Voici le récit de ce qui a longtemps été considéré comme un des plus grands mystères de l'Histoire de France. C'est au passage un excellent prétexte pour quelques révisions rapides de la révolution française : j'avais pour ma part vraiment tout oublié (pour peu que j'en aie jamais su quelque chose de bien consistant !).
Révolution & fin de la monarchie en France
Après le serment du jeu de Paume (20 juin 1789) et l'avènement de la première Assemblée Nationale Constituante, les événements qui marqueront durablement l'Histoire s'enchaînent : Prise de la Bastille (14 juillet), suppression de la dîme (11 août), Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen (26 août), Constitution civile du Clergé (12 juillet 1790), etc. Louis XVI essaye, bon gré mal gré, de conserver autant de pouvoir qu'il le peut et de ménager les susceptibilités de tous, mais ses prérogatives sont battues en brèche les unes après les autres. Les 20 et 21 juin 1791, le roi et sa famille tentent de s'enfuir, mais on les arrête à Varennes. Il s'agit clairement d'un aveu d'hostilité au projet de 1789, et l'événement crée un drame : malgré l'instauration de la loi martiale, des milliers de personnes se réunissent sur le Champs-de-Mars pour manifester leur hostilité à la monarchie constitutionnelle, et les soldats, hors de contrôle, tirent dans la foule. La fusillade du Champ-de-Mars fait des dizaines de morts, femmes et enfants essentiellement.
Dès lors, Louis XVI n'a plus aucun crédit, et les événements s'enchaînent de plus belle : le 3 septembre 1791 est voté une Constitution, instituant l'Assemblée Législative, qui défait encore un peu plus l'autorité du roi. Dans la nuit du 9 au 10 août 1792 à lieu la Commune insurrectionnelle de Paris, et la prise du palais des Tuileries par le peuple, qui craint plus que jamais une trahison de Louis XVI. Le 21 septembre, l'Assemblée législative n'est plus, et c'est désormais la Convention nationale et ses comités de salut public qui gouvernent le pays. Entre temps, la France était entrée en guerre contre la Prusse et l'Autriche, et, après plusieurs sévères défaites dues à la désorganisation et la fuite des officiers nobles à l'étranger, l'armée française a remporté une victoire inespérée à la bataille de Valmy, le 20 septembre 1792.
Après la découverte de documents compromettants dans une fameuse armoire de fer des Tuileries, Louis XVI est finalement jugé pour trahison, condamné à mort, puis guillotiné le 21 janvier 1793, sur la place de la Révolution
[1].
Exécution de Louis XVI, le 21 janvier 1793 (anonyme)
La prison du Temple
Après la prise du palais des Tuileries, le 10 août 1792, la famille royale est retenue captive à la prison du Temple. Après l'exécution de Louis XVI, son frère cadet (futur Louis XVIII) se déclare régent du royaume, et reconnaît le jeune Louis-Charles, âgé de seulement 8 ans, comme le nouveau roi de France, Louis XVII. Le 3 juillet 1793, le jeune Louis XVII est arraché des bras de sa mère et de sa soeur aînée pour être confié à un couple de révolutionnaires fervents, le cordonnier Simon et sa femme, afin de faire du petit garçon un citoyen ordinaire. Simon est un personnage plutôt grossier, qui apprend au jeune garçon des chansons révolutionnaires, le fait jurer dans la cour même de la prison du Temple, le fait même boire diront certains, mais pendant les mois où lui et sa femme s'occupent du petit Louis-Charles, ce dernier est relativement bien traité, et se prend même d'affection pour sa tutrice.
Louis-Charles de France à l'âge de 8 ans,
peint par Alexandre Kurchaski
Le 17 septembre, la Convention nationale vote la terrible « loi des suspects », et la
Terreur plonge la France dans une avalanche de procès sommaires et d'exécutions. Le jeune Louis XVII est semble-t-il manipulé, sans aucun doute brisé par les traumatismes successifs qu'il a déjà vécu : le 6 octobre, il signe des aveux accusant Marie-Antoinette d'inceste, déclarant qu'il « dormait parfois entre sa mère et sa tante ». Au cours de son procès, Marie-Antoinette se montre d'un courage et d'une dignité exemplaires : face aux accusations de l'ultra révolutionnaire Jacques Hébert, elle nie farouchement et lance un célèbre « J'en appelle à toutes les mères » qui émeut toute l'assistance, pourtant très hostile. Rien n'y fait cependant : Marie-Antoinette est guillotinée le 16 octobre 1793.
Exécution de Marie-Antoinette, le 16 octobre 1793 (anonyme)
_________________________________
1. Actuelle place de la Concorde