Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

Je suis
fait comme
un rat !
C'est ce qu'on dit
De temps en temps, l'envie décroche irrémédiablement l'intelligence. Ainsi, la mort s'amenuise en atteignant les cieux de l'individualisme
Ploton ::
Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

18 Février 2011 ::

« C'est grave docteur ? - 1ère partie »

:: Baratin

Ce billet fait partie d'une série qui en comporte quatre :

1. C'est grave docteur ? - 1ère partie
2. C'est grave docteur ? - 2ème partie
3. C'est grave docteur ? - 3ème partie
4. C'est grave docteur ? - 4ème partie


Sortant à peine des affres d'une GEA (c'est ce qu'il y a de marqué sur mon arrêt de travail, et je me suis demandé un moment ce que ça voulait dire, avant de comprendre que non, ce n'était pas le dernier fusil d'assaut de la firme Heckler & Koch, mais bien une Gastro-Entérite Aiguë), je me suis souvenu de ce petit feuilleton...

Vie de couple par procuration téléphonique

A cette époque-là, je tentais désespérément d’accorder mes violons avec une jeune médecin que nous nommerons Samira. Elle habitait loin (à moins que ce ne fût moi) et nous ne nous voyions pas plus d’une fois par mois en moyenne, et pour quelques jours.

Pourtant, elle m’imposait quotidiennement de longues conversations téléphoniques, histoire de faire « couple qui communique », conversations qui commençaient déjà sérieusement à me peser à l’époque, d’autant qu’il était essentiellement question de ses patients du jour.

Or, même si ma culture médicale était loin d’être complètement nulle, comme elle le disait fréquemment (c’est d’ailleurs un des seuls compliments dont je peux me souvenir), ça finissait quand même par devenir rengaine, surtout quand ça durait trois plombes.

Un cas unique dans les annales de la science : une appendicite infligée par téléphone !

Ce soir-là – c’était un dimanche, je m’en souviens fort bien – elle m’expliquait qu’elle avait diagnostiqué trois appendicites dans la journée, qu’après avoir appelé le chirurgien, on lui avait donné confirmation qu’elle ne s’était pas trompée, et que, décidément, qu’est-ce qu’il pouvait y avoir comme appendicites en ce moment, c’est pas croyable, la veille et l’avant-veille c’était déjà pareil !

Au détour d’une de ses phrases, alors que je l’écoutais patiemment en rongeant mon frein, debout et accoudé sur la télévision, je fus pris d’une légère nausée accompagnée d’un vertige.

J’ai cru qu’elle avait fini par m’incommoder avec son monologue médical. Je lui fis part du fait que je ne me sentais pas très bien, ce qui était vrai, et je pris congé pour aller aussitôt me coucher sans dîner, en me disant que le lendemain ça irait beaucoup mieux.

Vomira, vomira pas ?

Cette dernière pensée pré nocturne, comme beaucoup de mes pensées, qu’elles soient pré ou post nocturnes ou pré ou post diurnes, fut une funeste erreur de jugement. Hélas, je ne suis qu’un Homme. Pire que ça, je ne suis qu’un homme.
Aussi, loin de trouver le soulagement, je fus au contraire assailli de douleurs abdominales assez désagréables, de nausées et d’autres phénomènes digestifs sur lesquels je ne m’étendrai pas par respect pour les rares lecteurs de ces lignes ineptes. En tous cas, impossible de dormir.

Plus ou moins accoutumé aux désagréments de la tristement célèbre gastro-entérite (le moins souvent possible, mais comme chacun sait, on ne choisit pas), j’attribuai ces symptômes somme toute assez banaux à un tel virus, ou à une indigestion, tant il est vrai que ce n’était pas la saison de la gastro-entérite.
Mais je ne fermai pas l’œil de la nuit. Pas une heure, pas même une minute d’accalmie. « Voilà une gastro-entérite particulièrement couillue ! », me disais-je, hagard.

Vers 8 h 30 du matin, je devais me résoudre à appeler le travail pour leur dire qu’il ne fallait pas compter sur moi ce matin. Je pensais encore, alors, que ça allait enfin se calmer et que j’allais pouvoir un peu dormir dans la matinée, d’autant que j’avais dû absorber tous les Doliprane et Spasfon humainement possibles. Que nenni !

Allons allons, un gars robuste comme vous dans les pommes !?

Les heures passaient, et Morphée me refusait obstinément ses bras, ce sans-cœur !
A la fin de la matinée, je commençai enfin à me dire qu’il y avait anguille sous roche, et même, on peut le dire, petite fleur bleue sous tas de fumier. Je m’extirpai de mon pieu et traînai ma fièvre jusqu’au téléphone.

Oooooh putain, ça tourne…
Oooooooooh putain, je vais tomber…
Ooooooooooooooh putain, vite, s’asseoir…

Un instant plus tard, la lumière se rallume. J’accomplis mon intention initiale et téléphone à mon médecin traitant, ou plutôt à son aimable secrétaire filtreuse. J’obtiens un rendez-vous pour la soirée, en insistant un peu quand même. J’ai pas assez de pêche pour me battre contre elle et lui suggérer que c’est peut-être une urgence. Et pis je vais quand même pas appeler le SAMU !

Je regagnai donc mon lit et regardais ensuite passer les minutes, longues, très longues. Obligé une fois encore d’aller en certains lieux, je remarquai que la douleur s’était déportée, mais nettement. Une heure avant encore, ça diffusait à partir du creux de l’estomac, et là, ça avait bougé de 15 cm vers en bas à droite, comme si la bestiole qui me vrillait le bide avait brutalement décidé de déménager. Marcher complètement déplié était insupportable, il me fallait me pencher en avant, légèrement vers la droite.
Oh oh !

Au s’cours Môman !

Que faire dans ces cas-là ? Attendre jusqu’au soir ? Quand bien même je l’aurais fait, je n’étais pas sûr d’être apte à conduire.
Je n’avais plus qu’une solution, malgré mes 30 balais bien sonnés, appeler Maman à la rescousse !
« Allô Maman ? Euh, tu peux venir pour m’emmener chez le toubib ? Je suis plié en deux depuis hier soir et tu sais quoi ? Je crois bien que j’ai l’appendicite ! Fun, non ? »

Transportée par son atavique instinct, elle jaillit chez moi un quart d’heure plus tard. Le médecin consentit à ne pas attendre 18 h 00. Après un bref examen, tomba la sentence :
- C’est grave, Docteur ?
- Oh ça, mon brave, l’autopsie vous le dira ![1]
En attendant, il faut vous faire hospitaliser. Vous préférez l’hôpital ou la clinique ?
- Euh ? Que me conseillez-vous ?
- Eh bien, si vous allez à l’hôpital, vous irez aux urgences, ils vous prendront quand ils pourront. Si vous allez à la clinique, j’appelle le chirurgien tout de suite et il vous recevra en arrivant.
- Euh… La clinique alors.

copyrat draleuq 2007
_________________________________
1. Je ne suis plus très sûr de l’authenticité de cette phrase. J’avais de la fièvre, voyez-vous.

draleuq, 15h19 :: :: :: [1 poignant panégyrique]

:: COMMENTAIRES

 finipe , le 18/02/2011 à 18h20

Mmmhh... et gastro-entérite aiguë, ça veut dire que quand tu vas aux chiottes ça fait des ultrasons ?

Désolé, je suis fatigué :)

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