25 Décembre 2011 ::
« Le malheur des uns... »
:: Les dérapages du rat
draleuq, 18h23 ::
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:: [2 sarcasmes grinçants]
24 Décembre 2011 ::
« Penmarc'h : grandeur, décadence et mythe - 3ème partie »
:: Histoire contemporaine, 1893
L'époque romantique
De l'époque de la grandeur de Penmarc'h, il reste des témoignages comme celui du saintongeais Jean Fonteneau qui écrit en 1544 : «
Pesmarc est un grand peuple et ont force navires, les meilleurs de toute la Basse-Bretaigne », mais aussi des témoignages datant de l'époque du sac de La Fontenelle. Chroniqueur des guerres de la Ligue en Cornouaille, le chanoine Moreau vers 1600, est le premier à oser un chiffre : «
Les habitants de Penmarc'h, lors en grand nombre, se glorifiaient de leurs forces, car ils pouvaient bien fournir 2500 arquebusiers, comme voulant faire une république à part. »
Nous avons également vu que
Sourdéac, l'ennemi juré de La Fontenelle, avait probablement démesurément gonflé les chiffres pour charger au maximum le brigand ligueur.
Au XIXème siècle, en pleine période romantique, ce sont plutôt ces derniers témoignages, renforcés par l'impression produite sur les voyageurs par la quantité d'amas de ruines qui subsistent encore à cette époque sur le territoire de la commune bretonne, qui vont influencer les écrivains, pour le plus grand malheur de la réalité historique.
Déjà, en 1799, Jacques Cambry écrit dans son « voyage dans le finistère » : «
J'ai parlé des ruines de Penmarc'h, elles annoncent une très grande population : elles sont pour les habitants du pays les ruines de la ville d'Ys. »
Jean-François Brousmiche écrit, 30 ans plus tard : «
si l'on en croit les habitants, la ville florissante dont le hameau faisait partie s'étendait bien au-delà des limites que la mer lui assignent aujourd'hui. Elle en a, disent-ils, envahi une partie. Ils affirment que l'on distingue facilement sur la masse des rochers nommés les Etocs des débris d'habitations, et qu'à marée basse on peut encore même descendre des marches d'escaliers qui sont entièrement conservés. » (Voyage dans le Finistère 1829, 1830, 1831)
Les fameux rochers des Etocs, vus de la pointe de Penmarc'h. Les ruines d'une ville là-dedans ? Avec un peu d'imagination, allez...
En 1835, le chevalier de Fréminville réédite et annote Cambry : «
Vers le soir, je vis se dessiner à l'horizon un amas de ruines que surmontaient de distance en distance les tours massives de quelques grandes églises : c'était la ville de Kérity-Penmarc'h, jadis importante et florissante... » (« Les antiquités du finistère »)
Dans « Finistère 1836 », Emile Souvestre écrit : «
si l'on se rapporte à la tradition du pays, Penmarc'h fut autrefois aussi considérable que Nantes. »
Charles Nodier ajoute son illustre nom à la légende dans le tome consacré à la Bretagne du monumental « Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France », paru en 1845.
Des sommets sont atteints en 1893, dans « Les bigoudens de Pont l'Abbé et les pêcheurs de Penmarc'h et de la baie d'Audierne » de Gabriel Puig de Ritalongi. Pour sa part, «
Penmarc'h comptait de 15 000 à 20 000 habitants, quoique quelques auteurs évaluent sa population à 30 000, et d'autres à 40 000 habitants ! »
Comme on le voit, ces braves chroniqueurs romantiques avaient une forte tendance à s'en remettre au témoignage des riverains, qui, bien qu'étant bretons et non marseillais, semblaient avoir une vaste tendance à l'extrapolation.
Quelques historiens sérieux s'efforcent de calmer les esprits, mais il faudra attendre les années 1960 pour que Penmarc'h trouve sa juste place, grâce aux archives portuaires de Bordeaux, de La Rochelle, d'Angleterre, des Flandres et de Zélande.
Plus probablement, la population de Penmarc'h atteignit, à son apogée vers 1500, la barre des 10 000 habitants, ce qui reste malgré tout considérable, quand on sait que Nantes, cette année-là, abritait 14 000 âmes, et Rennes 13 000 !
La légende de la Ville d'Ys
La version la plus ancienne de la légende d'Ys, écrite par Pierre Le Baud, date de 1495. La princesse Dahut n'y apparaît même pas. L'engloutissement d'Ys y est la punition de ses habitants pour leurs péchés. La première apparition de Dahut se fait dans « La Vie des Saints de Bretagne Armorique », d'Albert Le Grand, en 1636. Plusieurs versions courtes et romantiques se succèdent au XIXème siècle, dont une de Guy de Maupassant (1883). La première version longue et complète, résumée ci-dessous, où la Reine du Nord Malgven fait son apparition, ne date que de 1926. Elle est de Charles Guyot.
Le Roi Gradlon habitait en Cornouaille. Il possédait une flotte nombreuse, était excellent marin et gagnait souvent ses combats, pillant alors les navires ennemis et remplissant ainsi ses coffres d'or.
Un jour ses marins, fatigués de se battre dans des pays froids, se rebellèrent, beaucoup d'entre eux étant morts durant l'hiver. Ils regagnèrent leurs navires et mirent le cap vers leur terre, la Bretagne. Le Roi Gradlon les laissa partir et se retrouva seul, dans une nuit froide.
Tout à coup le roi aperçut, blanche dans le clair de lune et vêtue d'une cuirasse, une femme aux longs cheveux roux. C'etait Malgven, la Reine du Nord, souveraine boréale régnant sur les pays froids. Elle dit au Roi Gradlon: "Je te connais, tu es courageux et adroit au combat. Mon mari est vieux. Toi et moi allons le tuer. Ensuite, tu m'emmèneras dans ton pays de Cornouaille." Ils tuèrent le vieux roi du Nord, remplirent un coffre d'or et enfourchèrent Morvarc'h, le cheval magique de Malgven, et rejoignirent les bateaux de l'armée de Gradlon. Une violente tempête arriva, éparpillant les bateaux sur l'océan.
Gradlon et Malgven restèrent une année entière sur la mer. Un jour, sur un bateau, Malgven donna naissance à un enfant, une fille qu'ils appelèrent Dahut. Mais la Reine mourut en couches. Le Roi Gradlon et sa fille Dahut rentrèrent en Cornouaille. Mais le roi était si triste qu'il ne sortait plus jamais de son chateau. Dahut grandissait, elle était belle comme sa mère. Le Roi Gradlon aimait jouer avec les boucles de ses longs cheveux blonds. Dahut aimait beaucoup la mer. Un jour elle demanda a son père qu'il lui construise une ville au bord de la mer
Gradlon adorait sa fille et accepta. Plusieurs milliers d'ouvriers furent mis au travail et construisirent une ville qui semblait sortir de la mer. Pour la défendre des hautes vagues et des tempêtes, il fut construit une très haute digue encerclant la ville, avec une unique porte de bronze qui y donnait accès. Le Roi Gradlon seul en possédait la clé. On l'appela ville d'Ys
Les pêcheurs, chaque soir, voyaient sur la plage un femme qui chantait fort, peignant ses longs cheveux blonds. C'était la princesse Dahut. Elle disait "Océan, bel Ocean bleu, roule moi sur le sable, je suis ta fiancée, Océan, toi qui retournes comme tu le veux bateaux et hommes, donne moi les navires somptueux des naufrages et leurs richesses. Fais venir dans ma ville de beaux marins que je pourrai regarder."
La ville d'Ys devint alors un endroit où l'on s'amusait, la ville s'emplit de marins. Chaque jour voyait de nouveaux festins, des jeux, des danses.
