Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

Je suis
fait comme
un rat !
J'ai
faim
En vérité je vous le dis, l'ignorance escalade horizontalement l'intelligence, de sorte que la mort s'enrichit en atteignant l'enfer de l'individualisme
La Piscine ::
Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

14 Avril 2007 ::

« Amy Elizabeth Thorpe - Nom de code : Cynthia »

:: Histoire contemporaine, 1942

Recrutement et débuts d'une espionne

Durant la seconde guerre mondiale, la Grande Bretagne fit de très gros efforts pour percer les secrets de la cryptographie ennemie. L'une des armes méconnues de cette bataille fut une femme du nom de Amy Elizabeth Thorpe, une ravissante américaine née le 22 novembre 1910 à Minneapolis. A dix-neuf ans, elle épouse un diplomate anglais. Le mariage dure onze ans, et se termine par un divorce : Amy Elizabeth Thorpe a 30 ans. C'est alors qu'elle est recrutée par la British Security Coordination, le service de renseignements britannique aux Etats-Unis : son nom de code au sein de cette organisation devient Cynthia.

Très rapidement, elle reçoit une mission d'importance : s'emparer du chiffre de la marine italienne. A cet effet, elle fait en sorte de rencontrer l'amiral italien Alberto Lais à l'ambassade italienne de Washington, et le séduit en quelques semaines à peine. Lais est tellement sous le charme qu'elle n'a même pas à se cacher, et lui révèle sans hésiter qu'elle est espionne et qu'elle veut les codes de chiffrement de la marine. L'amiral italien, malgré son âge et sa grande expérience, obéit sans sourciller : peu de temps après, des copies de ces codes sont entre les mains du gouvernement britannique.

Selon certaines allusions de Winston Churchill, il semblerait que cette réussite de Cynthia ait très largement contribué à la domination de la flotte britannique en méditerranée orientale : durant la bataille du cap Matapan notamment[1], plusieurs croiseurs italiens sont coulés ou mis hors de combat. L'amiral Alberto Lais quant à lui, finit par être suspecté et expulsé de son ambassade et des Etats-Unis : sur le quai du départ, c'est avec Cynthia qu'il passe ses derniers instants, ignorant sa propre famille en larmes...


Amy Elizabeth Thorpe
alias Cynthia

Contre le gouvernement de Vichy

Après le départ d'Alberto Lais, Cynthia est affectée à une nouvelle mission : infiltrer l'ambassade de France aux Etats-Unis. Elle se fait passer pour une journaliste et obtient un rendez-vous avec l'ambassadeur ; tandis qu'elle attend pour cette entrevue, elle fait connaissance avec le capitaine Charles Brousse[2], attaché de presse de l'ambassade. Peu de temps après, elle le séduit, et encore une fois, sûre de son empire sur le capitaine français, elle lui avoue être une espionne et le convainc de travailler pour la France libre, contre le gouvernement de Pierre Laval.

Après la transmission de quelques documents relativement importants, Churchill exige d'obtenir le chiffre de la marine française : Cynthia demande à son amant de le lui procurer, mais ce dernier ne peut l'obtenir, affirmant que seules deux personnes ont accès à ces codes, à savoir le chef de la section du chiffre et son adjoint. Cynthia tente de les approcher l'un et l'autre mais échoue. Elle change alors de tactique et utilise la ruse : elle se présente accompagnée de Charles Brousse devant l'ambassade, tardivement, et dit au gardien qu'il est bien délicat de trouver une chambre d'hôtel libre par ces temps de guerre... Moyennant un confortable pourboire, les deux amants passent la nuit sur un divan, à l'ambassade.

Nuit après nuit, ils recommencent et endorment la vigilance du gardien. Ainsi, une nuit de juin 1942, ils sortent d'un taxi, l'air passablement éméché, une bouteille de champagne à la main, et proposent au gardien de trinquer avec eux. Ce dernier accepte bien volontiers et ne tarde pas à sombrer dans un sommeil chimique des plus profonds... Le conducteur de taxi, en réalité expert en serrurerie, entre alors dans l'ambassade et entame l'ouverture du coffre fort du département du chiffre : il y passe plus de trois heures, si bien qu'il est trop tard pour faire des copies.

Le surlendemain, il s'agit donc de pouvoir revenir et dupliquer les codes : Cynthia et Brousse se représentent donc à l'ambassade, mais le gardien est devenu soupçonneux. Heureusement, Cynthia pressent que celui-ci va tenter quelque chose, et, vingt minutes après l'arrivée des amants dans l'ambassade, le gardien entre effectivement dans la pièce par surprise : il trouve Cynthia entièrement nue ! Confus, il se retire en bredouillant des excuses... La voie est libre : le serrurier rentre par la fenêtre, rouvre le coffre, et deux heures après, les documents sont dupliqués et remis en place comme si de rien n'était !

Grâce à ces documents, les Alliés purent ensuite contrôler les mouvements de la flotte française de Vichy dans les rades de Toulon, Alexandrie ou Casablanca, et préparer efficacement le débarquement en Afrique du nord qui eut lieu en novembre 1942. Suite à cette mission, cette Mata Hari de la seconde guerre mondiale continua de travailler autant pour les services britanniques qu'américains. Sur son rôle et ses méthodes, elle déclare :

Honteuse ? Pas le moins du monde. Mes supérieurs m'ont dit que les résultats de mon travail avaient sauvé des milliers de vies britanniques et américaines. Cela m'a impliquée dans des situations devant lesquelles les femmes "respectables" reculent, mais j'étais totalement engagée. On ne gagne pas les guerres avec des méthodes respectables.


_________________________________
1. Grèce, le 29 mars 1941.

2. Elle l'épousera à la fin de la guerre.

finipe, 02h24 :: :: :: [6 obscénités]

:: COMMENTAIRES

 finipe , le 14/04/2007 à 02h28

Désolé pour la très mauvaise qualité de la photographie, mais je n'ai pas pu trouver mieux. Si quelqu'un connaît un bouquin où je puisse récupérer un meilleur cliché, je suis preneur !

 Viou , le 14/04/2007 à 14h07

C'était drôlement intéressant !!

 Faust, le 14/04/2007 à 18h55

Excellent billet mon ami !!!

Une histoire peu connu, d'une femme lucide et inventive, je suis content de m'endormir une nouvelle fois moins idiot grâce à ta magnifiscence !!!! (pour mon chèque, on s'arrangera plus tard)

 Marcoroz , le 09/04/2008 à 20h58

Des photocopies ? Durant la Seconde guerre mondiale ? La photocopie existait déjà à cette époque ?

 finipe , le 10/04/2008 à 00h31

Hmm certes certes, le préfixe "photo" semble de trop ! Merci de souligner ce fâcheux anachronisme, je corrige tout de suite (après vérification, la première photocopieuse semble avoir vu le jour dans les années 40, mais sa commercialisation n'apparaît que dans les années 70 ; je me coucherai moins con ce soir).

 Gabriel , le 19/05/2013 à 15h16

Bonjour.

Je traite actuellement de ce personnage de part mon
métier ( guide conférencier).

Je dispose d'une photo de meilleure qualité. Si vous
souhaitez la récupérer contactez moi par courriel.

Cordialement.

Gabriel Rivas

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