Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

Il faut essayer d'obliger tout le monde
Eh
ouais
Tant bien que mal, l'on ignore joyeusement la démocratie. Ainsi, la perfidie se délite en évitant les cieux de l'imagination
La Rochefaucud ::
Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

11 Février 2012 ::

« Chroniques de 2006 »

:: Paparatzi

Mars 2006 - Manifestations anti-CPE

Mes chastes oreilles se sont arrêtées l'autre jour sur l'analyse que faisait un responsable d'un syndicat policier sur la politique de réponse policière du gouvernement face aux manifestations anti-CPE.
Il disait que les CRS avaient pour stricte consigne de laisser faire.

La casse de boutiques et de mobilier urbain ? On laisse faire.
Les assurances paieront, nous assure-t-on, c'est le cas de le dire. Les assurances, c'est-à-dire nous, braves contribuables moyens, car qui va encore voir sa prime augmenter l'an prochain ?

Les braves manifestants étudiants et lycéens qui se font casser la gueule par des extrêmistes ? On laisse faire aussi...
Et effectivement, on nous montre des images où ils encaissent sans broncher, regardent le spectacle navrant d'une bande de sauvages cagoulés qui se lâchent à coups de pavés et de barrières, dans un déchaînement de violence aussi inouï que... gratuit.


Véhicule et combinaison anti-émeute modernes


Ces keufs casqués de pied en cape semblent incrédules, derrière leurs boucliers et leurs camions à grilles-dozer (où ai-je déjà vu ça ? mais oui, dans les films de science fiction, d'anticipation et dans les films "post apocalyptiques" (terme suffisamment évocateur s'il en est...)
"Mais pourquoi laisse-t-on faire ?", demande le journaliste avec raison.
Pour exaspérer l'opinion publique, nous répond-il, et pour justifier ainsi une intervention "plus musclée" lors d'une éventuelle prochaine manifestation...

Mais éclairez ma lanterne : l'opinion publique est-elle vraiment aussi conne que ça, ou les politicards sont-ils devenus encore plus cyniques que moi ? Qu'en dites-vous ?
Ah ? L'un n'empêche pas l'autre ?


L'affiche de Soleil Vert, un excellent film, sorti une excellente année.
Adaptation d'une nouvelle intitulée "Make room ! Make room !", il nous décrit un monde sympathique et surpeuplé avec des émeutes où les gens sont carrément ramassés à la pelleteuse. Accessoirement, l'environnement est totalement détruit, à tel point que les hommes en sont réduits à manger des tablettes nutritives faites à partir du recyclage des cadavres de leurs congénères, à leur insu bien entendu. Visionnaire tout cela, et ça a très bien vieilli. Il n'y a en fait que Charlton Heston qui a mal vieilli, en devenant l'apôtre de l'auto-défense.


Septembre 2006 - Benoît XVI se défroque

Cela faisait près de 6 mois que je n'avais pas écrit de chronique, aussi peut-on dire qu'aujourd'hui arrive un miracle. Et puisque c'est un miracle, ce n'est que justice qu'il arrive par le Pape.

Hier, j'entendais que sa Sainteté Benoît XVI avait consenti à se défroquer (ce qui est plutôt ennuyeux pour un curé, mais plus encore pour le plus gradé d'entre eux) en faisant des excuses publiques aux musulmans pour avoir affirmé, si j'ai bien suivi, qu'en gros, "le djihad c'est pas bien".
Personnellement, je trouve assez rassurant que, 800 ans après les huit croisades, le lointain successeur de ceux qui avaient commandité ces expéditions ineptes, dise haut et fort que vouloir imposer sa religion à ceux qui ne la partagent pas n'est pas une bonne idée. Ce que je comprends mal, c'est qu'il ne sache pas persister et signer aussi bien que son prédécesseur avait su persister et signer dans sa connerie d'interdire les capotes en pleine épidémie de sida.