Chaque jour, la princesse Dahut avait un nouveau fiancé. Le soir, elle lui mettait un masque noir sur le visage, il restait avec elle jusqu'au matin. Dès que le chant de l'alouette se faisait entendre, le masque se resserrait sur la gorge du jeune homme et étouffait le fiancé de la nuit. Un cavalier prenait alors le corps sur son cheval pour aller le jeter dans l'Océan, au delà de la baie des Trepassés.
Un jour, un chevalier étrange arriva dans la ville d'Ys, habillé de rouge. Il passa ses longues mains dans les beaux cheveux blonds de la princesse. Soudain, un grand coup de vent heurta les murailles de la ville d'Ys. "Que la tempête rugisse, les portes de la ville sont solides et c'est le Roi Gradlon, mon père, qui en possède l'unique clé », dit Dahut. "Ton père le roi dort, tu peux maintenant t'emparer de cette clé", répliqua le chevalier.
La princesse Dahut entra dans la chambre de son père, s'approcha doucement de lui et prit la clé. Son père se réveilla et elle lui dit: "Père, vite, prenons le cheval Morvarc'h, la mer a renversé les digues". Le roi prit sa fille sur le cheval, la mer était déchaînée. Dahut se serrait contre son père et lui dit: "Sauvez-moi, mon père!" Il y eut alors un grand éclair et on entendit une voix qui disait "Gradlon, lâche la princesse"
Une forme pâle comme un cadavre apparut, enveloppée dans un grand vêtement brun. C'était Saint Guénolé, qui dit à la princesse: "Malheur à toi, tu as voulu voler la clé de la ville d'Ys!" Dahut suppliait: "Sauvez-moi, emportez-moi au bout du monde!" Saint Guénolé répéta son ordre à Gradlon alors celui-ci, furieux, poussa sa fille dans la mer. Les vagues se refermèrent sur la princesse. La mer engloutit alors la ville d'Ys, dont tous les habitants périrent noyés.
Le cheval du roi repartit, bondissant sur les plages puis au travers des prés et des collines, galopant toute la nuit. Gradlon arriva enfin dans la ville ou deux rivières se rejoignent entre sept collines, Quimper. Il décida d'en faire sa capitale et y vécut le restant de ses jours. A sa mort, on sculpta sa statue dans du granit. Cette statue est aujourd'hui élevée entre les deux tours de la cathédrale Saint Corentin à Quimper. Elle représente le Roi Gradlon, à cheval, regardant en direction de la ville disparue.
Les tours de la Cathédrale St Corentin de Quimper. A noter que plusieurs versions de la légende d'Ys parlent du Moine Corentin, futur St Corentin, accompagnant St Guénolé dans ses tentatives de convaincre les habitants de la ville légendaire de cesser leurs sacrilèges et/ou d'accepter la construction d'une église dans leurs murs.
Certains racontent que Dahut, après sa mort, devint une sirène et qu'elle apparait aux pêcheurs les soirs de lune, peignant sa longue chevelure d'or. Ils appellent cette sirène la Marie Morgane. Ils disent aussi que par temps très calme on peut entendre sonner les cloches de la cité disparue.
La légende rapporte que la ville d'Ys s'élevait dans la baie de Douarnenez. Le lieu-dit Pouldavid, quelques kilomètres a l'est de la ville de Douarnenez, est la forme francisée de "Poul Dahut", le "trou de Dahut" en breton, et indique l'endroit ou la princesse fut engloutie par les flots.
On dit aussi que la ville d'Ys était la plus belle capitale du monde et que Lutèce fut baptisée Paris car "Par Ys" en breton signifie "pareille à Ys"
[1].
On voit donc que la « version officielle » de la légende, si tant est qu'il y en ait une, fixe les ruines de la Ville d'Ys dans la baie de Douarnenez, et non à la Pointe de Penmarc'h. Si certains auteurs assez peu scrupuleux ont pu suggérer dans la période romantique le déplacement de cette légende à Penmarc'h, on voit bien que c'est sous l'influence des paroles des riverains. Pourquoi cela ? Était-ce pour concurrencer les pêcheurs voisins Douarnenistes ? Pour attirer les prémices du tourisme, à une époque où cette légende était en plein boom, notamment sous l'influence de Maupassant ?
Et pour finir, quelques vues du Port de St Guénolé à Penmarc'h, aujourd'hui quatrième de Bretagne (premier pour la sardine.) Cette double palissade de béton ressemble furieusement au mur de l'atlantique, mais ce n'est pas des alliés qu'elle protège, mais de la mer... Et ce n'est pas un vain mot, lorsque l'on sait que pendant les tempêtes, l'écume parvient malgré tout à inonder les quais. On peut s'en faire une idée sur la photo du bas, où un rouleau s'écrase à marée basse sur les rochers un peu au large du port, par une journée plutôt calme. On prend dès lors pleinement conscience de la raison pour laquelle les marins bretons étaient si incontournables au XVI ème siècle lorsqu'il s'agissait de caboter dans ces zones...
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1. Totalement fantaisiste bien sûr. Le nom de Paris provient de la tribu gauloise des parisii qui occupaient sa région durant l'antiquité.
draleuq, 11h09 ::
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:: [1 confession honteuse]
23 Décembre 2011 ::
« Penmarc'h : grandeur, décadence et mythe - 2ème partie »
:: Histoire moderne, 1596
Le déclin
Dès les années 1560, on observe un repli très net du trafic penmarchois dans de nombreux ports, en particulier en Angleterre et dans les Pays-Bas. Ils disparaissent totalement de l'Ile de Walcheren dans les années 1570 après y avoir été omniprésents pendant un siècle.
Ils restent encore bien présents à la Rochelle ou à Bordeaux, mais même là ils sont dépassés par leurs voisins d'Audierne, dans le Cap Sizun. Leur tonnage moyen a également diminué de plus de moitié, pour tomber à 27 tonneaux. Les voilà revenus au stade du cabotage inter-régional.
A cela, plusieurs raisons :
- En 1532, la Bretagne est rattachée à la France. A ce titre, les navires bretons peuvent désormais être pris pour cible par les navires corsaires ennemis de la France.
- Les Hollandais, las d'être ravitaillés par des étrangers, se dotent à partir de 1550 d'une flotte de bateaux, de plus fort tonnage mais avec un moindre coût d'exploitation. Leur meilleur rendement devient une concurrence fatale pour les bretons. De plus, les hollandais s'organisent en compagnies « capitalistes », rationalisent les voies d'échanges. L'individualisme breton, qui a fait merveille pendant 100 ans, ne parvient pas à s'adapter.
- Penmarc'h ne dispose pas d'infrastructures d'accostage ou de débarquement de marchandises, ce n'est en fait qu'un havre d'échouage, base de départ des marins locaux uniquement, à l'exception des bateaux étrangers qui passent juste y prendre ou y déposer un pilote pour s'assurer un passage sans encombre des redoutables raz bretons. L'arrière-pays est rempli de marécages, et si cette inaccessibilité a fait en grande partie la sûreté de l'endroit, elle empêche également le transit des marchandises.
- Les instruments de navigation se sont améliorés, permettant maintenant aux bateaux de passer plus au large des côtes et d'éviter les récifs bretons. Penmarc'h disparaît peu à peu des routes maritimes.
- Les pêcheries et sècheries de merlu, à l'origine de la vocation commerciale de Penmarc'h rappelons-le, sont, à partir de 1520, elles aussi gravement concurrencées par la morue salée ou séchée pêchée à Terre-Neuve, livrée en grandes quantités et à bas prix dans les mêmes ports.
