Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

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De plus en plus, l'ignorance répand amoureusement la religion. Ainsi, l'amour s'amenuise, se précipitant vers le silence de l'imagination
Lao Meuh ::
Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

17 Juin 2012 ::

« L'épopée des sister ships Bismarck & Tirpitz - 1 »

:: Histoire contemporaine, 1941

Ce billet fait partie d'un sujet qui en comporte 4 :
1. L'épopée des sister ships Bismarck & Tirpitz - 1
2. L'épopée des sister ships Bismarck & Tirpitz - 2
3. L'épopée des sister ships Bismarck & Tirpitz - 3
4. L'épopée des sister ships Bismarck & Tirpitz - 4


Le monstre des mers

Le DKM Bismarck, lancé en 1940, est le plus imposant mastodonte qui ait jamais navigué. Aussi long que le Titanic mais plus large, il a une puissance de feu colossale (dont 8 canons couplés de 380 mm ultra modernes à l’époque), fend les eaux à plus de 30 nœuds, et possède un blindage sans équivalent, qui va par endroits jusqu’à 36 cm d’épaisseur. On le dit impossible à couler.
Il appareille le 18 mai 1941, du port de Kiel sur la mer baltique, accompagné du croiseur lourd Prinz Eugen. Leur mission : pénétrer dans l’Atlantique Nord pour aller détruire les convois de cargos de ravitaillement britanniques en provenance d’Amérique du Nord.
A bord, outre le capitaine de vaisseau Lindemann qui commande le cuirassé depuis son lancement un an plus tôt, on trouve rien moins que l’Amiral Lütjens, chef de flotte de la Kriegsmarine. Au début de l’année 1941, il s’était déjà distingué en envoyant par le fond 115 000 tonnes de ravitaillement allié dans l’Atlantique, à la tête d’une flottille constituée des croiseurs de bataille Scharnhorst et Gneisenau, autres célèbres « sister ships » de la marine Allemande.


Der KriegsMarine Bismarck, le géant des mers


Toujours bien informés, les britanniques sont très rapidement au courant de la sortie du Bismarck. Il est repéré par des espions lorsqu’il passe entre la pointe sud de la Suède et la pointe nord du Danemark, puis à nouveau au port de Bergen, en Norvège, deux jours plus tard. Dès lors, deux navires anglais, les HMS Suffolk et Norfolk, le suivent à distance respectable, informant le haut commandement britannique de sa position et de son cap en temps réel.


Her Majesty Ship Norfolk (photo de 1944)


L’engagement du détroit du Danemark

Le 22 mai au soir, les Croiseurs lourds HMS Hood et Prince of Wales reçoivent l’ordre d’appareiller de la base de Scapa Flow, dans les Iles Orcades au Nord de l’Ecosse. Informés que le Bismarck et le Prinz Eugen contournent l’Islande par le Nord pour entrer dans l’Atlantique, les deux navires vont à leur rencontre. Celle-ci aura lieu à la sortie du Détroit du Danemark, entre l’Islande et le Groënland, le 24 mai à l’aube.


HMS Hood (photo de 1932)



HMS Prince of Wales (photo de 1941)


Le sort du Hood sera terrible : à la première salve de canons du Bismarck, un obus de 380 le touche en plein dans la soute à munitions. Le croiseur lourd se disloque dans un fracas épouvantable, dégageant un nuage de fumée qui monte jusqu’à plusieurs centaines de mètres de haut. Il coule en 2 mn, entraînant dans la mort 1416 de ses 1419 marins.


L'explosion du Hood, vue du Prinz Eugen



"Sinking of HMS Hood", tableau de J.C. Schmitz-Westerholt


Quant au Prince of Wales, beaucoup plus récent que le Hood bien qu’inachevé, il se retrouve très vite en grande difficulté face au géant des mers. Touché 7 fois (3 par le Prinz Eugen, 4 par le Bismarck), il n’a bientôt plus qu’un seul canon en état de fonctionner. Son commandant décide sagement de rompre le combat et de fuir derrière un écran de fumée. Il a toutefois réussi à toucher le Bismarck par trois fois, provoquant notamment une voie d’eau dans un réservoir de mazout.


Le Bismarck tirant sur le Prince of Wales, vu du Prinz Eugen.
Admirez la taille des jets de fumée...


La nouvelle de la perte du Hood parvient bientôt en Angleterre. L’opinion publique est durement choquée, non seulement à cause de la fin atroce du navire et de ses occupants, mais également parce que le Hood était un symbole pour le Royaume de sa Majesté.

Lancé en 1918, il n’avait pas participé à la première guerre mondiale, mais s’était imposé comme le navire de représentation de la puissance coloniale britannique dans l’entre deux guerres. C’est en effet souvent à son bord qu’on avait vu voyager les politiciens anglais aux quatre coins du globe. Le Hood était d’ailleurs longtemps resté le plus gros bateau de guerre du monde. Depuis le début de la deuxième guerre mondiale, bien que l’amirauté britannique fût consciente de la faiblesse de son blindage en regard des armements les plus modernes, elle n’avait pas épargné le Hood qui avait notamment participé à la destruction de la flotte française à Mers-el-Kébir.

Humilié par la perte du Hood et conscient de la nécessité de laver cet affront, ne serait-ce que pour l’opinion publique, le premier ministre Winston Churchill donne à l’Amirauté britannique un ordre qui est resté célèbre : « Coulez le Bismarck ! »
A la Home Fleet, l'Amiral Tovey reçut parfaitement le message. Pendant trois jours, toute l’armada navale et aéronavale britannique allait se consacrer à cet unique objectif.

