Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

Je ronge mon
frein, ça fait
mal
Non mais
quel con !
De temps en temps, l'Humanité répand irrémédiablement la démocratie. Par là même, la sagesse s'échappe en évitant la fin de l'existence
Confunius ::
Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

11 Août 2011 ::

« Les joies du camping - 1ère partie »

:: Baratin

Ce billet fait partie d'un sujet qui en comporte deux :
1. Les joies du camping - 1ère partie
2. Les joies du camping - 2ème partie


- Qui c'est qui baise ?
Oui, le campeur vit en osmose parfaite avec ses voisins.

(Franck Dubosc, Pour Toi Public)



Débat public

Dans un camping, microcosme estival de la société, on rencontre toute une galerie de personnages hauts en couleurs.

Il y a le type qui ne quitte jamais son fauteuil de la journée, d'où il a une vue la plus étendue possible sur les autres campeurs, à part peut-être en cas d'orage. Une fois par jour, à peu près toujours à la même heure, il a une conversation téléphonique avec je ne sais qui, pas forcément la même personne ; il beugle tellement dans son combiné qu'on peut suivre la conversation à 50 m. de distance, où on l'entend se confondre en aimables paroles : « allez oui, bonnes vacances à vous de même, c'était un plaisir de vous avoir, j'espère vous revoir bientôt. Mais de rien, c'est tout naturel. »

Il y a la bonne femme qui ne sort de sa caravane que pour voir les bateaux passer sur le Rhône, et éventuellement tenir une grande conversation avec la bonne femme de l'emplacement voisin... mais chacun restant sur son territoire, et pour peu que les emplacements soient assez étendus, tu profites alors d'un fantastique échange entre une voix de crécelle et une voix de mama méridionale tonitruante, intensité moyenne 85 décibels... C'est qu'il faut crier fort pour s'entendre à 15 m. de distance en plein air, surtout quand il y a du mistral. Et comme il y en a toujours...

Le beau temps

Sujet invariable du débat, le beau temps : quand va-t-il revenir ? Et quand il est enfin revenu, combien, mais combien de temps va-t-il rester ?

La météo est déjà en temps normal, comme chacun sait, le sujet numéro 1 des gens qui n'ont rien à se dire mais qui ne veulent pas paraître bégueules. Si tu ne parles pas du temps avec ton voisin ou avec ton concierge et que tu n'y prends pas garde, tu auras tôt fait de passer pour le sale con hautain du quartier ou de l'immeuble.
Mais il faut bien dire qu'en camping, ce sujet devient encore plus prégnant, et même, si j'ose dire, une priorité vitale qui peut rapidement compromettre l'intégrité des vacances. En temps normal, le camping n'est déjà pas ce qui se fait de plus confortable, mais quand il flotte à longueur de temps, d'abord t'es coincé dans 2 m² sans pouvoir te mettre debout. Ensuite, si ça n'arrête pas, il devient impossible de faire sécher tes fringues. Après, si ça n'arrête toujours pas, il devient impossible de porter des fringues sèches. Et enfin, si ça n'arrête décidément pas, il commence à pleuvoir même dans la tente, ou alors c'est la caravane qui se met à flotter toute seule.


Joie ! Bonheur ! Félicité ! Allégresse !


Galère Galerie des horreurs

Mais revenons à nos amis les campeurs. Un quart d'heure de tranquillité : la mama a épuisé le sujet avec la crécelle, le temps est au beau fixe et les cigales s'en donnent à cœur joie. Mais soudain c'est l'horreur, la crécelle décampe vers d'autres horizons et est remplacée par une normande. Pis que cela, voilà qui fournit à la mama un autre sujet de conversation : « vos prédécesseurs... » (mais c'est qu'elle a du lexique, en plus !)

Il y a aussi les deux petits jeunes qui ont installé leur tente dans l'emplacement tout au fonc du camping, loin, loin, sous les arbres. Tu ne les vois jamais, à part pour deux ou trois allers-retours quotidiens aux sanitaires, et, très important, la sortie du soir. Bermuda et polo très habillés pour Monsieur, petite robe de soirée pour Mademoiselle, pour se rendre... à la soirée karaoké[1] à l'entrée du camping.
Voilà une bonne leçon à ceux qui pensent que c'est dans la trentaine qu'on commence à devenir un beauf : en fait, on peut commencer très jeune.
Le reste du temps, nos jeunes éphèbes ne sortent pas de leur tente, on se demande bien ce qu'ils peuvent y faire à longueur de journée. Quelle tristesse pour de premières vacances, alors qu'il fait si beau dehors. Et puis un jour, c'est le grand départ, on les voit traîner leur sac de voyage à roulettes jusqu'au parking d'entrée (jamais de sac à dos, malheureux ! Ça sert à quoi, un sac à dos, à part à se briser les vertèbres ?) où papa maman viennent les chercher. Ah ! C'est frais, c'est bucolique ! Ça me rappelle ma jeunesse !... Attendez un instant. Euh, non en fait, ça me rappelle pas du tout ma jeunesse[2].