La Chapelle Ste Thumette de Kérity, fondée elle aussi à la grande époque de Penmarc'h, ne possède pas de gravure de bateau, mais elle n'en est pas moins dédiée à la mer, comme le montre ce brancard de procession surmonté d'une maquette de chalutier qui porte le nom du Saint en breton, "Sant Thunvez".
Le sac de La Fontenelle
En mai 1596, un chef ligueur du nom de Guy Eder de Beaumanoir, dit La Fontenelle, vient porter le coup de grâce à Penmarc'h. A la tête de ses mercenaires, il enlève, par la ruse semble-t-il, le « fort de Saint-Nonna », constitué de l'église et du cimetière de St Nonna aménagés en camp retranché, et en massacre les défenseurs, avant de prendre dans la foulée le manoir fortifié de Kerbézec, à Kérity. Les maisons sont pillées, les femmes violées, tous les bateaux à quai (plus de 300 selon le Chanoine Moreau) sont saisis et prennent la direction de l'Ile Tristan, le repaire de La Fontenelle, dans la baie de Douarnenez.
Une garnison de ligueurs reste sur place pendant un an, jusqu'au 23 mai 1597, date à laquelle René de Rieux, marquis de Sourdéac et gouverneur de Brest, reprend Penmarc'h.
Il écrira ensuite : « Il y avait dans le bourg de Penmarc (que j'estime un des plus grands de France), fort grande quantité de petits bourgs de 60 à 80 maisons (…) et auparavant que la rage et le feu de Fontenelles les eust ruinés, c'estoit le plus riche bourg de la Bretagne, et que les Penmarquéens y avaient plus de 500 navires à eulx, sans compter ceux qui mareuyent par toute la France. De plus, j'ai ouy dire qu'avant la guerre y avoit dedans le dit Penmarc dix mille bons mariniers bien armés et expérimentés. Luy fut rapporté par une infinité des habitants dudit Penmarc que toutes les femmes et filles depuis l'âge de sept ans furent violées par Fontenelles et que lui et ses troupes avaient fait mourir plus de cinq mille pauvres paysans de coups de corde, de feu et d'eau et qu'il leur avoist brûlé plus de deux mil maisons. »
Ennemi juré de La Fontenelle, Sourdéac avait tout intérêt à exagérer les chiffres, qui sont sans doute tous à diviser au moins par deux.
Il n'en reste pas moins qu'après ce désastre, la population de Penmarc'h est réduite au chiffre probable de 3000 habitants (trois fois plus au début du XVI ème siècle). Le cabotage ne s'en remettra jamais, le bourg sera même détrôné par l'Ile Tudy, son voisin du Cap Caval, en grande partie d'ailleurs grâce à des transfuges de l'illustre Penmarc'h !
L'église St Nonna de Penmarc'h (1508-1510). Transformée en retranchement, tous les défenseurs y furent passés au fil de l'épée par La Fontenelle et ses sbires.
Guy Eder de Beaumanoir de la Haye, dit La Fontenelle :
Né en 1572 ou 1573 dans un lieu de Bretagne qui reste incertain, dans une famille de petite noblesse, il se rallie dès 1589 à La Sainte Ligue Catholique. A la tête d'une troupe de 400 cavaliers, il ravage en 1590 le Trégor (Tréguier, Lannion, Morlaix...), se distinguant immédiatement par sa cruauté. En 1592, il étend son cercle d'influence aux Montagnes Noires où il pille, incendie, torture, enlève et rançonne (on rapporte que dans ses prisons improvisées, les prisonniers qui mouraient étaient laissés à pourrir à côté des vivants), et aussi viole, sans distinction d'âge faut-il préciser !
Ses excès et sa manière de se comporter plus en brigand sans foi ni loi qu'en chef de guerre de la Ligue finissent par embarrasser ses « chefs ». Mais le 20 mars 1592, il n'hésite pas à débarquer par surprise en pleine réunion des députés aux Etats de la Ligue, à l'auberge du Logis de la Tête Noire, à Vannes, et, s'adressant à l'un d'entre eux : « J'ai entendu que vous estes venu faire plainctes de moy en ces estats mais, par la mort de Dieu, regardez bien ce que vous direz, car selon ce que vous direz, je vous couperez le col ! » Suite à quoi le brigand est arrêté par le Duc de Mercoeur
[1], chef de la Ligue en Bretagne.
Deux mois plus tard, les Ligueurs sont assiégés dans la ville de Craon par un contingent de l'armée royale dirigé par le Prince de Conti et le Duc de Montpensier, aidé d'un contingent de troupes royales anglaises, et d'allemands. De son côté, Mercoeur dispose du soutien de troupes espagnoles. La Fontenelle est alors libéré contre la promesse d'aider la Ligue à Craon, ce qu'il fait brillamment puisque le 24 mai 1592, la Ligue y inflige une cuisante défaite à l'armée royale.
En juillet 1592, La Fontenelle, toujours à la demande de Mercoeur, s'empare du château de Coëtfrec, près de Lannion, mais recommence aussitôt ses pillages. Au printemps 1593, il est assiégé dans ce château par les royaux, commandés par Kergomar. Il finit par se rendre, mais est relâché contre sa promesse de quitter la Bretagne, promesse qu'il ne tiendra pas.
Ainsi en juin 1593, il n'hésite pas à prendre par la ruse possession du château de Granec, pourtant commandé par un seigneur... de la Ligue ! Alors qu'il est parti pour une nouvelle campagne de rapines, plus d'un millier de paysans locaux en profitent pour venir assiéger le château. Mais lorsque La Fontenelle revient, de nuit et par surprise, il en fait un horrible carnage : environ 800 morts qu'il laissera à pourrir à ciel ouvert, à dévorer par les chiens le jour, et les loups la nuit, avec interdiction aux familles de venir récupérer les corps de leurs défunts pour les enterrer dignement, sous peine de mort.
En 1594, La Fontenelle est au sommet de sa carrière. Il ravage la Cornouaille à la tête d'une troupe de plus de 1 000 hommes, et s'empare de Douarnenez, de Chateaulin, de Locronan. Le Duc de Mercoeur, qui commence sans doute à se fatiguer des exactions de cet allié bien encombrant, fait raser le château du Granec, mais le brigand est insaisissable, changeant de lieu à chaque instant. Il enlève Marie Le Chevoir, dame de Pradalen, une riche héritière âgée de 8 ou 9 ans (!) et... l'épouse (!!!)
En juin 1595, il s'installe pour de bon dans l'Ile Tristan, dans la baie de Douarnenez, dont il fait son quartier général qu'il fortifie en faisant raser toutes les maisons et couper tous les arbres alentour. Les habitants des paroisses voisines font appel au Comte du Granec, fils du seigneur ligueur fait prisonnier par La Fontenelle deux ans auparavant. Celui-ci rassemble 2 000 paysans des campagnes avoisinantes à Plogastel Saint-Germain. La Fontenelle sort de l'Ile Tristan avec 400 cavaliers et les attaque de front : 1 500 sont massacrés, Granec est fait prisonnier, mais épargné et libéré par le brigand.
Un peu plus tard, c'est au tour de l'armée royale de venir se frotter à La Fontenelle. Commandée par le capitaine Duprez, elle attaque le repaire du brigand à marée basse, mais Duprez est tué dès le début de l'attaque et les royaux refluent vers Quimper.
En 1598, alors que le Duc de Mercoeur est le dernier chef de la Ligue à faire sa soumission au Roi Henri IV, La Fontenelle bénéficie du pardon et de l'amnistie royale
[2] au même titre que tous les chefs ligueurs. Il est même nommé officiellement gouverneur de l'Ile Tristan.
