Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

Comme disait Joffre, je les grignote !
Ta
gueule
Ces temps-ci, l'on dévore amoureusement la religion. C'est pourquoi la perfidie s'oublie en rampant depuis l'extase du post-modernisme
Saint Tobustin ::
Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

20 Avril 2008 ::

« La bête du Gévaudan »

:: Histoire moderne, 1767

En juin 1764, un animal féroce fait son apparition dans la région du Gévaudan, tuant et mutilant plusieurs personnes. La cour du Roi Louis XV commençe en fait vraiment à s'en soucier en novembre, soit cinq mois plus tard, lorsque paraît cet article dans la Gazette de France :

Une bête farouche a déjà dévoré une vingtaine de personnes, surtout des enfants et particulièrement des jeunes filles... Ce n'est que depuis huit jours qu'on a pu la voir de près... Le redoutable animal est beaucoup plus haut qu'un loup, bas du devant. Ses pattes sont armées de griffes. Il a le poil rougeâtre, la tête fort grosse, longue et finissant en museau de lévrier, les oreilles petites et larges comme des cornes, le poitrail fort large et un peu gris, le dos rayé de noir, une gueule énorme armée de dents si tranchantes qu'il a séparé plusieurs têtes du corps comme pourrait le faire un rasoir. Il a le pas lent, court en bondissant, il est d'une agilité et d'une vitesse surprenantes. Dans un intervalle de temps fort court, on le voit à deux ou trois lieues de distance. Il s'approche de sa proie le ventre à terre et en rampant ; il ne paraît pas alors plus gros qu'un renard. A une ou deux toises de distance, il se dresse sur ses pattes de derrière et s'élance sur sa proie qu'il prend toujours au cou par derrière ou par le côté. Il craint les boeufs qui le mettent en fuite.

Devant les supplications des gens du Gévaudan, Louis XV commençe par envoyer les dragons : dix-sept cavaliers et quarante fantassins, sous les ordres du capitaine Duhamel, arrivent sur les lieux dès novembre 1764. Ceci, n'en doutons pas, fait le ravissement des Cévenols qui gardent un souvenir impérissable des dragonnades (persécutions de protestants, très nombreux dans cette région) sous Louis XIV. En un mois de battue, les soldats aperçoivent la Bête plusieurs fois. Duhamel a même le loisir de lui tirer dessus, mais il la manque. Il nous la décrit comme un animal de la taille d'un taureau d'un an avec des pattes d'ours et des yeux de veau. Selon lui, le père de la Bête doit être un lion, mais il reste à savoir qui en est la mère (!!?). Selon les témoins de l'époque, la population se félicite de leur départ, préférant encore affronter la Bête que de les supporter un jour de plus...


Entre temps, le Roi a offert une prime de 6000 livres (une petite fortune pour l'époque) à qui tuerait la Bête. Il mandate tout particulièrement un célèbre chasseur Normand, Denneval. Celui-ci, avec son fils, ses piqueurs, ses domestiques et ses chiens, arpente toute la région sans relâche pendant 4 mois, entre février et mai 1765... Sans jamais voir la Bête, tandis que celle-ci s'en donne à coeur joie en pulvérisant chaque mois son record de victimes, pour culminer à sept pour le seul mois de mai 1765. Un journal Anglais se délecte des déboires de Louis XV (nos amis les rosbeefs sont évidemment en guerre contre nous à cette époque) en faisant paraître l'article suivant : « une armée française composée de 120.000 personnes a été vaincue par la Bête du Gévaudan. Celle-ci a dévoré 25.000 cavaliers français, ainsi que l'artillerie »...

Le monarque se fâche tout rouge et envoie sur place son lieutenant des chasses, un certain François-Antoine de Beauterne, âgé de 70 ans. Il arrive dans le Gévaudan le 20 juin 1765, accompagné de son fils, de 14 garde-chasses, de chiens transportés à dos d'âne (lequel des deux faut-il plaindre ?), suivis des rabatteurs à pied... Au mois de juillet, la Bête égale son record de 7 victimes. Cependant, le 18 septembre, avec l'aide de 40 chasseurs recrutés sur place, notre équipée parvient enfin à cerner la Bête dans un bois. Beauterne lui tire dessus et la touche. Blessée, elle s'écroule, puis se releve et se dirige sur son agresseur qui appele au secours. Un garde-chasse arrive in extremis pour achever la bestiole. C'est un loup énorme avec des flancs rougeâtres et une raie noire sur le dos. On le fait empailler et transporter à Versailles pour le montrer au Roi. Le brave lieutenant des chasses reçoit 1000 livres de pension et la Croix de St-Louis. Son fils reçoit le commandement d'une compagnie de cavalerie et l'autorisation de faire figurer la Bête sur ses armoiries.

Malheureusement pour eux, la Bête recommence à tuer peu après. Le Roi en est averti, mais ne veut rien entendre : comment ose-t-on prétendre que cet animal vit encore ? Il est mort, puisque lui, Louis quinzième du nom et seul maître après Dieu, l'a décrété. Les Cévenols comprennent alors qu'ils n'ont plus rien à attendre de leur Roi. La Bête continue à tuer jusqu'au 18 juin 1767, date à laquelle elle est enfin abattue par un vieux paysan, Jean Chastel. Ce loup énorme, en 3 ans de sanglante carrière, a fait plus de 100 victimes.

draleuq, 23h39 :: :: :: [5 déclarations d'amour]

:: COMMENTAIRES

 draleuq , le 22/04/2008 à 20h42

moi aussi je suis à la masse... pour casser le carrelage :)

 Jarnac, le 25/04/2008 à 14h55

Certains "historiens" ont accusé Chastel d’être un tueur en série qui aurait entraîné des chiens loup à tuer, ce qui explique beaucoup de détails mais rajoute encore plus d’interrogations.

 finipe , le 25/04/2008 à 18h03

Effectivement, Chastel semblait être un personnage plutôt trouble. Je suis tombé sur l'émission "Secret d'Histoire" sur France 2, qui parlait précisément de la bête du Gévaudan ; c'était assez intéressant.

 dotsie , le 26/04/2008 à 20h19

Je vais marcher dans le coin dans uen petite dizaine
rassurez-moi la région est sûre ?

 draleuq , le 27/04/2008 à 12h45

Sûre oui, si t'as pas peur d'être mouillée.
Les Cévennes sont le coin le plus pluvieux de France, mais c'est magnifique.

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