Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

On a souvent besoin d'un plus petit que soi
J'ai
faim
Etrangement, l'on décroche inévitablement le règne animal, tant et si bien que la piété filiale s'enfuit en courant vers le silence de l'indifférence
Ploton ::
Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

23 Juin 2007 ::

« Evolutionnihilisme »

:: Misanthropie

Quelques idées parmi les considérations suivantes sont librement adaptées d'une conférence sur la génétique que j'ai eu la chance de voir, qui était à la fois terrifiante et fascinante. J'ai hésité à classer le billet dans la catégorie misanthropie, et puis finalement...



Je me souviens d'une conversation avec un type, il y a quelque temps de cela : nous parlions de généalogie, et il me soutenait mordicus faire partie des descendants directs de Clovis. Je lui avais alors rétorqué que je pensais cela impossible, car la lignée mérovingienne de Clovis avait été interrompue après l'avènement de Charles Martel, Pépin le Bref et surtout Charlemagne. Sans aller aussi loin que Clovis, imaginons le nombre d'ascendants que nous avons jusqu'à Saint Louis : nous avons tous 2 parents, 4 grands parents, 8 arrière grands parents, 16 arrière arrière grands parents, etc. Si l'on considère des générations séparées en moyenne par 25 années, et que nous remontons jusqu'en 1270, date de la mort de Saint Louis, nous obtenons un nombre d'ascendants de 233, soit environ 9 milliards d'individus.

Or, il n'y a déjà pas 9 milliards d'individus sur Terre de nos jours, et il y en avait donc encore moins en 1270. Cela implique que certaines de nos ascendances se sont croisées, retrouvées, rencontrées, rapprochées... Nous sommes donc mathématiquement tous les descendants de Saint Louis, et à plus forte raison de Clovis. Finalement, ce garçon n'avait qu'à moitié tort : il n'était certes pas descendant direct de Clovis, mais au moins l'était-il indirectement. Nous le sommes tous, à différents degrés d'ailleurs : certains auront hérité d'un milliardième de pourcent du matériel génétique de Saint Louis ou de Clovis, d'autres d'un millionnième seulement (ce qui est déjà énorme, compte-tenu des infimes probabilités que cela arrive).

Comme l'ont indiqués les travaux de Georg Mendel, le père de la génétique, lorsqu'un individu naît, il reçoit la moitié du matériel génétique de son père, et l'autre moitié de sa mère. Mais à partir de là, il repart à zéro : tout ce que les géniteurs ont appris dans leurs propres vies n'est pas transmis génétiquement à l'individu nouveau né. L'héritage culturel n'intervient d'aucune façon dans l'hérédité. Ainsi, à l'échelle de l'évolution des espèces, la seule véritable transmission est celle des gènes, de l'hérédité. Chaque naissance d'un nouvel individu est un recommencement, et, toujours à l'échelle de l'évolution des espèces, l'héritage culturel est inexistant.

Les différenciations interviennent par le biais d'infimes modifications des gènes, faites au hasard, qui entraînent des modifications du corps qui porte ces gènes. Puis, la sélection naturelle se charge d'éliminer les corps les moins adaptés à leur environnement, pour ne garder que ceux qui sont le mieux adaptés. Aucun programme, aucun scénario, aucun plan, aucune "intelligence", juste le hasard et la nécessité. Ainsi, on peut considérer que le corps n'est qu'une enveloppe, permettant aux gènes qu'il porte de se perpétuer au travers des âges. Le corps n'est qu'une enveloppe que ses hôtes, les gènes, modifient sans cesse au hasard en essayant de trouver une forme encore plus adaptée à son environnement, que la sélection naturelle se charge de choisir ou d'éliminer. L'humain croit être le conducteur, alors qu'il n'est que le véhicule.

Enfin, il convient également de considérer la pensée, le raisonnement, l'abstraction, l'introspection et le langage articulé, qui différencient l'Homme (l'Homo sapiens devrais-je plutôt dire en l'occurrence) des autres créatures animales et végétales. Homo sapiens n'a qu'environ 200.000 ans d'existence, alors que l'évolution des espèces court depuis plus de 3,5 milliards d'années. L'apparition de la pensée ne représente donc que 0,0057% de l'évolution des espèces, et, en outre, ce n'est qu'une seule branche parmi des millions d'autres. C'est dire s'il ne s'agit que d'une goutte d'eau dans l'océan.

La pensée est donc un phénomène très récent, un essai de l'évolution des espèces. Une sorte de test hasardeux, qui tournera vraisemblablement court : dès lors que l'individu a un peu trop de temps à consacrer à lui-même, dès lors qu'il ne doit pas focaliser toute son énergie sur sa propre survie, alors la natalité baisse, l'espèce décline. En de nombreux points du globe, le taux de natalité est passé sous le seuil fatidique de 2,1 enfants par couple, ce qui ne permet pas d'assurer la perpétuation de l'espèce. La pensée n'est donc peut-être pas une bonne affaire, et quelque chose me dit que la branche de l'arbre phylogénétique qui soutient Homo sapiens est vouée à l'extinction, pour peu qu'Homo sapiens ne scie pas l'arbre lui-même d'ici là.

finipe, 19h53 :: :: :: [3 plaintes déchirantes]

:: COMMENTAIRES

 draleuq , le 24/06/2007 à 00h19

fort intéressant cet article mon ami, mais malheureusement complètement faux.
Homo sapiens descend d'Adam et Eve façonnés par Dieu à son image, et homo sapiens est le centre de l'univers, comme chacun sait.
M'enfin ;)

 finipe , le 24/06/2007 à 00h31

Oui, je réalise le caractère hérétique de mes propos, mais rassure toi, j'ai mis ma combinaison ignifugée !

 Castelroussine, le 25/06/2007 à 18h11

Et même, pour être encore plus précis, l'homme descend de Noé, puisqu'après Adam et Eve, les hommes sont devenus tellement des gros méchants que Dieu les a punis en envoyant le Déluge...
;-)

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