Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

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Jean-Sol Partre ::
Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

30 Novembre 2006 ::

« Thémistocle & la bataille de Salamine »

:: Histoire antique, -480

Ce billet fait partie d'un sujet composé de quatre parties :

1. La bataille de Marathon
2. Léonidas & la bataille des Thermopyles
3. Thémistocle & la bataille de Salamine
4. La fin des guerres médiques



La difficile situation grecque

Au lendemain de la mort de Léonidas Ier aux Thermopyles, et malgré l'échec de la flotte perse à l'Artémision, la Grèce est en très mauvaise posture : Thémistocle, commandant athénien de la flotte grecque, a volontairement abandonné Athènes aux envahisseurs, sachant qu'il n'était pas en mesure de la défendre. Seul le Péloponnèse demeure libre, et l'armée grecque, autant terrestre que maritime, est en large infériorité numérique. Aussi, les conversations sont âpres entres les différents généraux grecs pour décider de la stratégie à adopter. Deux hommes s'opposent encore une fois, Eurybiade et Thémistocle.

Eurybiade, général de Sparte, est partisan d'une attaque combinée de la flotte et des troupes terrestres après une remise en condition de chacun. Thémistocle quant à lui affirme que la seule issue victorieuse passe par un conflit exclusivement naval visant à détruire les navires de ravitaillement perses et ainsi priver l'armée ennemie de son soutien, la condamnant à reculer. Un jeu d'influence s'engage entre les différentes cités état ayant chacune engagé plus ou moins de troupes dans la bataille, afin de trancher la stratégie qui sera appliquée. Dans cette coalition panhéllenique, on trouve notamment les cités situées entre l'Attique et le Péloponnèse telles que Corinthe, Mégare, Eleusis, Sicyone et Egine, ainsi que d'autres telles que Chalcis, qui fut pourtant pendant longtemps une grande rivale d'Athènes.


C'est finalement le plan de Thémistocle qui est retenu, et c'est autour de l'île de Salamine que tout se jouera : l'endroit se révèle propice à la stratégie choisie, et permettra notamment à la flotte grecque d'éviter de se faire submerger par le nombre, du fait de l'étroitesse du lieu de bataille. Pour y attirer Xerxès, Thémistocle ruse et envoie une fausse information par l'intermédiaire d'un de ses hommes originaire d'Ionie, affirmant que de nombreux généraux grecs fuient la bataille : Xerxès tombe dans le piège et ordonne l'attaque immédiate. La flotte perse commence à encercler l'île de Salamine, malgré la configuration de la baie.

Choc naval

Cette flotte perse, malgré ses nombreux déboires depuis le début de cette guerre, compte environ 800 navires, contre à peine 350 navires grecs. Les grecs se savent bien supérieurement armés, disciplinés et entraînés, aussi doivent-ils à tout prix maintenir une ligne de défense solide, sans reculer, sous peine de permettre à l'ennemi de s'avancer en nombre dans la rade de Salamine, et de la submerger : sur l'île se sont retranchés l'immense majorité des athéniens ayant fui leur cité, et la prise de Salamine par la perse serait un désastre. Les grecs n'ont donc d'autre choix que de vaincre.

Sur la rive de Salamine, le peuple grec hurle ses encouragements, tandis que de l'autre côté, Xerxès et son état major observent le déroulement du combat en notant soigneusement les faits de bravoure et de lâcheté que chacun peut commettre... Car la perse n'est pas seule : avec elle combattent de nombreux vassaux, tels que phéniciens, ioniens, chypriotes, égyptiens ou ciliciens. Du côté grec, il existe malgré tout une grande compétition entre les camps de Sparte et d'Athènes.


Buste de Thémistocle

Lorsque la bataille s'engage, les grecs prennent tout de suite l'initiative et chargent les navires ennemis afin de mener des abordages et des combats à effectifs équivalents : Eurybiade flanche un peu, mais Thémistocle fait des prouesses, profitant d'une désorganisation patente des ennemis. En peu de temps, la situation commence à basculer en faveur des grecs : les lourdes trières éperonnent les flancs des fragiles navires perses, les abordages s'enchaînent, et l'habileté grecque doublée de la confusion perse amène rapidement un sauve-qui-peut général des envahisseurs. Bloqués dans la rade de Salamine, les bateaux en déroute se font éperonner de plus belle, c'est un véritable carnage.