Nos amis campeurs, ce sont aussi nos deux nouvelles voisines, deux randonneuses à la carrure d'haltérophiles est-allemandes, dont nous apprendrons qu'elles ont été se plaindre à la réception du camping du fait que nous avions fort négligemment mis une serviette à sécher sur la barrière qui séparait notre emplacement du leur, ce qui leur gâchait sans doute la vue et les vacances, nonobstant le fait qu'elles gloussaient dans leur tente comme des dindes aux hormones jusqu'à 3 heures du matin.

Amis des foutus sacs à puces animaux

Mais c'est aussi ce gentil couple d'amis des animaux qui nourrissent tout ce que le coin compte de chiens errants et de chats abandonnés, et qui voudraient qu'on adopte ce pauvre petit minou exsangue et pouilleux, parce qu'eux en ont déjà un à la maison.

Intéressants à observer, ceux-là.

Elle ne cesse de monologuer, et son mari ne répond que par onomatopées :
- De quand il date ce bleuet campingaz, d'après toi ? C'est celui que t'as ramené de l'armée, ou on l'a acheté après ?
- Mmmmmmm
- Voyons, qu'est-ce qu'il y a là-dedans ? Conservateurs, anti-oxydant, acide citrique... Berk, ils nous font vraiment bouffer n'importe quoi.
- Mmmmmmm
- Dis-donc, tu sais quoi ? J'ai accouché d'un dinosaure et ça m'a fait drôlement mal ![3]
- Mmmmmmm
- C'est agréable comme cadre, mais bon, c'est quand même sale, ah ouais c'est vraiment pas net !...
- Meeeeeeeeeerde !
(ne vous méprenez pas, ce n'est pas à sa femme qu'il parle, ça fait des années qu'il ne l'écoute plus... En fait, il était en train d'essayer d'ouvrir une boîte de sardines à l'huile et ça lui a un peu giclé dessus... Apparemment, ce brave homme était d'ailleurs d'une maladresse proverbiale car « meeeeeerde » était à peu près le seul mot intelligible que l'on entendait régulièrement sortir de sa bouche.)

Lassée sans doute par la trop grande participation de son compagnon à ses conversations quotidiennes, cette brave femme est venue plusieurs fois vers moi, et quand elle a vu qu'elle ne pourrait décidément pas me faire adopter son chat scrofuleux et cachectique, elle a commencé à m'entretenir des inconséquences des autres campeurs... ce qui donnait déjà une toute petite idée de ce dont elle devait parler avec eux quand j'avais le dos tourné.

Quand elle est partie, elle a laissé du pâté et du yaourt à ma fille en la missionnant pour nourrir ce putain de chat rachitique et gangréné. Ne pouvant m'amadouer, la maligne espérait sans doute que la gamine, qui bien sûr adore les petits minous comme toutes les gamines, allait y parvenir.
- Jette moi ça à la poubelle tout de suite et laisse-le crever, ce chat de merde !...
Enfin, je voulais dire, par humanité, il est inutile de prolonger plus avant les incommensurables souffrances de cette malheureuse créature du Seigneur.

_________________________________
1. Karaoké : n,m, Art de se ridiculiser devant une assemblée de beaufs en chantant comme une casserole les plus grands titres de Patrick Bruel, Joe Dassin ou Gérard Lenorman, sans oublier les incontournables "démons de minuit".

2. Ceci m'a toutefois rappelé une anecdote : lorsque j'avais 19 ans, j'étais parti en vacances en camping avec ma copine de l'époque, à vélo et sac au dos (c'était l'bon temps vindious), et je me souviens qu'un soir que nous dînions, certes chichement mais correctement, assis par terre autour d'un bleuet campingaz, une gamine de 10 ans tout au plus était passée à côté de nous, et avait dit à haute voix tout en nous toisant : "Mmmmmh, ça pue la pauvreté, par ici !"

3. Bon OK, celle-là, je l'ai ptêt rajoutée...

draleuq, 09h57 :: :: :: [0 éclaircissement pompeux]

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