Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

Le boulot,
ça me
réussit pas
Hips !
Burp...
De temps en temps, l'ignorance écrase irrémédiablement la morale, tant et si bien que la sagesse s'enfuit en courant vers les cieux des sens
Cornille ::
Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

23 Mai 2012 ::

« Brigade Spéciale de Répression de l'Ecole Buissonnière - 3 »

:: Professorat

Ce billet fait partie d'un sujet qui en comporte quatre :
1. Brigade Spéciale de Répression de l'Ecole Buissonnière - 1
2. Brigade Spéciale de Répression de l'Ecole Buissonnière - 2
3. Brigade Spéciale de Répression de l'Ecole Buissonnière - 3
4. Brigade Spéciale de Répression de l'Ecole Buissonnière - 4


On dit d'un fleuve emportant tout qu'il est violent, mais on ne dit jamais rien de la violence des rives qui l'enserrent.

Bertholt Brecht


Ladies and gentlemen, après cette pause publicitaire, vous ne serez pas fâchés de retrouver votre série favorite sur les exploits de la Brigade Spéciale de Répression de l’Ecole Buissonnière.
L’épisode d’aujourd’hui est, en quelque sorte, un épisode hors série, qui vous fera visiter les méandres glauques et les tractations occultes de ce tristement célèbre organe politico véreux intitulé « Conseil de Sécurité d’Ecole ». Mais je ne vous ferai pas saliver plus longtemps !


Damned, vlà les bœufs carottes !

Ç’avait donc été une affaire rondement menée que cette histoire de chasse à l’élève resquilleur. Comme aiment à dire les inspecteurs (parfois), c’était tout à l’honneur du service public que d’avoir si brillamment expédié cette enquête.
Mais je ne me doutais pas, alors, que cette affaire allait être fourbement exploitée par les bœufs carottes, et récupérée par des politiciens peu scrupuleux.

Quelques semaines après, en effet, devait se tenir le conseil d’école, où siègent, outre ma modeste personne, les enseignants, les élus (là bas, à gauche, dans les chaises vides, c’est là qu’ils devraient être), et surtout, surtout, les très respectés et respectables représentants de parents d’élèves, candidats uniques élus à l’unanimité moins tous ceux qui n’ont toujours pas compris que c’est un scrutin par liste et qu’ils n’ont pas le droit de rayer ou d’entourer des noms. Bref.
Ces parents ont essentiellement un rôle de transmission de message et un rôle consultatif, de même qu’un rôle de pression sur les municipalités pour obtenir moyens et sécurité matérielle quand ils manquent, ce qui est très bien.. En aucun cas ils ne peuvent influer sur les projets pédagogiques ou la méthode d’apprentissage, c’est ce qui fait précisément la différence, entre autres, avec l’école privée et son O.G.E.C. (ne croyez pas que je les insulte, au contraire je les plains : j’ai un pote qui a abandonné son poste de directeur d’une école privée car il ne supportait plus le diktat de son président d’O.G.E.C., un routier qui passait son temps, quand il n’était pas en déplacement, à venir lui pourrir sa life avec ses idées pédagogiques de génie.)
C’est comme ça, c’est la Loi, et je n’hésite pas à dire que je m’en félicite chaudement, car quand on entend parfois le discours des parents les « plus actifs » au sein du Conseil d’Ecole, je ne me verrais pas avoir à composer avec cette engeance.

Pour autant, certains s’en ulcèrent. Ils sont la plupart du temps minoritaires, au sein d’une équipée de gens plutôt compréhensifs et disposés à aller dans le même sens que les profs. Mais il n’en demeure pas moins qu’une minorité suffit souvent à nous les hacher menues menues. En ce moment, il s’agit de trois gros relous, trois esprits chagrins du genre à faire une tempête dans un verre d’eau. Ils ont la fâcheuse habitude de nous expliquer, l’air de rien, comment il faudrait qu’on fasse notre boulot. L’un d’eux, en particulier, n’a jamais été vu souriant à quiconque, et ne parlons même pas de rire (un pari est d’ailleurs lancé à celui qui réussira à le faire sourire dans un conseil d’école, mais l’utopie est criante). Quand il arrive le matin, conduisant son gosse à l’école, habillé comme pour le réveillon de la St Sylvestre, il ne regarde personne et ne dit bonjour à personne.
Ne les connaissant pas, en particulier lui, n’importe qui se dirait que ces gars-là doivent travailler dans le privé, à des postes à responsabilités, et faire partie de cette élite laborieuse qui n’a pas attendu Sarkozy pour travailler plus et gagner plus. A priori, ce sont eux qui méprisent le plus ces enc… (non, ils ne disent pas ces mots-là) bons à rien de fonctionnaires surpayés et engraissés par leurs impôts à eux, les vrais bosseurs, et qui se piquent en plus d’être tout le temps en grève et de se refuser à faire garderie pour leurs gamins.

Eh bien non. Rien de tout ça. Effectivement, ces trois emmerdeurs, ces trois chercheurs de poux dans la tête, ces trois empêcheurs de bosser en rond, ces trois enculeurs de mouches (moi je m’autorise à dire ces mots-là, parce que ça me détend, d’abord), sont certes tous de la même profession, mais sûrement pas celle que vous attendiez.

Ils sont… ils sont…

Profs.

Dans le secondaire.

Ça vous la coupe, ça, hein ? Ces corporatistes sectateurs d’enseignants qui se tirent dans les pattes… Avouez, vous ne le soupçonniez pas. Il y a d’ailleurs bien d’autres choses que vous ne soupçonnez pas, ah ah ah, et un jour j’y reviendrai, mais pour le moment, chut. Hors-sujet.

Délire sécuritaire

Dans les colonies nouvelles, les Espagnols commencent par bâtir une église, les Anglais une taverne et les Français un fort.