Ironie du sort, ce ne seront pas ses brigandages qui le perdront 4 ans plus tard, mais un crime de haute-trahison. Reconnu coupable, le 25 septembre 1602, d'avoir participé à la conspiration du Duc de Gontaut-Biron
[3] avec le Royaume d'Espagne et le Duché de Savoie, il est condamné par le grand conseil du Parlement de Paris à être rompu vif sur la roue en Place de Grève. Sa tête sera ensuite exposée quelques jours au sommet de la porte de la Toussaint à Rennes. Finalement, contrairement au chef du complot le Duc de Biron (qui fut décapité dans la cour de la Bastille), ce n'est pas comme un gentilhomme traitre à son Roi que La Fontenelle fut exécuté, mais bien comme un brigand sans foi ni loi, conformément à l'image terrifiante qu'il laissera dans la mémoire collective des bretons qui le surnommèrent « Ar Bleiz » (le loup).
On dit que sa « femme » Marie Le Chevoir, âgée probablement de 14 ans à la mort de son « mari », se serait revendiquée comme « veuve », et même qu'elle serait morte de chagrin après l'exécution de La Fontenelle !
L'Ile Tristan aujourd'hui, vue du ciel (source photo : Le Télégramme-immo.com)
Douarnenez, dans la baie de laquelle dormirait la légendaire Ville d'Ys, est célèbre pour son carnaval annuel ("les gras"). Elle fut aussi le siège de nombreuses conserveries de poissons, en particulier de sardines. Lorsque les premières commencèrent à fermer, on faisait encore appel ailleurs, comme à La Turballe par exemple, de façon saisonnière, à l'expertise des ouvrières des conserveries de Douarnenez. Depuis 1993, la Ria de Port-Rhu a été transformée en port-musée où l'on peut contempler d'anciens bateaux de toutes provenances, maintenus à flot, voire visiter certains d'entre eux. Parmi eux, cette curiosité : le Scarweather, bateau-feu (appelé aussi bateau-phare) en acier, construit en 1947 au chantier Philip and Son à Dartmouth (Angleterre). Dimensions : 42,50 x 7,60 m. Il servait à signaler les bancs de Scarweather, au large de Bristol, et a été désarmé en 1989.
_________________________________
1. Philippe-Emmanuel de Lorraine, Duc de Mercoeur (1558-1602) était le frère de la Reine de France et femme d'Henri III, Louise de Lorraine-Vaudémont, mais aussi le cousin des Guise, chefs de la Ligue à laquelle il adhéra en 1584. A la suite de l'assassinat d'Henri de Guise en 1588, le Duc de Mercoeur fut décrété d'arrestation par Henri III, mais prévenu à temps par sa soeur, il eut le temps de s'échapper et alla se réfugier en Bretagne.
2. On peut à juste titre s'étonner de la bienveillance dont ce criminel a bénéficié durant sa carrière, y compris en provenance de ses ennemis royaux, bienveillance dont ce pardon d'Henri IV est la consécration. Mais pour être tout à fait honnête, il faut dire qu'en ces temps de grande insécurité (pour en saisir l'ambiance, je vous conseille tout particulièrement la série de BD « les chemins de Malefosse » de Daniel Bardet et François Dermaut), les partisans d'Henri IV n'étaient pas les derniers non plus à commettre exactions et brigandages. Rien qu'en Bretagne, trois autres « chefs de guerre-brigands » ont sévi à la même période : Anne de Sanzay de la Magnane (neveu du connétable Anne de Montmorency) pour le compte de la Ligue, mais également, pour le compte du Roi, La Tremblaye, et surtout le sinistre Yves de Liscoët. Pour la petite histoire, ce dernier avait eu la main droite tranchée net d'un coup de hache lors d'une bataille et pour la remplacer il « s'en fit placer une, de fer, à ressorts, si habilement exécutée qu'il s'en servait comme d'une main naturelle pour manier l'épée. » (Chroniques du Chanoine Moreau)
3. Grand ami d'Henri IV qui lui avait déjà pardonné une première trahison, on dit que le Bon Roi Henri ne se serait résolu à l'exécution de Gontaut-Biron qu'à regret, et seulement parce que ce dernier s'obstinait à nier l'évidence dont on avait trouvé des preuves dans sa correspondance. A noter que parmi les descendants de Gontaut-Biron figure Louis-Armand de Gontaut-Biron, dit le Général Biron, chef militaire rallié à la Révolution et injustement condamné à mort durant la Terreur, dont j'ai déjà évoqué le panache et le destin ici.
draleuq, 08h43 ::
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:: [3 gentillesses]
21 Décembre 2011 ::
« Penmarc'h : grandeur, décadence et mythe - 1ère partie »
:: Histoire moderne, 1533
A l'occasion d'une récente visite, je me suis passionné pour l'histoire un peu hors du commun de ce qui est aujourd'hui un petit bourg du Pays Bigouden, dans le sud Finistère. Spéciale dédicace à Viou et à ses parents. Sauf mention contraire, toutes les photos c'est bibi.
De la pêche au cabotage
Dès le XIIIème siècle, les Penmarchais pratiquent la pêche côtière l'été. En 1395, 116 pêcheries sont attestées sur la commune de Penmarc'h (appelée aussi Tréoultré à cette époque). Très vite, les pêcheries s'accompagnent de « sécheries » qui permettent de faire sécher le poisson, en particulier pour les jeûnes du « carême » et de « l'avent », et pour pouvoir le vendre à des dates éloignées de sa capture. Premières cibles, les villes populeuses aisément accessibles par la mer : Nantes, La Rochelle, et surtout Bordeaux. Dès 1309, des barques de « Pesmarc » sont mentionnées 5 fois à Bordeaux, 4 fois à Libourne. Évidemment, les marins cherchent un fret de retour. Ainsi naît le cabotage, qui restera assez modeste jusqu'en 1450 environ, menant tout de même les bateaux des ports anglais et normands jusqu'à la frontière espagnole.
Mais en 1453, la situation évolue : c'est la fin de la guerre de 100 ans, et avec elle le rattachement de la Guyenne à la France. Les Anglais abandonnent les quais de la Garonne. La Route des Vins est ouverte, c'est le début de l'ère de grande prospérité de Penmarc'h, qui durera de 1450 à 1560.
Le port de Kérity n'était au moyen-âge qu'un havre d'échouage sans installations portuaires. Et c'est d'ailleurs ce qu'il est resté tout au long de l'ascension du bourg breton, et même à son apogée.
Leaders européens
Même s'ils sont présents à Nantes (où ils chargent notamment du sel de Guérande) et à La Rochelle, c'est avant tout avec Bordeaux sur la Garonne et Libourne sur la Dordogne que le cabotage va prendre son essor. De là, les marins mettent le cap vers la Flandre, le Brabant et la Zélande. Ils livrent en priorité à Sluis, avant-port de Bruges, puis à Anvers, et surtout dans un avant-port d'Anvers, Arnemuiden, sur l'île de Walcheren.
Le sommet sera atteint en 1533 avec 270 escales de bateaux de Penmarc'h à Arnemuiden. Durant cette période, 86 % des contrats d'affrètement de vins de Bordeaux à Arnemuiden vont aux navires Penmarchais... Et encore, 10 autres % vont à ceux de Loctudy et du Guilvinec, ports voisins du pays bigouden !
A partir de la fin du XV ème siècle, le vin se double d'un nouveau fret, le pastel, plante tinctoriale de couleur bleue cultivée aux alentours de Toulouse, sorte d'indigo du pauvre. Les cargaisons seront souvent mixtes, vin et pastel, réceptionnées à leur arrivée par le même marchand.