En vérité je vous le dis, après l'affaire des caricatures de Mahomet, ceci est la goutte d'eau bénite qui fait déborder le calice : si les occidentaux avaient dû brûler dans la rue l'effigie de tous les Imams qui disaient des conneries, il y aurait une pénurie de poupées de chiffon sans précédent sur le continent européen.
J'ai une irrésistible envie de me faire l'apôtre, c'est le cas de le dire, de tous les gens qui pensent certaines choses mais n'osent pas le dire de peur de devoir se planquer dans un placard à balai comme Salman Rushdie.
Quand je vois ces clowns agiter leurs kalashnikov à la télé, ça me donne des sueurs froides. Et vous mesdames, voilées de bas en haut, qui brûlez des portraits sans même savoir de qui il s'agit et pourquoi vous le faites. Vous feriez mieux d'apprendre à lire et de sortir un peu la tronche de votre burkha...


Projet de nouveau costume liturgique de sa Sainteté le Pape,
dessiné par Saint-Paul Gaultier, dans un style résolument
cosmopolite et orienté vers l'entente inter-religieuse, insh'Allah


Décembre 2006 - La Busherie sanctionnée aux élections de mi-mandat

Et l'on apprend que George Bush a décidé d'écouter la voix de nouveaux experts, sortis de son chapeau magique d'Oncle Sam grâce à la raclée qu'il a prise aux élections, et ces nouveaux experts de prononcer des paroles inattendues : "défaite", "échec", "retrait des forces américaines", "négociation"...

Souviens-toi George, souviens-toi de ce que je t'ai dit il y a quatre ans, quand tu as décidé de monter des "preuves" de toutes pièces pour aller dérouiller ces irakiens maléfiques.
Je vais te rafraîchir la mémoire.
Très exactement, je t'ai dit : "dans trois à cinq ans, après quelques milliers de bodybags rapatriés par avion spécial, tu rentreras aux USA la queue entre les jambes !"
Tu aurais dû m'écouter !


Soldats américains en rapatriement horizontal par avion spécial


Mais au fait, suis-je devin ? Pas du tout. Je ne suis qu'un modeste quidam moyen, français, qui n'a fait ni Sciences Pô, ni l'ENA, et encore moins West Point. Alors comment mon pronostic a-t-il pu se réaliser au détriment de celui de tous tes experts surdiplômés, hein, Georgie ?

Eh bien je vais te le dire : ce n'était pas seulement mon pronostic, c'était celui de millions de quidams moyens comme moi, habitant dans toutes les parties du monde, et même dans ton pays.
Il suffisait juste qu'ils aient un peu de culture historique et qu'ils se souviennent comment ont fini toutes les guerres coloniales.
Il suffisait juste qu'ils sachent que toutes les guerres d'occupation ont toujours fini de la même manière.
Les Turcs, Autrichiens et Allemands de la première guerre mondiale ? Virés.
Les Nazis et les Japonais de la seconde ? Jetés dehors avec pertes et fracas.
Les Français en Indochine et en Algérie ? Boutés.
Les Américains au Vietnam ? Raccompagnés.
Les Russes en Afghanistan ? Remerciés...
Et j'en passe et des meilleurs, et je ne parle là que des conflits du vingtième siècle !
A vrai dire, la seule manière qu'il y ait jamais eu de gagner une guerre d'occupation, c'est d'exterminer entièrement les habitants du pays occupé, comme l'ont fait tes ancêtres, mon cher George, avec les Indiens d'Amérique. Mais à cette époque, il n'y avait pas reporters sans frontières, et aujourd'hui ce n'est plus possible, ce n'est plus "politically correct".

Mais je t'entends d'ici me le dire : oui Jojo, ce que tu voulais toi, c'était leur apporter la DEMOCRATIE. Belle et louable intention si tant est qu'elle soit sincère, mais es-tu vraiment le mieux placé pour donner des cours de démocratie ?
Y a-t-il d'ailleurs un peuple sur cette terre qui soit bien placé pour en donner ?
Tu apprendras, toi le président de la première puissance mondiale, que l'on ne peut pas imposer la démocratie à un peuple qui n'en veut pas, ou qui n'est pas assez excédé pour l'imposer par lui-même.
Si c'étaient des étrangers qui avaient proposé aux Français d'attaquer la Bastille et les Tuileries pour faire la Révolution à leur place, la Monarchie Absolue règnerait peut-être encore aujourd'hui dans l'hexagone.

