Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

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Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

16 Août 2006 ::

« Mustapha Kemal, le père des turcs - 1ère partie »

:: Histoire contemporaine, 1923

Ce billet fait partie d'un sujet composé de deux parties :

1. Mustapha Kemal, le père des turcs - 1ère partie
2. Mustapha Kemal, le père des turcs - 2ème partie



1919-1923 - Le sauveur de la patrie

Après la première guerre mondiale, l'empire ottoman figure au rang des vaincus. Le territoire est occupé par les nations occidentales : Royaume-Uni, France, Italie, chacun se taille une part dans l'ancien empire séculaire. Mais le 15 mai 1919, c'est l'humiliation de trop : la Grèce envahit Smyrne, principal port de l'asie mineure, avec la bénédiction des pays de la Triple Entente (France, Royaume-Uni et Russie). Le sultan Mehmet VI au pouvoir proteste, tout en espérant qu'une solution à l'amiable sera trouvée. Mais partout dans le pays en lambeau naissent des mouvements patriotiques et des groupements de francs-tireurs : la colère monte, et le désir de libération nationale avec.

Les pays de l'Entente sont inquiets de ces mouvements, et surveillent très étroitement les meneurs. L'un d'eux en particulier leur semble dangereux : il se nomme Mustapha Kemal, a trente-neuf ans, et dispose sur l'armée d'une inquiétante autorité. Kemal gagne l'Anatolie occupée par les Grecs, et s'emploie à unifier les mouvements de résistance, redonner vigueur à l'armée, gagner la confiance des chefs religieux et militaires ainsi que des chefs Kurdes qui s'agitent, et s'impose finalement comme un meneur dont le charisme inspire le respect : il est le champion de l'indépendance turque.


L'Empire ottoman en 1860, et la Turquie moderne

Mustapha Kemal est déjà un homme d'expérience : il a vaillement combattu de 1911 jusqu'à 1919 sur de multiples fronts, et à prouvé qu'il était tenace, résolu, intraitable, assoiffé de gloire. Alors que les pays occidentaux l'épient de très près, et que le sultanat lui ordonne de revenir à Istanbul, la capitale, Kemal refuse, démissionne de l'armée et entre dans la clandestinité, scellant son destin. Peu de temps après, des négociations sont entreprises avec les pays de l'Entente, et Kemal est convié, marquant ainsi son importance comme interlocuteur valable de la nation, c'est une première victoire.

Il s'efforce ensuite de jouer habilement toutes les cartes dont il dispose : il fait appel aux Bolchéviks, aux musulmans du monde entier, profite des discordes entre les pays de l'Entente et de l'impuissance et l'incompétence du sultanat. Après une arrestation de plusieurs députés turcs par les anglais le 16 mars 1920, le mouvement de résistance s'amplifie encore un peu plus et une Grande Assemblée Nationale de Turquie est tenue à Ankara, le 23 avril : Mustapha Kemal est unanimement reconnu comme le chef, même si la résistance est tiraillée intérieurement par des objectifs parfois forts différents selon les mouvements qui la composent. Kemal parvient cependant à conserver l'unité du groupe, grâce à son habileté.

Pendant ce temps, le gouvernement d'Istanbul se fait piétiner par les pays occidentaux. Le 10 août 1920 est signé le traité de Sèvres, qui laisse la Turquie démembrée, minuscule morceau de terre coincé entre des états puissants et passablement expansionnistes. Les turcs se révoltent contre ce traité inique et difficilement applicable, de même que de nombreux musulmans à travers le monde. La France même, pourtant membre de l'Entente, juge ces conditions inapplicables et injustes. Mustapha Kemal regroupe ses forces, et la guerre est déclarée. Après quelques déboires, une première grande victoire est remportée contre les grecs, à la bataille d'Inönü.


Mustapha Kemal en 1923

Après cette grande victoire, Kemal use alternativement de ruse, de force et d'intimidation. Il commence lentement à réformer le pays, et assied la Grande Assemblée Nationale comme dépositaire du pouvoir. Des pourparlers sont engagés avec l'Angleterre, mais Kemal préfère continuer la guerre, jugeant les conditions de la paix inacceptables. La situation militaire est délicate, et, le 4 août 1921, Kemal déclare à la tribune de la Grande Assemblée : « La Turquie est en danger de mort. J'exige d'être nommé commandant en chef, avec des pouvoirs dictatoriaux. »

Le lendemain même, il est nommé généralissime, et dispose pour trois mois renouvelables de pouvoirs exceptionnels. Quelques jours après, il engage la bataille du fleuve Sakarya contre les troupes grecques. Après vingt jours de combats terribles, c'est la victoire, et le début de la retraite grecque, qui sera désormais inéluctable. La Grande Assemblée Nationale lui décerne le titre musulman de ghazi, "le victorieux". Dans le même temps, Kemal s'emploie à tisser des relations diplomatiques avec les pays occidentaux. Ainsi, le 20 octobre 1921, un accord est signé avec la France, mettant fin à son occupation en Cilicie (province située au sud de l'actuelle Turquie). Toutefois, la guerre continue, les anglais notamment ne voulant pas revenir sur le traité de Sèvres.

Vient l'heure de la victoire finale : le 26 août 1922, il déclare à ses troupes, lapidaire : « Soldats, en avant ! Objectif : la Méditerranée ! ». En deux semaines seulement, il inflige une magistrale gifle aux troupes grecques en les écrasant totalement. Le 9 septembre, l'armée turque entre à Smyrne, désertée par les grecs. Le 11 octobre, l'armistice de Mudanya est signé, il ne reste plus un seul grec en Anatolie.

Enfin, le 20 novembre 1922 s'ouvrent des pourparlers de paix à Lausanne, qui s'achèveront le 24 juillet 1923, en effaçant l'humiliation du traité de Sèvres. Le bilan est délicat : l'empire ottoman est démantelé, mais la nation turque est libre et indépendante. De complexes échanges de populations doivent régler les problèmes des minorités créées par les bouleversements de la guerre. Mais le plus important, c'est que les Turcs donnent libre cours à leur joie : c'est l'exultation d'un peuple qui a retrouvé sa fierté et sa liberté. C'est alors que Mustapha Kemal, sauveur de la patrie, va lancer sa révolution et faire entrer son pays dans la modernité en quelques années seulement.

finipe, 02h29 :: :: :: [0 poignant panégyrique]

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