Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

Patience et longueur de temps
Pauvre
tocard...
Malheureusement, la Femme assassine parfaitement le respect. Ce faisant, l'Histoire s'oublie en rampant depuis l'au-delà de l'indifférence
Sacrote ::
Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

17 Décembre 2011 ::

« On a tout essayé - 2 : l'alerte chimique »

:: Professorat

Comme je l’ai déjà expliqué ici par le passé, j’ai l’immense avantage de vivre et de travailler dans « l’aire d’effet » de plusieurs usines Seveso 2, même qu’il y en a une, je crois que si Seveso 3 ça existait, ben elle serait Seveso 3 !

Submergés ces derniers temps par les facéties de notre ben aimé ministre de l’Education nationale (le soutien, les nouveaux programmes par exemple et par hasard), nous n’avions pas encore eu le temps de mettre en place le plan de confinement définitif et de procéder à un exercice grandeur nature. Il faut dire que c’est avec empressement que nous attendons le moment béni où nous pourrons enfin faire converger plus d’une centaine de farfadets dans un même lieu dépourvu de toilettes, les y occuper pendant plus d’une heure sans avoir le droit de sortir, grimper sur des escabeaux pour scotcher tous les bords des portes et des fenêtres !


Victime de la catastrophe de Seveso, en 1976. Si l'on veut faire contre mauvaise fortune bon coeur, il convient d'ajouter qu'habiter dans un tel secteur peut avoir son intérêt lorsque viennent les premières amours juvéniles :
"- Ah non, beûrk, je ne pourrai jamais sortir avec toi, t'es plein d'acné !
- C'est même pas vrai ! C'est parce que j'habitais dans une zone Seveso 2. C'est de la discrimination !
- Bon, OK, mais alors tu te mets un sac à patates sur la tête !"


Grâce à Dieu (merci à Lui encore une fois… ou à Elle. Il serait bon en effet que la parité pénètre elle aussi le domaine spirituel), le Destin s’est chargé de nous forcer la main.
Car alors que la récréation allait bientôt sonner l’autre matin, c’est une autre sonnerie qui a retenti alors que je tapais nonchalamment un courrier sur l’ordinateur de mon bureau moisi.
Je réfléchis alors un instant : cela ne pouvait pas être l’alarme du premier mercredi de chaque mois, on n’était ni mercredi, ni au début du mois. Aucune fausse alerte n’était prévue. J’écoutais attentivement : il s’agissait bien d’une sirène montante et descendante, dite aussi intermittente. Dès lors, un seul commentaire s’imposait :
- Et merde !
Je commençais alors à faire le tour des classes en courant, leur ordonnant de se confiner dans leur pièce jusqu’à nouvel ordre. Mais l’école est grande… Aussi, la sonnerie de la récré retentit avant que j’aie eu le temps de parvenir aux classes de CP qui commencèrent à se précipiter dans la cour en hurlant. Un seul commentaire s’imposait, dès lors :
- Et meeeeeeeeerde !
Je les fis refluer et les renvoyai dans leurs classes du mieux que je pouvais, faisant écouter l’alarme à ceux qui me contemplaient d’un air incrédule. Les instits, enfin au courant, vinrent m’aider.
Alors que l’alerte ne cessait pas, je téléphonais à l’inspection, au bord d’une détresse respiratoire qui ne viendrait ni du chlore ni de l’ammoniaque, mais de mon manque d’entraînement au 400 m.
- Je ne suis au courant de rien et je n’ai rien entendu ! me dit mon correspondant. Je me renseigne et je te rappelle.
Pendant ce temps, je voyais les badauds se promener dehors, les petits vieux sortant de la supérette avec leur cabas rempli de victuailles, comme si de rien n’était. De l’autre côté, trois instits parcouraient la cour en tous sens, l’air inquiet. Je m’enquis de la raison de cette sortie :
- On a perdu deux CP !
Un seul commentaire me vint à la bouche :
- Et re-re-merde !
Je leur prêtai main forte, sans succès, jusqu’à ce que, environ un quart d’heure plus tard, le téléphone sonne :
- Oui, donc je me suis renseigné, et en fait c’est l’usine Sapulamor qui faisait un exercice de confinement ce matin. La mairie n’a pas eu l’information suffisamment vite pour la communiquer aux écoles. Par contre, cet incident m’interroge : aucune des trois écoles les plus proches de Sapulamor n’a réagi. La seule autre école qui a appelé est l’école Machin, située encore plus loin de l’usine que vous, et eux, ils ont cru à une alerte incendie, donc ils ont fait sortir tous les gosses dans la cour !
- T’inquiète pas, lui répondis-je, y’a pas que les écoles qui devraient se poser des questions. Dans la rue, les gens continuent à déambuler comme si de rien n’était, et je parierais sur le fait qu’ils n’étaient pas au courant non plus de la fausse alerte.

J’ai eu l’occasion de rediscuter de cette petite mésaventure avec des gens qui travaillaient au collège ou au lycée, et qui ont entendu l’alerte eux aussi. Ils n’ont rien fait non plus, car, disent-ils, ils n’ont aucune information ni aucune consigne sur ce genre d’alerte, à l’instar du quidam civil moyen. Tout se passe donc comme si seule la vie des gamins de moins de onze ans était importante, les autres peuvent crever. Et gageons que si cette alerte n’avait pas été fausse, ils auraient été quelques milliers à crever.

Franchement, quand je vois les élèves que j’ai cette année, je trouve que ce genre de priorité est discutable.

PS : Pour la petite histoire, les deux CP étaient rentrés se réfugier dans une autre classe, dont l'instit avait son téléphone portable en panne de batterie. Et re-re-re-m...


A la prochaine fausse alerte, ça ne se passera pas comme ça ! Je ferai appel à Cindy'lee, du "Parti du Plaisir", qui s'est présentée aux municipales de Paris face à Jean Tibéri, et qui viendra faire une de ses "actions militantes" ! Sûr que cette fois, ça ne passera pas inaperçu...

Copyrat draleuq 2008

draleuq, 11h02 :: :: :: [0 commentaire désobligeant]

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