Ton incurie me navre, George, et avec la tienne celle de tes compatriotes qui ont tout lâché il y a quatre ans pour aller buter de l'irakien.
On nous le refait à chaque fois, le coup des engagés volontaires qui prennent d'assaut les bureaux de recrutement, le coup de la guerre fraîche et joyeuse qui sera finie au printemps prochain, sauf que maintenant en plus d'être joyeuse, elle est "propre et chirurgicale".
Combien de va-t-en guerre n'en reviendront pas ?
Et combien en reviendront en mille morceaux ?
Et le bordel que tu as semé là-bas, Georgie, y as-tu bien pensé ?
Tu vas te carapater maintenant, comme un gosse qui a voulu qu'on lui serve toute la tarte, qui l'a massacrée dans son assiette et qui en fait n'a plus envie de la manger ?

Le peuple de l'hyperpuissance mondiale a élu un débile mental pour le gouverner pendant 8 ans... Comment voulez-vous que le monde aille bien ?

Ratrospective 2006

draleuq, 12h20 :: :: :: [5 confessions honteuses]

:: COMMENTAIRES

 Brath-z , le 12/02/2012 à 16h55

Ah non mais là non, je m'insurge ! Je me révolte ! Je proteste même un petit peu !

"Science-fiction", "anticipation" et "post-apocalyptique", ce n'est pas du tout mais pas DU TOUT pareil !

"Anticipation", c'est plus ou moins la démarche d'un Jules Verne avec De la Terre à la Lune ou d'un Stanley Kubrick avec 2001, A space odissey (enfin, partiellement pour ce dernier exemple) : on reste dans l'ordre du possible, et l'élément imaginatif repose exclusivement sur un progrès technologique envisageable à l'époque où on l'imagine. Ainsi du canon géant du Gun Club de Baltimore, qui est certes très imaginatif mais repose sur le savoir-faire technique de l'époque (d'ailleurs je me demande si ce bon vieux Jules n'aurait visité une usine Krupp avant de faire la description du Columbiad). Ainsi des vaisseaux, tenues, alimentations, etc. du film de Kubrick, dont il est connu qu'ils ont été conçus en collaboration avec la NASA afin de faire une "projection réaliste" des progrès futurs de la technologie ("réaliste" ne voulant pas dire "réelle" : j'attends toujours mon vaisseau spatial !).

La science-fiction, même si le terme est de loin postérieur (années 1920) est une démarche différente qui transparaît bien dans les écrits d'H. G. Wells (spécialement La Machine à voyager dans le temps et La guerre des mondes). Ici, la technologie n'a pas évolué suivant ce qu'il était concevable d'envisager au moment de l'écriture. Le progrès technologique n'est d'ailleurs pas le seul ressort du récit, qui fait intervenir d'autres éléments (télépathie, extra-terrestres, mutations, etc.).

Les deux genres ne sont bien évidemment pas hermétiques l'un à l'autre, ce qui explique la réserve que j'ai formulée quant à la classification de 2001, A space odissey dans la catégorie "anticipation", qui présente des caractéristiques propres aux deux genres (technologie qui a évolué suivant ce qui était concevable à l'époque ET intelligence artificielle inconcevable à l'époque, contacts extra-terrestres).

Quant au genre "post-apocalyptique", c'est un genre particulier de science-fiction, dans lequel pour une raison ou une autre (guerre mondiale thermonucléaire, épuisement des ressources naturelles, pandémie mondiale, etc.) provoque un genre de "fin du monde" dans lequel les savoirs de la civilisation disparaissent. Le genre fait ainsi cohabiter reliquats de la technologie actuelle (voire future) qui ne sont généralement pas maîtrisés par les restes d'humanité encore présents, et technologie nouvelle (souvent fortement inspirée de la technologie d'avant la révolution industrielle, mais également parfois de la technologie pré-numérique, donc jusqu'aux années 1960).
Les codes en ont été posés pour le grand public avec le film Mad Max II au cachet inoubliable et maintes fois copié (ah, le look furieusement punk des méchants) et est probablement la branche de la science-fiction (car indéniablement c'est de la science-fiction) la plus prolifique avec le genre cyberpunk, que ce soit en romans (I am Legend), films (New York 1997), jeux vidéos (les géniaux Fallout et Fallout II), bandes dessinées (la géniale série Jeremiah que je recommande à tous), etc.

