Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

Je suis
fait comme
un rat !
C'est pas faux
En vérité je vous le dis, l'on embrasse affreusement l'intelligence. C'est pourquoi la piété filiale s'enfuit en rampant depuis le secret du post-modernisme
Jean-Sol Partre ::
Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

19 Août 2006 ::

« Mustapha Kemal, le père des turcs - 2ème partie »

:: Histoire contemporaine, 1930

Ce billet fait partie d'un sujet composé de deux parties :

1. Mustapha Kemal, le père des turcs - 1ère partie
2. Mustapha Kemal, le père des turcs - 2ème partie



1923-1938 - La révolution kémaliste

Au lendemain des guerres et des tractations avec l'occident, Mustapha Kemal jouit d'un prestige sans limite : il est le sauveur de la patrie, le vainqueur, le guerrier, le meneur d'homme dont le charisme ne se dément pas. C'est alors qu'il décide de mener d'immenses réformes dans son pays : déjà, le 1er novembre 1922, il avait donné un sérieux coup de canif dans les institutions, en faisant déchoir Mehmet VI par une proclamation de la Grande Assemblée Nationale, abolissant ainsi l'un des principes les plus vénérés de l'ancien régime, le sultanat.

Le 13 octobre 1923, Ankara, ancien fief de la résistance, devient la capitale de la Turquie, et la république est proclamée dans la foulée. Le 3 mars 1924, une autre institution majeure est abolie, le califat, qui représentait l'autorité religieuse. Puis les ministères des Affaires religieuses et des Fondations pieuses sont également supprimés, les tribunaux religieux sont dissous, et des lois sur l'unification de l'éducation sont votées, visant à faire disparaître les écoles coraniques. Ainsi, Mustapha Kemal entreprend une laïcisation à marche forcée du pays, tout en l'ouvrant aux influences occidentales. Il va même jusqu'à interdire le port des coiffes traditionnelles, et déclare : « Il faut savoir choisir entre la révélation passée et la liberté future ».

Evidemment, de tels bouleversements sont loin de faire l'unanimité, et le Ghazi autrefois adulé choque désormais les plus religieux du pays. C'est ainsi qu'au début de l'année 1925, une révole éclate dans les provinces kurdes, réclamant non seulement le retour à la Charia, la loi islamique, mais également l'indépendance. Cette insurrection est réprimée sans pitié : pendaisons, exécutions, bannissement, là où Kemal veut créer un état démocratique, il se conduit en tyran pour maintenir l'ordre. Et il se trouve que cela fonctionne : non seulement l'ordre finit par revenir en Anatolie, mais il n'existe pratiquement plus aucun contre pouvoir dans le pays, la révolution kémaliste a le champ totalement libre.

Les réformes continuent, et s'accélèrent : les institutions et la structure même de la société turque sont complètement bouleversées. Ainsi, les contraintes pesant sur les femmes, et notamment la polygamie, sont abolies. Le Code Civil Suisse est adopté par le pays. Les caractères arabes sont abandonnés au profit de l'alphabet latin. Des campagnes massives d'alphabétisation sont menées, dont les résultats sont spectaculaires. Les activités agricoles et industrielles sont développées et connaissent un essor foudroyant...


Mustapha Kemal en 1932

En 1934, Mustapha Kemal ordonne que chaque citoyen devra désormais porter un nom de famille : c'est ainsi que la Grande Assemblée Nationale lui octroie le nom d'Atatürk, "père de tous les turcs".

Le 10 novembre 1938, Mustapha Kemal meurt à 57 ans d'une cirrhose du foie : son labeur écrasant et ses excès de vie privée ont raison de lui. Des funérailles grandioses lui sont faites, la nation toute entière pleure son "père", celui qui a su, en si peu de temps, propulser son pays dans la modernité.

Alors que reste-t-il de l'héritage qu'a laissé Mustapha Kemal Atatürk à son peuple ? L'on peut s'interroger sur l'absence de pluralisme dans la démocratie qu'il instaura, ou encore sur ses agissements parfois intraitables, mais il demeure impossible de nier l'extraordinaire tour de force de ce réformateur, qui, après avoir libéré son pays de toute emprise étrangère, autant politique, que militaire ou économique, a créé un état fort, moderne, et en plein développement.

Aujourd'hui encore, Mustapha Kemal Atatürk fait figure de héros de la nation en Turquie : il est aimé et respecté par son peuple, qui l'honore toujours au mausolée de l'Anitkabir à Ankara, dans lequel repose sa dépouille.


L'Anitkabir, mausolée dans lequel repose
Mustapha Kemal Atatürk, à Ankara

finipe, 02h14 :: :: :: [1 confession honteuse]

:: COMMENTAIRES

 leslie , le 07/06/2007 à 19h02

cette photo est très jolie je veux l imprimer

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