Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

Je vais te
ratiboiser
la colline !
C'est pas faux
Malheureusement, Dieu assassine inévitablement son destin. C'est ainsi que l'amour s'évade, se précipitant vers l'enfer des sens
Jean-Sol Partre ::
Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

27 Mars 2008 ::

« Fuck-tionnaire ! »

:: Métroboulododo

La situation : dans le cadre d'une étude, il s'avère que la station d'épuration de Floumiers-les-Glaviouses n'a pas la capacité d'absorber un surcroît d'activité. Une extension de ladite station est prévue, dans un délai et des proportions qui me sont inconnus : je téléphone donc à la communauté de commune, vers qui la "compétence" a été transférée pour tout ce qui concerne l'assainissement des eaux usées. Le monsieur du service urbanisme de la mairie de Floumiers-les-Glaviouses semble d'ailleurs bien heureux de cela, puisqu'il n'a plus à se préoccuper de quoique ce soit à ce propos, et par conséquent il ignore presque tout du détail de ce qui se passe dans sa propre commune en matière d'urbanisme. Etonnant paradoxe pour un monsieur qui travaille précisément au service urbanisme... Bref, au fait :


Mardi, 15h30, j'appelle :

— [30 secondes] Biiiiip... biiiiiip... biiiiiip
— [Bruit de répondeur] Bonjour. La communauté de communes est ouverte le lundi et mardi de 10h à 11h30, le mercredi et jeudi de 10h à 11h30 et de 14h à 16h, et le vendredi de 14h à 16h30.



Mercredi, 14h05, je rappelle :

— [45 secondes] Biiiiip... biiiiiip... biiiiiip


Mercredi, 14h30, je rarappelle :

— [20 secondes] Biiiiip... biiiiiip... biiiiiip
— Communauté de communes, bonjour.
— Bonjour madame ; finipe, pour la société Schmurtz & associés. Je mène une étude actuellement pour la commune de Floumiers-les-Glaviouses, et j'aurais besoin de quelques renseignements concernant la station d'épuration s'il vous plaît.
— Un instant, je vous passe le service.
— Merci.
— [Série de bips assez pénibles, pendant 30 secondes au moins]
— Allô ?
— Bonjour madame ; finipe, pour la société Schmurtz & associés. Je mène une étude actuellement pour la commune de Floumiers-les-Glaviouses, et j'aurais besoin de quelques renseignements concernant la station d'épuration s'il vous plaît.
— Vous êtes monsieur ?
— Monsieur finipe, pour la société Schmurtz & associés.
— Un instant, je vous passe le service.
— [Série de bips identiques, pendant plus d'une minute]
— Allô monsieur, j'essaye de joindre monsieur Bozo, mais il est en réunion tout l'après-midi.
— Ah, et peut-être pourrais-je le joindre plus tard, après sa réunion ?
— Non, non ça ne va pas être possible. Je peux lui envoyer un message si vous voulez.
— Oui, faisons cela alors : il s'agit de connaître le planning et la nature des travaux prévus pour la station d'épuration de Floumiers-les-Glaviouses.
— Bon, je lui envoie un message, en lui demandant de vous rappeler alors.
— Merci beaucoup, au revoir.


Bien entendu, le lendemain à 14h, personne n'avait encore rappelé, et il me fallait cette information rapidement pour pouvoir terminer mon dossier à temps, satisfaire mon client, et être payé à l'heure, pour pouvoir à mon tour payer mes cotisations, salaires et compagnie à temps. Je décroche donc mon téléphone.


Jeudi, 14h30, j'appelle :

— [20 secondes] Biiiiip... biiiiiip... biiiiiip
— Communauté de communes, bonjour.
— Bonjour madame ; finipe, pour la société Schmurtz & associés. Est-ce que Monsieur Bozo est là s'il vous plaît ?
— Excusez-moi, je n'ai pas compris votre nom.
— [en articulant distinctement] Monsieur finipe, pour la société Schmurtz & associés.
— Un instant, je vais voir.
— [Série de bips in-ter-mi-na-ble !]
— Allô ? Monsieur Bozo est en réunion tout l'après-midi.
— Ah bon... Est-ce que je peux le joindre en fin d'après-midi peut-être ?
— C'est-à-dire que le standard ferme à 16h30.
— Dans ce cas-là, vous pourriez me donner le numéro direct de Monsieur Bozo, non ?
— Ah non monsieur, on n'a pas le droit...
— Oh ne vous en faites pas, je ne compte pas le harceler : j'ai juste une question très simple à poser, qui ne prendrait que 3 minutes du temps de Monsieur Bozo.
— Ah oui mais on n'a pas le droit de donner les numéros de ligne directe.
— Bon alors dans ce cas, peut-être y a-t-il une autre personne que Monsieur Bozo qui serait susceptible de me répondre : les informations dont j'ai besoin ne sont pas très techniques, elles sont d'ordre général.
— Non, non, désolée, c'est Monsieur Bozo qui s'occupe de ça. Je vais lui renvoyer un message.
— Et moi je rappellerai demain alors.
— C'est-à-dire que demain Monsieur Bozo ne travaille pas.
— [dépité] Bon, eh bien tant pis. Au revoir madame.


Conclusion : après 3 jours de démarches, je n'ai toujours pas ma réponse. J'y ai pourtant investi du temps et de l'énergie (il faut noter les gens à rappeler, s'interrompre dans ce qu'on fait pour téléphoner, patienter de longues minutes pendant les "bips", etc.), en pure perte : je n'ai pas ma réponse, je ne sais pas quand je pourrai l'avoir, et je ne peux donc pas terminer mon dossier, ni envoyer ma facture, ni être payé, ni me payer à mon tour. En revanche, il va falloir que je paye mes cotisations, et sans un jour de retard, sans quoi la sanction sera immédiate et sans appel.

Finalement, l'arme ultime du technocrate, c'est la secrétaire. Ces pauvres filles doivent composer avec la lâcheté de leurs connards de supérieurs, bien trop occupés pour prendre 3 minutes de leurs précieux temps et répondre à une question fondée et simple, émanant d'un bureau d'étude travaillant sur un projet qui les concerne pourtant directement.

finipe, 16h50 :: :: :: [15 poignants panégyriques]