Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

Je ronge mon
frein, ça fait
mal
Hips !
Burp...
Malheureusement, Dieu assassine atrocement son destin. Par là même, la piété filiale s'échappe en évitant l'au-delà du rationalisme
Saint Tobustin ::
Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

2 Décembre 2006 ::

« Scènes de cul »

:: Misanthropie

Le titre de ce billet a certes un caractère trivial, mais c'est toutefois le plus sobre que j'ai pu trouver, que les pisse-froid m'en excusent. Mais enfin, cette situation n'a que trop duré morbleu, je ne parviens plus à contenir ma consternation et ma lassitude à propos de ces scènes cinématographiques que l'on nomme couramment "scènes de cul".

Car en effet, qu'est-ce qu'une scène de cul ? Qu'y voyons-nous au juste ? Généralement, l'on y observe un homme et une femme assez peu vêtus (voire nus), dans un lit, et couverts tout au plus d'un fin drap de soie brillante, dont la couleur tend vers le rouge sombre, symbole probablement d'un certain érotisme trouble. Là, pêle-mêle, les corps s'entrechoquent et sont tantôt secoués de spasmes incontrôlables, tantôt agités d'ondes sensuelles et fluides, tantôt cathartiques d'extases indicibles, tandis que les amants se respirent bruyamment, s'enivrent des hormones âcres qui imprègnent la pièce, et poussent l'un un râle rauque, l'autre un gémissement lascif...

MAIS QUEL ENNUI ! Quel ennui que ces scènes cent, mille, dix mille fois rejouées avec des variantes allant du grotesque au pseudo poétique, et toujours pour aboutir à l'inéluctable et inévitable fin : un cri de jouissance, une main crispée sur un oreiller, et un drap souillé pour cause de purée balancée.

Non vraiment, il faudrait arrêter cette fâcheuse habitude de la sempiternelle et mal nommée "scène de cul" : si l'on veut voir des scènes de cul durant plus de dix secondes, autant regarder des films de cul, ou des films de fesse (le film de fesse étant interdit aux moins de 16 ans, là où le film de cul est interdit aux moins de 18).

Autrefois, ces scènes étaient astucieusement passées à la trappe, d'une sobre et efficace ellipse temporelle : l'on voyait l'homme se rapprocher de la femme, l'embrasser avec un feu et une passion inhabituels, parfois même l'on devinait un linge de soie fine glisser le long d'une épaule à la peau blanche, et c'était tout. La musique montait en un habile crescendo de violons, puis : fondu au noir. Et l'on savait pertinemment ce qui s'était passé, nul besoin d'aller filmer les détails anatomiques ni les performances sexuelles de chacun. La scène suivante se déroulait généralement le lendemain, au petit déjeûner, ou au saut du lit autour d'un café, ce qui permettait d'ailleurs de savoir si la nuit avait été bonne ou non (pour peu que cela ait son importance, après tout pourquoi pas).

Moi qui aime tant le cinéma chinois des années 60-70, je me satisfais amplement des scènes d'amour qui s'y déroulent, pendant lesquelles les marques d'affection les plus polissonnes consistent généralement en une main posée sur l'épaule (j'en frissonne encore tant c'est osé). La seule exception, c'est le réalisateur Chu Yuan, qui s'aventure à un peu d'érotisme parfois, mais toujours avec élégance, et en faisant toujours en sorte que cela ait un sens dans l'histoire (comme quoi je ne suis pas contre un bon film de Chu). Il n'empêche que cela n'affecte en rien le récit, au contraire : il reste plus de temps au film pour raconter d'autres choses plus intéressantes que le fait de savoir que tel ou tel personnage est un bon coup. On se fout royalement de ce qui se passe dans les alcôves obscures des ébats sexuels.

Finalement, une scène de cul, c'est un peu comme une coupure pub : ça permet d'aller pisser ou de débarrasser la table sans rater les scènes et dialogues pertinents d'un film.

finipe, 00h48 :: :: :: [2 confessions honteuses]

:: COMMENTAIRES

 draleuq, le 05/12/2006 à 16h16

Globalement, je suis totalement d'accord avec toi. Il existe toutefois une toute petite minorité de situations où ce genre de scènes est parfaitement à sa place dans un film, et je donnerai un exemple que j'ai vu hier soir, ou plutôt revu puisque je l'avais vu à sa sortie au cinoche... Il s'agit de "Un Long dimanche de fiançailles" de Jeunet, où l'on voit Jodie Foster faire l'amour plutôt bestialement. Si on resitue dans le contexte, à l'origine c'est sur la demande de son mari, stérile mais père adoptif de 5 enfants, qui lui demande de se faire engrosser par son meilleur ami, durant une permission de la guerre 14, afin de lui permettre de rentrer chez lui. Dans un premier temps ils sont tous honteux (à noter la performance d'acteurs), prennent un café, disent qu'ils ne vont pas le faire, et puis il y a "craquage", et dans cette scène on ressent à la fois le désespoir de cette mère de 5 enfants qui n'en peut plus d'être seule, et le hurlement primaire de ce mort en sursis qui a trois jours de perm' et "carte blanche" pour se faire une femme superbe.

 finipe , le 05/12/2006 à 17h14

Certes, je n'ai sans doute pas assez fait le distinguo, mais je concède qu'il peut parfois arriver que ladite "scène de cul" ait un sens dans l'histoire. Le tout c'est que ça ne dure pas des plombes (et l'exemple que tu cites est d'ailleurs très pertinent, poil aux dents).

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