De son côté, le DKM Prinz Eugen se sépare du Bismarck et se dirige droit vers Brest, par choix tactique semble-t-il.

LE DESTIN DU PRINCE OF WALES


Après sa mésaventure du Détroit du Danemark, le capitaine du Prince of Wales, John Leach, essuya, avec l'Amiral qui commandait les HMS Suffolk et Norfolk, les critiques les plus injustes. On voulait les envoyer en cour martiale pour la perte du Hood contre laquelle ils n'avaient soi disant rien fait.
Mais le sage Amiral Tovey s'opposa à cette vindicte, sachant très bien que Leach, étant donné l'état de son navire, avait fait le bon choix en prenant la fuite. Le capitaine conserva donc son commandement.

En août 1941, le Prince of Wales eut l'insigne honneur de transporter la personne du premier ministre de sa Majesté, Sir Winston Churchill, jusqu'à Argentia, à Terre-Neuve, où eut lieu la Conférence de l'Atlantique avec le président des U.S.A., Franklin Roosevelt, qui pourtant n'était pas encore en guerre contre l'Axe.
L'URSS, qui venait juste de subir l'agression de l'Allemagne nazie, était également invitée, mais resta sourde, du moins pour le moment, à cette invitation.
"L'Atlantic Charter Conference", qui dura plus de trois semaines, définit une vision commune du monde après-guerre, et qualifia les pays de l'Axe "d'ennemis de la liberté". Elle fut signée le 14 août à bord de l'USS Augusta. Le 24 septembre suivant, à Londres, 10 autres pays adhérèrent à ses principes, parmi lesquels la France Libre.


Le HMS Prince of Wales dans la rade d'Argentia, à Terre-Neuve



L'office religieux à bord du Prince of Wales



Roosevelt et Churchill assistant au même office religieux


Fin 1941, pour réagir à l'invasion de l'Indochine Française par l'Empire du Japon, le Royaume-Uni envoie une flottille de navires de guerre à Singapour, la force Z. Le Prince of Wales en fait partie. Le 8 décembre 1941, lendemain de l'attaque de Pearl Harbour, il appareille pour la Malaisie, en compagnie d'un autre croiseur lourd, plus ancien, vétéran de la première guerre mondiale, le HMS Repulse.


Le Prince of Wales quittant Singapour


Le 10 décembre, à Kuantan, dans le sud de la Mer de Chine, les deux navires sont attaqués par 86 bombardiers et avions torpilleurs nippons décollés de Saïgon. Dépourvus de couverture aérienne, les navires britanniques n'ont aucune chance.
327 marins sur les 1612 que comprend le Prince of Wales périront dans le naufrage, parmi lesquels l'Amiral Philips, commandant de la force Z, et le capitaine John C. Leach, qui décide de quitter le dernier son navire en perdition, ce qui lui sera fatal. Son fils, marin aussi, s'illustrera durant la guerre des Malouines, en 1982.
Le Repulse subira un sort pire encore. Il coulera en 6 mn, emportant 513 marins dans la mort, sur 1200.


Au fond, le Prince of Wales, et juste devant lui, le Repulse, tous deux en perdition pendant le raid japonais.



A gauche : Photo aérienne de l'aviation japonaise. En haut, le Prince of Wales brûle. En bas, le Repulse vient d'être touché à son tour, pendant que plusieurs autres bombes l'encadrent (les impacts sont les ronds blancs)
A droite : la cloche du Prince of Wales, remontée en 2002. Aujourd'hui, elle se trouve au musée maritime de Liverpool.



Sauvetage des survivants du Prince of Wales, par le destroyer HMS Express.



LE DESTIN DU PRINZ EUGEN


Contrairement au Bismarck, le Prinz Eugen réussit à gagner Brest sans encombre.

En février 1942, avec les croiseurs lourds Scharnhorst et Gneisenau et une flottille de destroyers, il parvint à forcer le blocus britannique de la mer du nord pour rentrer en Allemagne, un véritable exploit.

Par la suite, il fut déployé en baltique et dans les fjords norvégiens, mais ne participa pas à d'autre action d'envergure.

Il fut capturé à quai à Copenhague par les alliés sans avoir eu le temps d'être sabordé, et fut attribué à l'US Navy.


Photo du Prinz Eugen, prise par l'US Navy en 1946


Lors d'un voyage vers Pearl Harbour, il subit une avarie. De ce fait, il fut tracté par des remorqueurs jusqu'à l'atoll de Bikini, le site de l'opération Crossroads qui consistait à effectuer des tirs de bombes nucléaires pour en mesurer l'effet sur des navires disposés à différentes distances de la détonation.

La première bombe, Able, explosa le 1er juillet 1946 à 158 m. d'altitude et détruisit 5 navires. La seconde, Baker, explosa le 26 juillet à 27 m. sous le niveau de la mer et détruisit 8 navires, mais en endommagea de nombreux autres.


Opération Crossroads : "Baker", le 26 juillet 1946.
On distingue des bateaux dans l'onde de choc.
L'explosion formera des tsunamis de plus de 30 m. de haut.


Le Prinz Eugen survécut aux deux détonations, bien qu'ayant subi des dégâts à la poupe. Il fut remorqué à l'atoll de Kwajalein, dans les îles Marshall, où il finit par se remplir lentement par l'arrière. Hautement irradié et trop difficile à décontaminer, on préféra le laissa couler en décembre 1946.

draleuq, 20h25 :: :: :: [0 pleurnicherie]

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