On parle beaucoup de consommation d'énergie, de réchauffement de la planète, de rejet de CO
2 ou encore de combustibles fossiles. Mais tout cela finit par être très flou, tant les discours se succèdent sans que l'on voie d'actes réellement tangibles : après tout, nous prenons toujours aussi souvent notre voiture, nous gaspillons le chauffage en vivant dans des maisons très mal isolées, ou mille autres exemples qui montrent à quel point nous — les pays dits "développés" — nous goinfrons de joules à longueur de temps, tandis que les autres n'aspirent qu'à se goinfrer autant que nous. Ce qui est légitime après tout.
Je me propose donc bien modestement de dresser ici une petite liste des perspectives énergétiques qui s'offrent à nous d'ici les 50 prochaines années, afin de trier un peu ce qui est ou n'est pas raisonnable, ce qui est ou n'est pas réalisable. Si je parviens à réveiller quelques endormis qui aiment à chauffer leur appartement à 25°C l'hiver ou qui vont acheter leur pain en voiture alors que la boulangerie est au coin de la rue, alors je n'aurai pas tout à fait perdu mon temps ! D'ailleurs, ça me fera du bien à moi aussi : l'être humain étant par nature une sale feignasse, la voiture et le chauffage sont toujours plus commodes que la marche à pied et les pull-overs.
Etat des lieux mondial
Actuellement, l'Humanité consomme 10 milliards de tonnes équivalent pétrole (TeP) par an, dont 77% sont issus de combustibles fossiles non renouvelables (pétrole, charbon, gaz). Ceci représente une moyenne de 1.5 TeP par personne et par an, mais il y a bien entendu de très larges disparités : les champions toute catégorie de la goinfrerie sont les Etats-Unis, avec 10 TeP par personne et par an. Un européen en consomme 4.5 (France = 3.8), un chinois 1.5, et un africain ne consomme que 0.5 TeP par an. En 2050, on estime que la consommation mondiale pourrait être d'environ 20 à 30 milliards de TeP par personne et par an, soit 2 à 3 fois plus qu'aujourd'hui. Les pays émergents tels que la Chine ou l'Inde seront des dévoreurs de joules et de watts.
Tableau récapitulatif (en milliards de TeP / an) :
Consommation mondiale des différentes formes d'énergies, en milliards de TeP par an.
Les énergies fossiles représentent plus des 3/4 de cette consommation.
Les énergies fossiles
Le premier gros problème de ces énergies, c'est qu'elles ne sont pas renouvelables, leurs stocks sont finis, et par conséquent, le jour arrivera où il n'y en aura plus à consommer : malgré d'importantes différences selon les estimations et les modèles de calcul, il est généralement admis que le pétrole et le gaz n'existeront plus d'ici la fin de ce siècle. Les réserves de charbon sont un peu plus nombreuses, aptes à satisfaire environ 200 ans de production au taux actuel.
Le second problème est le rejet massif de CO
2 que provoque la combustion de ces énergies : ce ne sont ni plus ni moins que du carbone stocké par la planète, qui a mis des milliers, des millions d'années à construire ces réserves. Tout ce carbone se retrouve précipité dans l'atmosphère très soudainement, ce qui aggrave le naturel effet de serre de la planète : d'ici 2100, la température globale pourrait avoir augmenté de 3°C, voire 6°C si nous ne réagissons pas à court terme (!!). Si nous voulons stabiliser le climat, il faut alors diviser nos émissions de gaz à effet de serre par deux. Si nous ajoutons à cela les précédentes observations, à savoir que la consommation mondiale va inévitablement se multiplier par 2, alors nous devons diviser notre consommation de ces énergies fossiles par 4 d'ici 2050.
Pour 6 milliards d'habitants, cette valeur d'émission maximum de CO
2 par habitant et par an, pour stabiliser le climat, est de 500 kg : 500 kg/hab/an de CO
2 émis, c'est la valeur que chaque habitant de la Terre ne doit pas dépasser. Aujourd'hui, les goinfres mondiaux sont les Etats-Unis, le Canada et l'Australie (respectivement 5700, 5300 et 5100 kg/hab/an). L'Irlande est à 3000, la Slovaquie à 2300, la France à 1800, la Chine a déjà dépassé ce seuil avec 900 kg/hab/an, et l'Inde s'en rapproche avec près de 400 kg/hab/an. Si l'on ajoute à cela que la population augmente d'environ 200 000 personnes par jour, le seuil des 500 kg ne s'en abaissera que plus encore.
Emissions de gaz à effet de serre en kg/hab/an. La ligne rouge représente le seuil limite de
500 kg/hab/an à ne pas dépasser pour stabiliser le climat, avec une population mondiale de 6 milliards.
Ce seuil va s'abaisser avec l'augmentation de la population.
Il faut donc impérativement envisager des alternatives à ces énergies fossiles, de façon à faire baisser très fortement et très rapidement la part des combustibles fossiles dans les énergies utilisées.