On trouve aussi les marins de Penmarc'h en Normandie (Cherbourg, Honfleur, Caen, Rouen, Dieppe), en Picardie (Le Crotoy, St Valery-sur Somme, Boulogne, Etaples, Dunkerque, Calais), en Angleterre (Londres, Bristol), au Pays-de-Galles (Poole), en Irlande (Galway, Dingle, Waterford, Kinsale). Au début du XVI ème, leurs horizons s'élargissent aussi vers le sud, lorsqu'ils transportent du froment et du seigle de Guyenne vers les Asturies, le Pays Basque Espagnol, ou encore, en doublant le Cap Finisterre, vers les ports Portugais de Lisbonne et Setubal, ou Andalous de San Lucar et Cadix. Du détroit de Gibraltar à l'Escaut, les navires transportent inlassablement le poisson bigouden, le vin de Bordeaux, le Pastel de Toulouse, les céréales de Guyenne, le sel de Setubal, le hareng hollandais...

La pointe de Penmarc'h est pour le moins chargée en architecture :
La Chapelle St Pierre (à gauche), fut construite au XVI ème siècle. Réduite de moitié en 1835 suite à la construction de l'ancien phare (à gauche), la tour adossée à la chapelle servait de défense, de clocher et de sémaphore, avant de devenir phare provisoire. Le phare d'Eckmühl (à droite), inauguré en 1897, dont la lueur est visible à plus de 100 km, mesure 60 m. de haut, et il vous faudra gravir 272 marches pour y monter. Le sémaphore, enfin (à gauche) a été construit postérieurement. Lors de la tempête de 1924, un raz-de-marée a atteint le phare d'Eckmühl, situé pourtant à 122 mètres derrière l'ensemble chapelle - ancien phare.
Le triomphe du pragmatisme breton
A Penmarc'h, point de nobles, c'est trop le bout du monde ! Les capitaines mariniers, qu'on appelle « maîtres », ici, ce sont eux les notables. Au XVII ème siècle, ils obtiendront même le privilège de porter la perruque.
Tout est fonction, évidemment, de la taille des bâtiments qu'ils commandent. En bas de l'échelle, l'escaffe, environ 20 tonneaux, et en haut, la nef ou la caraque, de 100 à 150 tonneaux et 20 hommes d'équipage. Mais la grande majorité de la flotte est constituée de carvelles, de 60 à 70 tonneaux et 15 hommes d'équipage.
En ce début de XVI ème siècle, pour beaucoup de marchands, les marins bretons apparaissent comme le choix le plus raisonnable, pour plusieurs raisons :
- Faute d'instruments de navigation performants, on ne s'éloigne jamais beaucoup des côtes, et les « raz » de la pointe bretonne restent à ce titre un passage redoutable, en particulier la chaussée de Sein et les hauts-fonds d'Ouessant, où de nombreux navires font naufrage tous les ans. Or, les bretons connaissent ces lieux par cœur, et pour cause !
- Le Duché de Bretagne, encore indépendant à cette époque, est neutre dans les conflits que se livrent les monarchies européennes. A ce titre, les navires bretons sont beaucoup moins exposés aux attaques des flottes étrangères, et notamment des redoutables corsaires.
Certains clients affréteurs des mariniers sont réguliers : Pierre Boulaye, Pierre Delpoyo ou Thomas de Bondie à Bordeaux, Jehan de Bernuy pour le pastel de Toulouse, Bonagracia ou de Passentz, marchands florentins installés à Bruges, Coppin de Valladolid ou Alonzo de Burgos, marchands des pays-bas espagnols.
Plus curieux, les capitaines mariniers endossent tous les risques du voyage et... prêtent fréquemment de l'argent à leurs clients marchands, y compris comme « avances sur les ventes » !... Ce qui contribue bien évidemment à les fidéliser.
Pour ce faire, il fallait des moyens, mais il faut dire que quelques voyages heureux suffisaient bien souvent à amortir les frais de construction du bateau. Le maître Alain Largan, lors d'un voyage à Rouen et Arnemuiden en 1494, encaisse ainsi 650 livres tournois de fret avec sa carvelle de 70 tonneaux. Or, à cette époque, le coût de construction d'une telle carvelle était de... 150 livres tournois !
Nos marchands mariniers sont donc aisés, et ce n'est rien de le dire. D'autant qu'ils n'y a pas d'intermédiaire : ils vendent eux-mêmes les marchandises qu'ils transportent, d'où le nom de "marchands-mariniers".
L'opulence d'une communauté reléguée dans une presqu'île difficilement accessible et pleine de lagunes et de marécages peut étonner, mais elle est incontestable lorsqu'on jette un oeil au patrimoine religieux : au moment de son édification (1508-1510), l'église St Nonna est de loin la plus grande du Cap Caval, à peine concurrencée par celle de Pont l'Abbé qui bénéficie des crédits seigneuriaux. En 1488, une autre église semi-fortifiée, aujourd'hui en ruines mais toujours impressionnante, et connue sous le nom de « tour carrée », voyait le jour à St Guénolé. Dans les deux cas, les navires sculptés sur les façades laissent peu de doute sur l'origine des commanditaires et des donateurs : les fameux marchands-mariniers de Penmarc'h, surnommés plus tard les « rouliers de la mer ».
La tour carrée de St Guénolé (1488)
La Chapelle Notre-Dame de la Joie : entre la pointe de Penmarc'h et le port de St Guénolé, cette chapelle est l'une des seules construites en front de mer. Elle date de la fin du XVème siècle. Le calvaire, de 1588, représente Notre Dame de la Pitié. Envahie par la mer lors d'une tempête en 1924, elle reste, pour les marins, le symbole de la protection de la Vierge contre les dangers.
Détails de l'église St Nonna de Penmarc'h (1508-1510). A gauche, le saint surveille une scène de pêche de son oeil bienveillant.
C'est la caraque, avec son mât central, sa voile carrée et ses châteaux avant et arrière qui a le plus inspiré les sculpteurs. A gauche, détail de la tour carrée de St Guénolé. A droite, détail de la Chapelle de la Joie.
Marins avant tout
Malgré la routine et les clients réguliers, le voyage restait soumis à d'éventuels impondérables : tempêtes, calme plat, officier de port irascible, autorités étrangères contestant la validité d'un sauf-conduit (au nom du roi d'Angleterre ou d'Espagne pour les provinces unies des Flandres ou les Pays-Bas espagnols), abordage par un corsaire après le rattachement de la Bretagne à la France (les guerres étaient incessantes au XVIème siècle), ou alors port en quarantaine, ou destinataire manquant à l'appel !
Le maître devait donc aussi savoir faire preuve d'improvisation, et dans ce contexte les contacts qu'il avait noués durant ses innombrables voyages pouvaient s'avérer déterminants pour ne pas qu'un voyage finisse en désastre financier. A ce titre, le contrat stipulait parfois que le maître pouvait choisir son port de débarquement.
Très pragmatiques, les maîtres n'hésitaient pas non plus à établir – ou à changer - leurs plans en fonction des opportunités de cargaisons qui leur étaient proposées. Ainsi, Jacques Le Monnic, patron de la Laurence en 1517 : parti de Bordeaux avec 52 tonneaux de vin et 20 balles de pastel, il arrive à Bristol le 17 mars. Il en repart le 23 chargé de 4 tonnes de plomb et de 15 tonnes de chaux, pour La Rochelle. De là, il repasse par la Bretagne et entre à Bristol le 23 mai avec 70 tonnes de sel, 33 sous de poix et de résine, 20 sous de toile et un demi-tonneau de vin à son compte. Le 4 juin, il repart à vide pour La Rochelle, via la Bretagne, mais est de retour à Bristol le 20 juillet avec 66 tonnes de sel, d'où il repart le 18 août pour Bordeaux, chargé de draps. Le 5 octobre, il revient avec 44 tonneaux de vin.
