Peu d'entre nous doivent pouvoir se targuer de n'être point des clients réguliers de ces succursales de la toute puissante consommation que sont les supermarchés. Bon gré mal gré, il faut bien avouer que ces magasins possèdent d'innombrables avantages : moins chers, concentrant tous les produits dont on peut avoir besoin au quotidien, pratiques, organisés. Bref : indispensables. Ces lieux de débauche ont toutefois en juste retour des choses une floppée d'inconvénients, dont il serait probablement assez vain — voire obscène — de dresser une liste. L'on peut en revanche citer l'un de leurs défauts majeurs : ils sont remplis de gens.
Ces gens ont à leur tour probablement une batterie de qualités diverses et variées, mais ils ont surtout un tombereau de défauts tous plus handicapants les uns que les autres : ils puent la cigarette et/ou la sueur et/ou la vinasse (le défaut olfactif est des plus incommodants), ils parlent fort, ils se foutent en travers des rayons avec leurs chariots, au mépris de l'obstruction du passage ainsi créée, ils se pressent les uns contre les autres, attirés par quelque inexplicable et ontologique instinct grégaire, bref, ce sont des
gens. Ils existent, et chaque espace que l'on tente d'occuper paisiblement est systématiquement à moitié rempli de leur pénible présence.
Mais, au-delà de toutes ces considérations, il demeure un comportement qui est particulièrement tangible dans les supermarchés, en particulier aux abords des garages à chariots. Mais si, vous savez ! Ces longues files de chariots emboîtés les uns dans les autres, tels des chapelets de boîtes de conserves sodomites... Depuis longtemps munis d'un procédé antivol consistant à y insérer un jeton ou une pièce d'un euro, ils attendent sagement deux types de client : Le client qui arrive pour faire ses courses, et qui
prend le chariot, et le client qui repart après avoir fait ses courses, et qui
rend le chariot.
Généralement, il y a au moins deux files de chariots rangés. Eh bien, après une longue et rigoureuse étude comportementale, il ressort un fait statistiquement significatif : il y a presque toujours une file ne comportant que deux ou trois misérables chariots miteux, tandis que l'autre est pleine à craquer de dizaines de chariots, tant et si bien que cette file déborde de l'emplacement qui lui était assigné, allant même parfois jusqu'à gêner la circulation des piétons et des véhicules. Notons au passage que la mécanique des fluides chariotesques est une science encore méconnue, et dont les développements actuels laissent penser qu'elle serait d'une étonnante complexité, la moindre feuille de salade pourrie oubliée au fond d'un chariot pouvant perturber durablement les flux.
Observons donc un client qui vient de faire ses courses et qui range son chariot : que fait-il ? Il se dirige vers les deux files, et, voyant pourtant parfaitement que l'une des deux files est pleine, il remet quand même son propre chariot dans cette dernière. Il ajoute sciemment un grain de sable supplémentaire qui grippera encore un peu plus les rouages organisationnels du supermarché. Et pourquoi ? Parce que cet individu est une LARVE, et que ça lui ferait trop mal de bouger son GROS CUL et faire quatre mètres et demi de plus avec son chariot vide pour le ranger là où ça ne gênera personne.
Comme l'avait fait indiquer
Richelieu sur les canons du roi : « Ultima ratio regum ». Je suggère donc qu'on applique à ces gens la bastonnade à coups de poireaux, histoire de leur apprendre le civisme. Non mais oh !