Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

Comme disait Joffre, je les grignote !
Pauvre
tocard...
Etrangement, l'ignorance escalade silencieusement la morale. C'est pourquoi la justice s'échappe en courant vers le futur des sens
La Rochefaucud ::
Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

15 Juillet 2007 ::

« La nuit des longs couteaux - 2ème partie »

:: Histoire contemporaine, 1934

Ce billet fait partie d'un sujet composé de deux parties :

1. La nuit des longs couteaux - 1ère partie
2. La nuit des longs couteaux - 2ème partie



L'incendie du Reichstag

Dès son arrivée au pouvoir, Hitler s'affaire à renforcer son pouvoir et à étouffer la liberté du peuple allemand. Afin d'obtenir les pleins pouvoirs, il fait planer le spectre de la révolution communiste, qui selon lui menacerait l'Allemagne : plusieurs perquisitions sont faites au siège du parti communiste, pendant lesquelles on trouve des documents soi-disant compromettants. Après une dissolution du parlement par le président Hindenburg, de nouvelles élections doivent avoir lieu le 5 mars de cette année 1933 : l'atmosphère du pays est explosive, les partis nazi et communiste sont en opposition constante, des rixes éclatent un peu partout, et l'Allemagne est au bord de la guerre civile.

Dans la nuit du 27 au 28 février 1933, à Berlin, le Reichstag est incendié : on arrête rapidement un certain Marinus van der Lubbe[1], militant communiste hollandais. Cette fois-ci c'en est trop, et Hitler peut agir avec l'assentiment d'Hindenburg en exploitant l'incendie comme preuve d'un complot communiste : dès le lendemain, Hindenburg signe le Reichstagsbrandverordnung (« Décret pour la protection du peuple et de l'État »), qui suspend les libertés individuelles dans tout le pays, musèle la presse, centralise les pouvoirs et durcit la répression. Puis, Hitler fait arrêter des milliers de militants et dirigeants communistes, et les envoie pour beaucoup dans le tout premier camp de concentration du pays : Dachau.


L'incendie du Reichstag

Vers les pleins pouvoirs

Une fois les opposants écartés, Hitler et les militants nazis mènent une campagne électorale agressive pour les élections qui doivent se dérouler 10 jours plus tard. La propagande bat son plein, les SA terrorisent la population, mais malgré tout, le NSDAP et les petits partis nationalistes qui l'ont rejoint n'obtiennent pas la majorité absolue. Trois partis restent puissants : les communistes, les sociaux démocrates, et le Zentrum, le parti centriste catholique, qui obtiennent tous plus de cinq millions de voix.

C'est dans ces circonstances qu'Hitler et son habile ministre de la propagande Joseph Goebbels, forts d'une bonne majorité relative au parlement, organisent une majestueuse cérémonie d'ouverture du nouveau Reichstag : les symboles de la nation sont grandioses, la fête flatte les vanités d'Hindenburg et des catholiques, et Hitler devient un homme respectable à leurs yeux. Quelques jours plus tard, l'Assemblée Fédérale allemande se réunit pour voter un décret soumis par Hitler, lui octroyant les pleins pouvoirs législatifs : les sociaux démocrates refusent, mais le Zentrum, bercé d'illusions, vote le décret.


Joseph Goebbels et Marinus van der Lubbe

La politique nazie, telle que décrite par Hitler dans Mein Kampf, entre en vigueur : amélioration de la race allemande (stérilisation des handicapés physiques et mentaux), discrimination juive, enrôlement des enfants dans les « jeunesses hitlériennes », ou encore incendies publics des livres que le parti réprouve...

La liquidation des SA

Hitler est désormais un homme extrêmement puissant. Mais, soutenu par les grands financiers et industriels du pays, il fait alors face à l'agitation de la SA, résolument marquée par les idées de gauche, et souhaitant semble-t-il pousser plus loin encore la révolution entamée après l'accession du NSDAP au pouvoir. Les membres de la SA, très utiles lorsqu'il était nécessaire de conquérir le pouvoir, deviennent des gêneurs à force d'agitation et de méfaits. Les Chemises Brunes sont très mal vues dans le pays, et Hitler doit faire face au mécontentement d'Hindenburg et des forces conservatrices de droite qui le soutiennent, et qui n'apprécient guère les agissements de la SA.

La propagande SS fait notamment grand cas de l'homosexualité affichée d'Ernst Röhm, une « déviance sexuelle » particulièrement honnie par le régime nazi. Après de nombreuses hésitations, et afin de conserver l'unité du pays, Hitler décide donc de mettre fin à la puissance de la SA. Dans la nuit du 29 au 30 juin 1934, la nuit des longs couteaux, ainsi qu'elle sera nommée, les disciplinés SS d'Himmler entament une opération d'envergure, avec l'appui de l'armée : 200 membres de l'état-major SA, réunis dans une auberge à Bad Wiessee en Bavière, sont exécutés sommairement. Plusieurs opposants au régime sont également éliminés, et, dans le tumulte, plusieurs innocents trouvent eux aussi la mort. Enfin, le 1er juillet, Ernst Röhm est exécuté à son tour.

Le IIIème Reich

En liquidant l'aile gauchisante et révolutionnaire du NSDAP, Hitler s'attire la faveur et le soutien des conservateurs du pays, et impose clairement un régime de terreur dans tout le pays. Quiconque s'oppose au pouvoir est prévenu, et les conservateurs le savent eux aussi : même les soutiens d'Hitler vivent sous la menace d'un pouvoir dont la brutalité peut surgir à tout instant.

La SA, quant à elle, ne disparaît pas, mais perd tout rôle politique dans le régime, et opère une purge sévère dans ses rangs. Peu de temps après, le 2 août 1934, le président Hindenburg meurt : Hitler proclame le IIIème Reich, et devient le Führer, le « Guide » d'un régime dictatorial qui ne s'en cache plus.

_________________________________
1. La culpabilité de Marinus van der Lubbe n'a jamais pu être clairement établie. L'homme était semble-t-il passablement dérangé, pyromane peut-être, mais certaines sources évoquent également un incendie prémédité par les nazis pour pouvoir se débarrasser des communistes. Quoiqu'il en soit, Marinus van der Lubbe sera exécuté le 10 janvier 1934.

finipe, 22h14 :: :: :: [0 assertion inepte]

:: QUELQUE CHOSE À DIRE ?

Formulaire commentaire

Contact

  • Veuillez remplir tous les champs suivis d'un astérisque
  • N'oubliez pas l'antispam !