On comprendra donc que ce n'était pas parce que ces marins ne faisaient que de la navigation côtière que leurs voyages étaient courts. Ils étaient pourtant très attachés à leurs terres, comme en témoignent les noms de leurs navires, toujours les mêmes : la Nonne, le Guénolé, la Marie, le Trémeur, le Pierre, la Magdeleine, la Catherine, la Cristoffle, la Trinité... Ils étaient si nombreux à porter le même nom qu'on les différenciait par un surnom : la Nonne, alias la Biche ; la Marie, alias Le Grand Chien ; la Marie, alias Le Petit-Lion,...
Dans leurs voyages côtiers incessants, les marins doublaient régulièrement le Cap Caval, leur patrie. D'ailleurs, la grande crainte des marchands bordelais était qu'ils ne cèdent à la tentation de s'y arrêter un peu trop longtemps pour quelque retrouvaille familiale au lieu de continuer leur voyage vers le port de déchargement. Il n'était donc pas rare que le contrat stipule que toute « escale domestique » était interdite, ou alors autorisée pour seulement trois jours, et seulement en cas de « fortune de mer » (avarie, intempérie, matelot malade à débarquer).
Marchands, les Penmarchais n'en demeuraient pas moins des marins, et les comptes du bailli de Sluis, en Flandre, conservent de nombreux témoignages d'incidents occasionnés par eux : rixes, beuveries, infractions diverses au règlement du port, tentatives d'échapper à des créanciers...
draleuq, 14h59 ::
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:: [0 assertion inepte]
17 Décembre 2011 ::
« On a tout essayé - 2 : l'alerte chimique »
:: Professorat
Comme je l’ai déjà expliqué
ici par le passé, j’ai l’immense avantage de vivre et de travailler dans « l’aire d’effet » de plusieurs usines Seveso 2, même qu’il y en a une, je crois que si Seveso 3 ça existait, ben elle serait Seveso 3 !
Submergés ces derniers temps par les facéties de notre ben aimé ministre de l’Education nationale (le soutien, les nouveaux programmes par exemple et par hasard), nous n’avions pas encore eu le temps de mettre en place le plan de confinement définitif et de procéder à un exercice grandeur nature. Il faut dire que c’est avec empressement que nous attendons le moment béni où nous pourrons enfin faire converger plus d’une centaine de farfadets dans un même lieu dépourvu de toilettes, les y occuper pendant plus d’une heure sans avoir le droit de sortir, grimper sur des escabeaux pour scotcher tous les bords des portes et des fenêtres !

Victime de la catastrophe de Seveso, en 1976. Si l'on veut faire contre mauvaise fortune bon coeur, il convient d'ajouter qu'habiter dans un tel secteur peut avoir son intérêt lorsque viennent les premières amours juvéniles :
"- Ah non, beûrk, je ne pourrai jamais sortir avec toi, t'es plein d'acné !
- C'est même pas vrai ! C'est parce que j'habitais dans une zone Seveso 2. C'est de la discrimination !
- Bon, OK, mais alors tu te mets un sac à patates sur la tête !"
Grâce à Dieu (merci à Lui encore une fois… ou à Elle. Il serait bon en effet que la parité pénètre elle aussi le domaine spirituel), le Destin s’est chargé de nous forcer la main.
Car alors que la récréation allait bientôt sonner l’autre matin, c’est une autre sonnerie qui a retenti alors que je tapais nonchalamment un courrier sur l’ordinateur de mon bureau moisi.
Je réfléchis alors un instant : cela ne pouvait pas être l’alarme du premier mercredi de chaque mois, on n’était ni mercredi, ni au début du mois. Aucune fausse alerte n’était prévue. J’écoutais attentivement : il s’agissait bien d’une sirène montante et descendante, dite aussi intermittente. Dès lors, un seul commentaire s’imposait :
- Et merde !
Je commençais alors à faire le tour des classes en courant, leur ordonnant de se confiner dans leur pièce jusqu’à nouvel ordre. Mais l’école est grande… Aussi, la sonnerie de la récré retentit avant que j’aie eu le temps de parvenir aux classes de CP qui commencèrent à se précipiter dans la cour en hurlant. Un seul commentaire s’imposait, dès lors :
- Et meeeeeeeeerde !
Je les fis refluer et les renvoyai dans leurs classes du mieux que je pouvais, faisant écouter l’alarme à ceux qui me contemplaient d’un air incrédule. Les instits, enfin au courant, vinrent m’aider.
Alors que l’alerte ne cessait pas, je téléphonais à l’inspection, au bord d’une détresse respiratoire qui ne viendrait ni du chlore ni de l’ammoniaque, mais de mon manque d’entraînement au 400 m.
- Je ne suis au courant de rien et je n’ai rien entendu ! me dit mon correspondant. Je me renseigne et je te rappelle.
Pendant ce temps, je voyais les badauds se promener dehors, les petits vieux sortant de la supérette avec leur cabas rempli de victuailles, comme si de rien n’était. De l’autre côté, trois instits parcouraient la cour en tous sens, l’air inquiet. Je m’enquis de la raison de cette sortie :
- On a perdu deux CP !
Un seul commentaire me vint à la bouche :
- Et re-re-merde !
Je leur prêtai main forte, sans succès, jusqu’à ce que, environ un quart d’heure plus tard, le téléphone sonne :
- Oui, donc je me suis renseigné, et en fait c’est l’usine Sapulamor qui faisait un exercice de confinement ce matin. La mairie n’a pas eu l’information suffisamment vite pour la communiquer aux écoles. Par contre, cet incident m’interroge : aucune des trois écoles les plus proches de Sapulamor n’a réagi. La seule autre école qui a appelé est l’école Machin, située encore plus loin de l’usine que vous, et eux, ils ont cru à une alerte incendie, donc ils ont fait sortir tous les gosses dans la cour !
- T’inquiète pas, lui répondis-je, y’a pas que les écoles qui devraient se poser des questions. Dans la rue, les gens continuent à déambuler comme si de rien n’était, et je parierais sur le fait qu’ils n’étaient pas au courant non plus de la fausse alerte.
J’ai eu l’occasion de rediscuter de cette petite mésaventure avec des gens qui travaillaient au collège ou au lycée, et qui ont entendu l’alerte eux aussi. Ils n’ont rien fait non plus, car, disent-ils, ils n’ont aucune information ni aucune consigne sur ce genre d’alerte, à l’instar du quidam civil moyen. Tout se passe donc comme si seule la vie des gamins de moins de onze ans était importante, les autres peuvent crever. Et gageons que si cette alerte n’avait pas été fausse, ils auraient été quelques milliers à crever.
Franchement, quand je vois les élèves que j’ai cette année, je trouve que ce genre de priorité est discutable.
PS : Pour la petite histoire, les deux CP étaient rentrés se réfugier dans une autre classe, dont l'instit avait son téléphone portable en panne de batterie. Et re-re-re-m...
A la prochaine fausse alerte, ça ne se passera pas comme ça ! Je ferai appel à Cindy'lee, du "Parti du Plaisir", qui s'est présentée aux municipales de Paris face à Jean Tibéri, et qui viendra faire une de ses "actions militantes" ! Sûr que cette fois, ça ne passera pas inaperçu...
Copyrat draleuq 2008
draleuq, 11h02 ::
::
:: [0 lettre de suicide]
14 Décembre 2011 ::
« On a tout essayé - 1 : le protocole TIAC »
:: Professorat
Seigneur, toi qui m’observes de tout là-haut, je te remercie.