Les grecs poussent leur avantage, poursuivent et coulent quelques navires ennemis supplémentaires et font déguerpir Xerxès en catastrophe, l'obligeant même à abandonner son trône en pature au camp victorieux. Thémistocle ne poursuit toutefois pas plus loin ses adversaires, sachant que malgré tout la flotte grecque reste en infériorité numérique. Après une demie journée de combat naval, la Perse, totalement démoralisée, a perdu près de 500 navires, et la Grèce dix fois moins : c'est une victoire écrasante.

Les suites de la bataille de Salamine

Malgré sa cuisante défaite, l'armée Perse est loin d'être anéantie : sa flotte reste encore bien supérieure en nombre, son infanterie est intacte, mais surtout elle dispose d'une infrastructure gigantesque et peut se remettre rapidement sur pieds, tandis que la Grèce a perdu les irremplaçables chantiers d'Athènes. Cependant, contre toute attente, Xerxès semble se désintéresser de la Grèce : il décide de laisser le commandement à son beau-frère Mardonios, et rentre à Persépolis, sa capitale, se satisfaisant de la prise d'Athènes.

De leur côté, les grecs sont à nouveau divisés : Thémistocle veut poursuivre la lutte immédiatement pour profiter de l'avantage, tandis qu'Eurybiade plaide pour la prudence. Sparte et Athènes restent concurrentes malgré tout, et la soudaine prudence d'Eurybiade n'est guère étonnante : en effet, les spartiates ont achevé de construire un mur pour barrer l'isthme de Corinthe et se prémunir de l'infanterie perse, aussi la menace est-elle soudain beaucoup moins imminente, et le sort athénien nettement moins important...

Nous sommes en septembre 480 av. JC : l'armée perse décide de refluer au nord vers la Thessalie pour y passer l'hiver. Les athéniens regagnent quant à eux leur cité détruite, et demeurent déterminés à résister aux envahisseurs. C'est l'année suivante que le sort final des grecs se jouera face à la perse, lors de la bataille de Platées, une des plus gigantesques batailles de l'Antiquité.

finipe, 02h05 :: :: :: [11 haineuses invectives]

:: COMMENTAIRES

 finipe , le 30/11/2006 à 02h13

Je recherche une illustration potable de Thémistocle : j'ai cru comprendre qu'il existait une statue de cet illustre athénien au jardin des tuileries à Paris, mais je ne sais pas si la chose est permanente ou si c'était ponctuel. En tout cas, si quelqu'un a ça, je suis preneur :)

Et pour ceux qui aiment les détails stratégiques des batailles, j'ai découvert le site ci-après, qui raconte les grandes batailles de l'Histoire :

-> [http]

 cyrielle, le 22/03/2007 à 02h34

je suis aux etats-unis pour un an et mon prof d'histoire ici est vraiment pas tres mal malin je ne comprends rien de ce qu'on fait en cours, quand j'ai trouve ce site qui me donne toutes les informations que je ne comprenais pas dans mes cours ! Merci beaucoup !

 finipe , le 22/03/2007 à 02h48

Tu m'en vois ravi, et pas qu'un peu fier, je vais pouvoir frimer à fond :)

Toutefois, ne prends pas trop mes billets historiques pour paroles d'évangiles : je m'efforce de ne pas faire trop long, donc je dois souvent laisser de côté des détails historiques... Si tu veux avoir une vue globale, c'est bien, mais si tu cherches une véritable rigueur universitaire, ce n'est pas mon propos.

Mais au plaisir de te revoir en tout cas !

 miltiade , le 09/04/2007 à 15h56

Salut,

Merci de parler de mon site et de m'envoyer des visiteurs !

Je ne connais pas cette statue parisienne de Léonidas mais sur Google images il y en a d'autrres comme celle ci :

[http]

 finipe , le 09/04/2007 à 16h31

De rien, c'est mérité, ton site représente un sacré boulot vraisemblablement !