Châteaubriand (« Itinéraire de Paris à Jérusalem »)


Parmi les nombreuses lubies de ce boys band de tragiques bouffons en costards, il y a un leitmotiv : la sécurité.
La sacro-sainte sécurité de leurs chérubins adorés (et accessoirement la sécurité des chérubins adorés des autres parents. Ils représentent qu’on vous dit. Ils ont des responsabilités, merde.)
Pas qu’on ne les surveille pas ou qu’on les laisse tout faire, non (quoique…)
« Non, c’est de Sécurité avec un grand S qu’on vous parle, tas de larves informes. C’est quoi cette école où on peut entrer comme dans un moulin ? Où les portes ne sont ni blindées, ni fermées à triple tour et doublement cadenassées ? Et s’il y avait un rôdeur ? Un pédophile qui entrait dans l’école pour enlever un enfant ? Et si l’un d’entre eux fuguait dans la journée, prétextant d’aller aux toilettes ? D’ailleurs, il paraît que ça vous est arrivé. Il m’est venu aux oreilles qu’un élève s’est enfui de l’école pour rentrer chez lui… »

Il parlait de Matteo bien entendu. On lui avait rapporté une rumeur, qui, transformée par le téléphone arabe et par son insondable connerie, venait d’éclater en plein conseil d’école telle une boule puante.
Qu’importe. Cela me fournissait une excellente occasion de lui fermer son claque-merde, puisque si vous avez bien suivi, le gamin n’avait pas fui de l’école, vu qu’il n’y était jamais arrivé. Alors je me suis fait plaisir, et du coup après ça sentait un tout petit peu meilleur.

« Peu importe, poursuivit-il, fi de ce détail, n’empêche que les enfants courent de grands dangers à être scolarisés dans ce moulin. Il faut absolument un gardien à plein temps, ou un interphone. »
Bonne idée tiens… et qui c'est qui n’a plus le droit de bouger parce qu’il doit rester à côté du récepteur ?
Peu importe, Monsieur connaît son sujet et a de la répartie : « il faut un récepteur mobile ! »
Bonne idée tiens, j’ai pas assez dans mes poches entre le téléphone ou le portable, les innombrables trousseaux de clefs, mon agenda et autres conneries d’homme à tout faire. Pis ça m’emmerde pas assez encore d’être dérangé à chaque instant par les livreurs, les représentants qui veulent me présenter leur nouvelle méthode révolutionnaire, les artistes à deux balles qui viennent me proposer leur super spectacle révolutionnaire, les égarés qui cherchent l’école qui porte le nom de la rue où se trouve la mienne, ou l’école maternelle, ou le service éducation de la mairie, ou la boucherie Sanzot, les électriciens, plombiers, gaziers, couvreurs, vitriers, serruriers de la ville qui ont toujours besoin d’une clé ou d’une autorisation, ou d’un cerveau, les agents de sécurité (tiens donc) qui veulent vérifier les blocs alarme ou je ne sais quoi, les syndicalistes en décharge syndicale, les éducateurs, assistants sociaux, parents, grands-parents, tuteurs et autres envoyés de ché pas qui se croyant investis d’une mission de salut public, et j’en passe et des meilleurs… Et tout ce petit monde, bien évidemment, n’hésite pas à venir me quérir, et j’oserai même dire me traquer jusqu’au fond de ma classe, à toute heure de la journée. Et bienheureux encore s’ils sont aimables.
Alors un interphone portable en plus, ah ah ah ! Que du bonheur. J’imagine déjà la scène, vers 15 h 45, à l’heure où certains collégiens rentrent chez eux.
- Biiiip
- Ecole Machin, j’écoute !
- Je t’encule, gros pédé ! (gloussements préadolescents et bruits de course effrénée sur le bitume)

Objection votre Honneur !

Les objections, en effet, ne manquaient pas à son absurde proposition :
- Tout d’abord, si d’aventure un preneur d’otage psychopathe tel que le célèbre HB décidait de pénétrer dans l’école et de prendre une classe en otage, nous serions sauvés par Sarkozy. A l’époque de HB, notre héros national était, par chance, maire de Neuilly, la ville où la prise d’otages avait eu lieu. Mais maintenant qu’il est président de la république, ne doutons pas qu'il irait sauver n’importe quelle classe de France et de Navarre.
- Ensuite, si un groupe de terroristes psychopathes décidait de s’en prendre à une école, quelle qu’elle soit, ce n’est certainement pas une porte fermée à clef, ni même blindée, qui les arrêterait.
- Par ailleurs, l’argument d’empêcher un môme de fuguer ne tient absolument pas, puisqu’en raison des normes de lutte contre les risques d’incendie, les portes principales d’accès devraient alors être des portes de sécurité impossibles à condamner de l’intérieur.
- Enfin, si le fait de s’enfermer à clef et de s’enfoncer la tête dans un trou à la manière d’une autruche permettait d’échapper à tout danger, cela se saurait depuis longtemps.

En vérité je vous le dis, ce délire sécuritaire commence à me brouter grave, particulièrement quand il est relayé par des gens qui militent dans une fédération de parents d’élèves de gauche, et qui de toute évidence ont dû se tromper de bulletin en avril 2007.

Une fugue, une vraie de vraie, je vous en donnerai une dans le quatrième épisode de votre série préférée. Et je vous préviens, ça pique les yeux…

Copyrat draleuq 2008

draleuq, 12h27 :: :: :: [1 jubilation]

:: COMMENTAIRES

 Brath-z , le 23/05/2012 à 18h28

Ces gens sont d'irresponsables gauchistes ! Chacun sait que c'est de miradors, de patrouilles armées et de gardes-chiens que l'école a besoin pour assurer la sécurité de nos chers bambins !

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