Car même si je ne travaille pas pour toi, ayant choisi l’école laïque avec impudence tel un vulgaire mécréant, je vois que tu ne m’oublies pas, et en particulier que tu n’oublies pas que j’ai un blog à tenir et que je refuse catégoriquement d’y expliquer pourquoi je n’aime pas le gâteau au chocolat, d’y dire que la guerre c’est mal et que je suis contre, d’y publier des photos de mon chien sous toutes les coutures, d’y répéter inlassablement que j’aime ma femme (même si c’est vrai), et toutes ces sortes de choses.
Merci Seigneur de peupler ma morne et terne vie professionnelle de ces choses qui n’arrivent qu’à moi, afin que je puisse amuser la galerie de mon lectorat.
Ce midi-là, après la cantine, on me désigna du doigt quatre élèves de ma classe alignés sur des chaises. A en juger par leurs mines d’enterrement, je crus dans un premier temps qu’ils étaient punis. Mais non, ils étaient tous les quatre malades, me précisa-t-on en substance. Je songeai alors à ce qui s’était passé en février, ou en l’espace de 24 heures, 14 de mes 25 élèves étaient tombés malades, emportés par une épidémie de grippe/gastro/un peu les deux… Au pic de la pandémie, le matin du deuxième jour, un élève était évacué toutes les demi-heures et on commençait à avoir une sacrée envie de faire le cours de maths avec un masque à gaz pour tenter d’échapper aux miasmes… Ceux qui restaient étaient goguenards, jusqu’au moment où c’était à leur tour de devenir tout verts.
Mais septembre, me dis-je, ce n’était ni la période de la gastro, ni celle de la grippe. Je demandai des précisions : deux d’entre eux s’étaient mis à vomir presqu’au même moment, juste en sortant de la cantine, tandis que les deux avaient été pris de violentes nausées.
- Etiez-vous à la même table ? leur dis-je.
- Oui.
- A une table de combien d’élèves ?
- Quatre.
Je renonçai très vite à me souvenir de mes lointains cours de maths sur les probabilités afin de calculer combien y avait-il de chances pour que les quatre élèves situés à la même table tombent tous les quatre malades en même temps juste en sortant de la cantine. Je conclus simplement qu’elle était extrêmement faible.
J’allai donc interroger le personnel de restauration afin de connaître le menu, et je fus assez fraîchement accueilli, il me semble que ce n’était pas qu’à cause de la proximité de la chambre froide. Je leur posai également des questions sur le conditionnement, mais il ne s’agissait que de paquets de dix ou de cinquante, ce qui voulait dire que logiquement, il n’aurait pas dû y avoir que quatre élèves malades si la cause était bien au niveau de la nourriture.
Mais je ne pouvais prendre aucun risque et j’appelai donc le médecin scolaire ainsi que les parents des quatre élèves malades. Tout ce beau monde arriva pratiquement en même temps. Le médecin m’expliqua alors qu’il nous fallait suivre un « protocole TIAC » (« Toxi-Infection Alimentaire Collective », ravi de faire votre connaissance). Les élèves furent donc auscultés et interrogés séparément, en présence de leurs parents dans l’ensemble calmes et compréhensifs, à l’exception d’une famille, représentée en l’occurrence par la grand-mère, qui arriva une bonne demi-heure après tout le monde, et m’interpella en ces termes :
- Y’en a pour longtemps là ? Parce que j’ai à faire, moi !
- Pour le temps qu’il faudra, Madame. Le temps de s’assurer que ce n’est pas grave. Et vous savez, on en est tous là : moi aussi j’ai beaucoup à faire (et en plus, je ne suis pas comme toi une enfoirée de retraitée qui court toute la journée entre la coiffeuse, le salon de thé et l’esthéticienne et qui fait chier la population active en faisant la queue à Super U juste avant la fermeture alors que t’avais toute la journée pour faire tes courses grosse coooooooooonne !)
Une fois les quatre visites médicales effectuées, les élèves furent renvoyés chez eux avec ordre d’aller voir leur médecin traitant.
Phase suivante du protocole : prévenir la Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales, plus connue sous le nom de DDASS grâce à la célèbre phrase : « il est de la DDASS », ce qui veut dire que c’est un pauvre gosse abandonné par ses enfoirés de parents et qu’il a donc toutes les excuses pour être bête. Mais là, dans le cas d’une intoxication alimentaire, il s’agit de la face cachée de la DDASS, celle des affaires sanitaires.
J’eus donc au téléphone une infirmière fort aimable. Je lui faxai les noms et coordonnées des enfants malades, la copie du menu. Elle m’informa que les services de contrôle vétérinaire allaient venir contrôler dans les jours à venir les installations de la cantine, ainsi que les échantillons obligatoires, qu’il fallait que je m’assure qu’ils les avaient bien gardés (c’était déjà fait, quelle anticipation !), et qu’il fallait que je lui signale aussitôt tout nouveau cas.
Nous passâmes donc à la dernière phase du protocole, car la fin de l’après-midi approchait, et avec elle le week-end. Il s’agissait de transmettre aux familles de tous les élèves ayant déjeuné à la cantine une note expliquant qu’il y avait suspicion de TIAC et que si des signes tels que nausées, vertiges, vomissements apparaissaient chez leur enfant, il fallait qu’ils consultent leur médecin immédiatement.
Le temps de faire plus de 200 photocopies, deux autres cas de nausées… J’appelai aussitôt les parents, puis la DDASS. La gentille infirmière nota les noms, puis me dit que si d’autres cas se déclaraient avant 17 heures, je pouvais la rappeler, mais que si c’était après 17 heures, je devrais attendre lundi matin.
Oui, à la DDASS, ce sont des fonctionnaires.
La distribution des fameux papiers fut faite, et fut suivie d’une curieuse avalanche de nouveaux cas de nausées, comme c’est bizarre, surtout chez les CM2 qui étaient les plus à même de comprendre le langage quelque peu médical contenu sur les fameux papiers.
Incrédule, je me disais qu’on était en train de provoquer une véritable psychose, alors que pourtant tout avait été fait pour rester le plus discret possible. Mais le protocole étant lancé, je ne pouvais plus faire marche arrière et ne pouvais prendre aucun risque. Il fallut donc encore appeler un nombre conséquent de familles, avant que la sonnerie de fin de semaine ne vînt mettre un terme à ce calvaire.
Le contrôle vétérinaire ne donna rien, et l’on ne sut jamais ce qui s’était passé.
Je m’en tirai avec un coup de fil du responsable de la restauration municipale qui m’expliqua que le pauvre personnel de cantine était traumatisé et que c’était tout juste s’il ne fallait pas lui faire ouvrir une cellule psychologique, parce que, rendez-vous compte, c’est ce qui peut arriver de pire à un cuisinier, du moins si on peut appeler ainsi quelqu’un qui se contente de faire réchauffer des plats sous cellophane tous préparés et déjà précuits. Mais à part ça, j’avais très bien fait de faire ça, et il en aurait fait autant à ma place.
Quant au médecin scolaire, il m’avoua que depuis vingt ans qu’il était en poste dans cette ville, c’était la première fois que ce genre de chose lui arrivait.
Allez, soyez pas jaloux…
Copyrat draleuq 2008
draleuq, 09h06 ::
::
:: [5 méditations grotesques]
7 Décembre 2011 ::
« LA LIBERTE OU LA MORT !... Quoi que... »
:: Les dérapages du rat
*TélémaRAThon : sponsorisé par TélémaRAT, le magazine des rats bobo. Appelez le 3738 et faites un don.
draleuq, 09h03 ::
::
:: [3 obscénités]
3 Décembre 2011 ::
« Y'a du bourrin sous le capot - 2ème partie »
:: Elucubrations
"Inter faeces et urinam nascimur"
Nous naissons entre la fiente et l'urine.