Sinon pour la photo, ce n'est pas Léonidas que je cherche, mais Thémistocle ;)

 miltiade , le 10/04/2007 à 02h09

Ok voilà :

[http]

 finipe , le 10/04/2007 à 02h51

Super, merci !

 ji ji, le 09/01/2010 à 14h48

super les decumen pr mon expo merci XD =)

 finipe , le 09/01/2010 à 19h22

decumen ? Documents tu veux dire ?

La vache, j'ai l'impression d'être dans la série Kaamelott, quand Arthur essaye de piger ce que racontent Perceval et Karadoc...

 Brath-z , le 03/05/2011 à 14h17

"Cependant, contre toute attente, Xerxès semble se désintéresser de la Grèce"

Ah oui, ce genre de choses est souvent arrivé, avec les Perses : il semble au premier abord qu'au moindre désagrément, les Grands Rois se dépêchent de regagner leurs pénates, quitte à abandonner une conquête potentiellement réalisable ou même à laisser un voisin empiéter sur le territoire de l'empire. En fait, s'il n'y avait qu'une seule raison à retenir quant à cette façon de faire, ce serait celle-ci : le gigantesque empire perse fut l'un des premiers états centralisé.
En effet, le Grand Royaume était doté d'une administration établie en cercles concentriques autour de Babylone (vu que l'empire s'étendait de l'Égypte à l'Indus, imagine le nombre de langues différentes à gérer, sachant qu'en Grèce étaient parlées à l'époque plus d'une centaine de langues et dialectes différents !), chaque "région" (ou "satrapie") étant gouvernée par un "homme du roi" responsable sur sa vie devant lui et disposant lui-même d'une administration pléthorique (pour collecter l'impôt, les tributs militaires et "en nature" et toutes ces sortes de choses) ainsi que d'une armée "personnelle" constituée pour plus de la moitié de troupes "locales", le reste provenant des troupes impériales (à juste titre réputées plus fiables et efficaces que les autres).

On comprendra qu'à une époque où les moyens de communication étaient extrêmement rudimentaires, il était difficile de garantir l'unité d'un si vaste territoire lorsque le roi était absent trop longtemps (déjà, il était difficile d'imposer les monnaies royales sur tout le territoire, alors l'unité politique...). Sans oublier les innombrables révoltes qui se déclenchaient ici et là (Égypte, Bactriane, etc.) à intervalles régulières, les ambitions un peu trop démesurées de certains généraux ou satrapes, etc. Bref, s'il est fort possible que Xerxès eût pu, s'il l'avait voulu, envahir la Grèce malgré sa défaite à Salamine, il a du sagement considérer que le jeu n'en valait pas la chandelle. Pour les Grecs, qui se considéraient tout naturellement comme le nombril du monde, une telle attitude dû être incompréhensible, mais force est de constater que le roi perse devait avoir d'autres sujets de préoccupation que la Grèce.
C'était déjà un miracle d'administration que Darius puis Xerxès aient réussi à lancer une telle armée à l'assaut de la Grèce. N'oublions pas qu'outre établir une chaîne d'approvisionnements alimentaires et matériels suffisamment solide pour n'être pas rompue (ce qui a échoué à Salamine), il fallait aussi réunir suffisamment d'or pour payer les soldes et les équipements (et ce n'était pas une mince affaire : les équipements perses étaient de prodiges d'ingéniosité, surtout quand on les compare aux lourds cuirasses et boucliers "oplon" grecs !), mettre d'accord plusieurs dizaines voire centaines d'officiers militaires (jusqu'à Napoléon, on ne faisait pas de stratégie : n'existaient que la tactique et la "grande tactique", ce qui aboutissait souvent à une grande improvisation de la part des généraux), etc. Bref, quand l'armée perse partait en campagne, on pouvait dire sans rire que c'était un pays entier qui allait à l'assaut.

 Lina, le 01/02/2014 à 15h25

Ce petit "livre" sur thémistocle,la guerre de salamine...
Est très interéssante . Elle m'a appris beaucoup de choses
nouvelles.

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