Voilà, ne confondons pas tout.

 Brath-z , le 12/02/2012 à 17h02

Tiens, d'ailleurs, à propos de Soleil Vert, voici un petit cadeau, héhéhé : [http]

 draleuq , le 13/02/2012 à 08h58

Si tu regardes bien ma formulation, tu verras que je ne dis en aucun cas que tout ça c'est du pareil au même. Ce que je dis, c'est que l'on trouve parfois dans ces trois genres des images du type de celles que l'on a vues à la télékzejbfvlvb (je n'arrive plus à prononcer le mot, c'est phobique) à l'occasion de ces manifs.
D'autre part, je trouve justement que "Soylent Green" a la particularité d'être au carrefour des genres post-apo et anticipation, car on peut en effet considérer que la fin de toute vie animale et végétale sur terre serait en soi une apocalypse, et ceci même si la terre souffre de surpopulation humaine.
Enfin, si tu veux être rigoureux, tu devrais bannir "New-York 1997" du genre post-apocalyptique, car si je me souviens bien, il n'y a que la prison à ciel ouvert de Manhattan qui est une zone de non-droit dans ce film. Partout ailleurs règne une société très organisée, et même probablement un pouvoir dictatorial.

 Brath-z , le 14/02/2012 à 01h11

Ben, heu...

"les films de science fiction !... d'anticipation comme on dit. On dit aussi post apocalyptiques"

???

!

 draleuq , le 14/02/2012 à 14h18

Bon, j'ai changé pour te faire plaisir, sinon on est encore là dessus dans 6 mois...
Je précise quand même que cette classification, tout comme la classification des genres musicaux, est largement sujette à caution.
Si le "post apo" est sans doute un genre à part dans la mesure où il fait rarement appel à des gadgets technologiques apparus dans le futur, et même, je dirais, il implique souvent une régression technologique, ce n'est pas toujours le cas, et j'ai deux exemples précis en tête : Terminator (surtout le dernier avec Christian Bale qui se passe après l'apocalypse, et où la technologie humaine est pourtant largement supérieure à la nôtre actuellement, ne serait-ce qu'en matière d'armement) et Johnny Mnémonic où un messager qui s'implante directement des mégaoctets dans le cerveau doit traverser un monde totalement dévasté.

Quant à la différence anticipation-SF, elle est à mon sens encore plus ténue. Si on a souvent salué l'esprit visionnaire de nombre d'écrivains et scientifiques du passé (Vinci, Verne, et plus récemment un américain dont le nom m'échappe) dont l'oeuvre peut à juste titre être considérée comme d' "anticipation", il y a aussi bien des choses que l'on sait faire aujourd'hui et auxquelles personne n'aurait osé songer ne serait-ce qu'en 1960, certaines même que l'on aurait jugées "impossibles" : donc si un auteur en avait eu l'idée, on l'aurait classé "SF", pour découvrir aujourd'hui qu'en fait, c'était bien de l'anticipation.

Les progrès technologiques, et nano-technologiques en particulier, sont ultra rapides, ne cessent encore de s'accélérer, sont enthousiasmants autant qu'effrayants parfois. Le cheval a commencé à s'emballer dans les années 50, avec une accélération constante depuis, et les experts disent qu'il va continuer à s'emballer à une vitesse exponentielle. J'ai vu des reportages y'a pas longtemps où ce qu'ils annoncent pour dans quelques années n'était de l'anticipation pour personne en 1990, mais de la SF.
Bien malin qui pourrait dire précisément ce que saura faire l'homo sapiens de 2050, si l'humanité survit jusque là, avec son corps toujours plus grand, plus fin, et moins musclé, et son télencéphale toujours plus développé...

Alors les genres, tu sais....

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