importance), la catholicité est une condition présente indépendamment des opinions politiques. Mais c'est vrai que le communisme et le catholicisme se complètent plutôt bien. En tous cas, j'imagine bien la scène : au sortir de la messe, la famille va en rang voter Jacques Duclos ou Georges Marchais.

Pour le système électoral, je n'ai fait qu'une esquisse. En fait, tout ce qu'il faut retenir, c'est que seuls les "electors" nommés par les gouverneurs des états (qui, eux, détiennent leur pouvoir directement du peuple à travers des élections libres et démocratiques irréprochables, malgré certaines grosses rigolades comme la première élection de Schwarzeneger en Californie... heureusement il s'est rattrapé depuis et a bien mérité sa réélection !) peuvent élire le président des États-Unis d'Amérique, et que leur mode de désignation dépend à 100% de la loi des états fédérés... donc que dans l'absolu, il y a 50 modes de désignation des "electors", dans lesquels les "voters" (le citoyen lambda) peut ou non être impliqué.

Quant à Ahmadinedjad, disons qu'il est dans la norme des présidents iranien. Il ne faut pas oublier que ce n'est que le numéro 2 voire le numéro 3 du régime (même si une grande majorité des Iraniens aimeraient que le président devienne le premier personnage de l'état), et que pour un "conservateur" ou un "réactionnaire" (ça, c'est la dénomination de nos chers journaleux... les gens plus informés parlent plutôt d'un nationaliste iranien et islamiste révolutionnaire) il a opéré des réformes étonnamment "progressistes" aux yeux de Libé, comme la permission pour les femmes d'aller dans les stades sans être accompagnées, la nomination de trois ministres femmes (une seule a été confirmée par l'assemblée), etc.
En 2009, juste après son élection, il y a eu un important conflit entre lui et les instances de la révolution islamique, qui portait notamment sur la question des nominations, vu qu'Ahmadinedjad refusait de nommer des hommes de l'oligarchie pseudo-religieuse qui gouverne le pays pour leur préférer ceux de l'oligarchie pasdaran (les vétérans de la guerre contre l'Irak) et des fidèles à sa personne (la norme étant que les fidèles soient cooptés dans les instances régionales pour garantir la réélection, et les "hommes d'état" de l'oligarchie au gouvernement pour être sûr qu'il n'y aura pas de déviation dans la ligne), ce qui aurait pu être le prélude à la fin de la révolution. Finalement, Khamenei comme Ahmadinedjad ont dû trancher la poire en deux, et le gouvernement compte à peu près 50% de dignitaires du régime et 50% de fidèles d'Ahmadinedjad, et ils se sont mis semble-t-il d'accord sur la personne de Larijani (candidat malheureux en 2005, dont la ligne conservatrice-islamiste ferait passer Ahmadinedjad comme un droitdel'hommiste émule de BHL) pour être le prochain président. A moins que le très populaire Ghalibaf n'arrive à percer ou que Khatami (resté très populaire malgré la corruption) risque une nouvelle candidature, c'est joué d'avance.

 draleuq , le 02/11/2011 à 14h15

Et un de plus pour le palmarès du dictatueur : Khadafi is down.
L'OTAN peut donc mettre fin à sa mission, fière du devoir accompli : le CNT vient de faire savoir que "la source principale d'inspiration de la Loi dans la Libye de l'après Khadafi sera la Charia"... C'est pour saluer cette nouvelle, ainsi que la nouvelle de la victoire des islamistes aux premières élections libres en Tunisie, que Charlie Hebdo a fait de Mahomet le rédacteur en chef d'un numéro spécial, ce qui a occasionné le piratage de leur site web (remplacé pour l'occasion par une photo de La Mecque), et l'attaque du siège de leur rédaction à coups de cocktail molotov.
"Au printemps arabe, tu te laisseras pousser la barbe", telle pourrait donc être la triste conclusion de ce "formidable élan démocratique" (ah ! ah ! ah ! J'en ris encore...)

 draleuq , le 11/01/2014 à 19h34

Même quand on continue à arroser les légumes, ils finissent par crever tous seuls. Sharon est parti rendre visite à Charon.

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