Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

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Sacrote ::
Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

26 Juillet 2007 ::

« L'énergie du désespoir - 2ème partie »

:: Environnement

Ce billet fait partie d'un sujet composé de quatre parties :

1. Etat des lieux énergétique mondial
2. Géothermie & fission nucléaire
3. Hydraulique, éolien & solaire
4. Biomasse & économies




Après avoir dressé un petit état des lieux mondial des ressources et des besoins actuels et futurs en énergie, voyons un peu quelles sont les alternatives aux énergies fossiles majoritairement utilisées.



La géothermie

Ce procédé exploite la chaleur stockée par le sol et la roche, issue essentiellement de la désintégration naturelle de l'uranium et du thorium contenus dans la terre. Cette énergie représente environ 0.06 W/m2, ce qui correspond au double de la consommation mondiale actuelle : malheureusement, il est difficile d'exploiter ce potentiel, les quantités de chaleur étant très diffuses.

Il convient de préciser que la géothermie n'est pas une énergie renouvelable : actuellement, un gisement de chaleur exploitable peut fournir de l'énergie pendant environ 30 ans, puis il s'épuise. Une fois que la chaleur stockée par le sol est utilisée, elle ne se renouvelle pas. Toutefois, un épuisement total de cette énergie n'est pas à échelle humaine, et la géothermie est donc durable, à défaut d'être renouvelable.


Centrale géothermique en Islande

L'exploitation de la géothermie nécessite également une géologie particulière, ou des roches suffisamment fracturées et fissurées pour permettre à l'eau chaude de circuler. Hormis dans certains pays à l'activité géothermique très spécifique (l'Islande en particulier, l'Indonésie, la Nouvelle-Zélande ou l'Italie), ce type de ressource n'est pas suceptible de fournir une production massive d'énergie. Actuellement, la géothermie représente 0.3% de la production mondiale d'électricité et de chauffage, et ce sans aucune production de CO2.

La fission nucléaire

Le nucléaire représente aujourd'hui 6% de la production d'énergie primaire dans le monde, et est donc probablement appelé à se développer durant les 50 prochaines années, même si certains pays semblent réservés quant à son utilisation (Allemagne ou Italie par exemple). Quoiqu'il en soit, les réacteurs nucléaires civils se multiplient un peu partout dans le monde, Chine et Inde commandent déjà de nombreuses centrales, et d'autres comme le Japon et les Etats-Unis augmentent leur production nucléaire. Le nucléaire présente plusieurs intérêts immédiats et/ou majeurs face à la surconsommation d'énergies fossiles :

  • Il ne produit pas de CO2 : en France, pour 1000 watts d'électricité produits, la technologie de fission de l'uranium émet 1 gramme de CO2, alors que le gaz en produit 1 tonne, soit un million de fois plus.

  • Il demande une très faible quantité de combustible : au niveau moléculaire, la réaction chimique de combustion du méthane produit 8.37 électron-Volt (eV), alors que la fission d'un atome d'uranium produit 200 millions d'eV. Dès lors, les quantités de matières premières nécessaires sont très faibles par rapport aux énergies fossiles. Ceci présente en outre un important intérêt stratégique de stockage, de gestion...

  • Il dispose de grandes ressources en matières premières : selon les estimations, il est établi que nous disposons d'environ 250 à 400 ans de réserves d'uranium.

Le nucléaire possède en revanche des inconvénients indéniables :

  • Gestion des ressources : l'uranium, par sa rareté, devient un enjeu économique, politique et stratégique majeur.

  • Gestion des déchets radioactifs : certains déchets radioactifs, le plutonium en particulier, ont une durée de vie extrêmement longue, et engagent les générations futures. Nous verrons toutefois que ce plutonium pourrait être valorisé à l'avenir.

  • Gestion de la sûreté et de la sécurité des installations : l'énergie atomique fait peur, en particulier si elle est entre les mains de certains pays.

  • Prolifération non contrôlée : le besoin urgent et massif d'énergie pourrait entraîner un développement irrationnel des centrales nucléaires.

Voyons un peu quel est l'état actuel des connaissances et techniques en matières de centrales nucléaires : elles utilisent comme combustible, pour le moment, l'Uranium 235 (235U), présent à seulement 0.7% dans le minerai d'uranium naturel. Le rendement des centrales n'est en outre que de 33% : en effet, pour produire de l'électricité, nous ne savons pas faire autrement que de produire de la chaleur, puis transformer cette chaleur en électricité, d'où une déperdition très importante d'énergie lors de la conversion.


Centrale nucléaire de Chinon (Indre-et-Loire)

Il existe cependant de nombreuses recherches visant à améliorer le fonctionnement des centrales actuelles, en utilisant la surgénération, un procédé devant équiper les centrales de 4ème génération[1] :

  • Meilleur rendement : la quasi totalité du minerai pourrait être utilisée, plus seulement les 0.7% d' 235U actuels. C'est donc plus de 10000 ans de production d'énergie qui sont assurés ainsi.

  • Valorisation du plutonium : si le nucléaire actuel est arrêté, alors le plutonium restera à l'état de déchet très encombrant, pour plusieurs générations à venir. En revanche, la surgénération permet de réutiliser ce plutonium pour en faire un élément précieux de la réaction de surgénération.

  • Moins de déchets : avec les avancées technologiques, il serait même possible d'améliorer encore le processus et d'utiliser d'autres matériaux, en particulier le thorium. Ces technologies recyclent tous les matériaux lourds, limitent drastiquement la production et le stockage de déchets radioactifs ultimes.

Quels que soient les avantages du nucléaire, il présente un inconvénient qui n'a pas aujourd'hui de contre mesure : en effet, il ne permet pas de répondre à une demande d'énergie immédiate ou de pointe, sa mise en route est longue et ne peut répondre à tous les types de demandes énergétiques. Le "tout nucléaire" n'est donc pas envisageable, quoiqu'il arrive.

_________________________________
1. L'EPR, qui fait beaucoup parler de lui en ce moment, est la 3ème génération de réacteur (meilleur rendement, moins de déchets). La 4ème génération correspond aux recherches qui avaient été entreprises avec le réacteur Superphénix, qui a été stoppé en 1997 par le gouvernement Jospin sous la pression de l'opinion, bien que la Cour des Comptes avait estimé que l'arrêt de Superphénix serait plus coûteux que la poursuite de son activité. En outre, la France a pris au moins plusieurs décennies de retard dans les recherches sur ce type de réacteur.

Enfin, il existe le projet ITER, actuellement en cours de développement, qui exploite les technologies de la fusion de l'atome (avec de l'eau de mer comme combustible !), mais dont l'exploitation industrielle ne pourra vraisemblablement pas voir le jour avant 2050. Son exploitation ne produira plus que des déchets radioactifs à très courte vie, et ne risquera pas de provoquer des accidents de type fuite d'éléments radioactifs.

finipe, 02h29 :: :: :: [2 provocations]

:: COMMENTAIRES

 Armand, le 17/03/2008 à 16h10

Pour des informations récentes sur les réserves et la production d'uranium, voir ces tableaux :
[http]

D'autres articles bien informés se trouvent aussi dans le dossier sur le nucléaire de ce site.

 Zéphir , le 12/06/2008 à 21h34

très bonnes infos, merci

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