Saint-Augustin
Quand le vin est tiré, il faut le boire.
Deuxième partie donc, et dernière (Dieu merci), de ce florilège d'horreurs concoctées par les claviers agiles d'internautes moyens. Encore de quoi contracter (ou aggraver) la plus sévère des misanthropies aiguës.
"trouver un site porno pédophile"
OK, je te file le mode d'emploi : tu prends un revolver après l'avoir chargé consciencieusement. Tu mets le canon dans ta bouche et tu appuies sur la détente. Et là tu verras, tu arriveras sur un site porno pédophile. Je te jure, ça marche super bien !
"filles qui pissent"
Version web des types qui matent dans les toilettes publiques.
"nique sa mère et nique la police"
Ouais c'est vrai. Et nique le monde entier ! Nique la stratosphère ! Nique la voie lactée et nique l'UNIVEEEEEEERS !
"photos sexe mutilé"
C'est pour un exposé ?
"seins pompés" et "pompe pour avoir de gros seins"
J'ignorais l'existence de cette invention. Mais j'avoue que rien que d'imaginer la scène a tendance à provoquer en moi une certaine hilarité
"quoi dire à une fille pour lui faire du sexe"
Tout d'abord, retourner à l'école et apprendre à parler français.
"Mein Kampf en photos"
Celui qui a écrit ce torcheballe n'était pas photographe. Mais pour avoir quelques illustrations du résultat, il suffit de taper "Auschwitz en photos".
"le plus gros godemichet du monde"
Chais pas moi. C'est pas la Tour Eiffel ?
"méthode pour être un beau garçon"
Il y a d'indicibles souffrances existentielles dans l'âme et le coeur de nos prochains. Ne vous moquez point, ô mes frères, et ayez compassion !
"technique pour mettre une fille à ses pieds"
La plus rapide et la plus directe consiste à lui mettre un bon pain dans la gueule, même si ça risque de l'abîmer un peu. Bon, pour ce que tu veux en faire, ça n'a pas d'importance de toute façon. (N de l'A. : ceci est une plaisanterie. Merci)
"purement gore les photos"
Dans la série "j'écris comme je parle"
"culs de vieille grand mere free"
Voilà un vrai connaisseur. Le fait qu'elles soient "free", c'est ce qui en fait toute la valeur, toute la rareté, et tout l'intérêt !
"le + gros caca du monde fait par un humain (photos)"
No comment.
"sa va sa grosse mere son gros pepere"
Le gars qui pète un câble sur son moteur de recherche... Très mauvais le surmenage.
"caca boudin"
Dans la série du gamin de 8 ans qui surfe sur le web avec le fils des voisins pendant que les parents sont partis faire les courses.
"Il y a t il juste des femmes pédophiles?"
Non, pour ta gouverne, il y a surtout des hommes pédophiles. Et c'est pas glorieux.
"mes conquêtes féminines"
Elles sont à ce point nombreuses que tu penses qu'elles pourraient être répertoriées sur le web ?
"site porno maman salopes"
Ah, les ravages de la maltraitance !
"usage du godemichet"
Autorisé à titre privé sur toi-même ou un(e) partenaire consentant(e), sinon ça devient un usage illégal de godemichet réprimé par l'article XXXQ du code pénien pénal, alinea 22.
"photo pédophile free"
Ma main sur ta gueule elle est free aussi si tu veux...
"toilettes publiques drague"
Le choix du lieu en dit long. C'est pour un mariage ?
"je cherche les meilleurs sites du moi"
Lapsus révélateur d'un narcissique ?
"massacre au godemichet"
Je ne connaissais pas ce nouveau film d'horreur. Ça doit durer vachement plus longtemps qu'à la tronçonneuse.
"comment trouver des sites pro pédophiles"
La pédophilie étant un crime puni de réclusion, tu auras - Dieu merci - bien de la peine à trouver des sites pro.
"encyclopédie des caca"
Je ne m'étendrai ni sur le fond (ou le contenu) de cette requête, ni sur sa forme, excepté sa forme orthographique : y a-t-il un S à "caca" au pluriel ?
"voir photos vrai de sexe pour savoir comment faire"
Mais enfin ! Comment faisaient nos aïeux avant l'avènement du porno et du web (je barre le pléonasme) ! Tu n'as qu'à lui dire que t'es puceau, c'est tout. T'en mourras pas va !
"citations napoléon free"
Absolument toutes jusqu'à la bataille de Waterloo... Après il n'était plus free.
"photo humoristique le pen"
J'en ai vues des centaines, aucune ne m'a jamais fait rire.
"salopes pédophile en direct"
Sans parler du direct, t'auras déjà du mal à en trouver en différé...
"sexe comment utiliser boules chinoises"
A priori les Chinois utilisent leurs boules de la même façon que les autres, sauf les eunuques qui n'en ont pas plus.
"acheter mein kampf en français"
Il me semble que la version en américain est plus facile à trouver en ce moment... (N. de l'A : cette phrase fut écrite en plein bushisme)
"je veut le sexe avec ma soeur"
Ben ouais mais on fait pas toujours ce qu'on veut dans la vie. Tu veux pas plutôt faire une psychothérapie ?
"kamasutra ado"
C'est le même que pour les adultes (ben oui, faut vivre avec son temps). Par contre si t'es fauché, tu peux toujours commander celui du troisième âge, c'est un fascicule gratuit...
"drague par le sexe"
Ouais t'as raison faut être direct ! Tu dis rien, tu souris pas, même pas bonjour, tu dégaines le mastard... Sûr que ça va marcher.
"tu es un gros con"
Ouais c'est facile d'insulter ton moteur de recherche, il peut même pas se défendre !
"le petit fumeur illustré"
Oui, c'est le premier tome de la série. Et le deuxième épisode s'appelle "la petite tumeur illustrée".
"fond d'ecran lolo ferrari"
Effectivement c'est très tendance. Les photos du Sahara ou des Iles maldives, c'est pour les ringards...
"site non codé d'animal porno"
Désolé, mais nous ne pouvons accéder à votre requête. Ils sont tous codés par la CIA (Compagnie des Internautes Américains).
"teletubbies version gore"
J'avoue avoir du mal à imaginer ça... Les télétubbies sont en mousse, et si tu les coupes en morceaux, ça va juste faire de la peluche partout...
"kamasutra illustrer par de vrai personne"
Une exigence tout à fait compréhensible. Il est notoire qu'un trafic de kamasutras illustrés par de fausses personnes vient d'être démantelé...
"marché du godemichet"
Un marché très porteur en effet. La valeur des actions a décuplé en très peu de temps et les spéculations vont bon train (et dans "spéculations" il y a...)
"comment faire un godemichet"
Pas les moyens ? Tu veux bricoler ? Ou ouvrir une manufacture ?
"godemichet troisième âge"
Voilà une excellente idée pour lancer sa PME. Il paraît que le sex toy est très tendance, donc il va falloir innover. Quel sera donc le design du "godemichet senior" ? Que diriez-vous d'un vaporisateur de dégrippant intégré ?
"jeunes salopes qui pissent sur leur mère"
Oulala, ça sent la rébellion juvénile tout ça.
"comment faire pour avoir de plus gros seins"
Tu fais comme toutes les poufiasses photo-hygiéniques : tu te fais implanter des coussins en silicone.
"chinoises scatophilie"
Il y en a qui ont des fantasmes rudement difficiles à contenter.
"photo des maman salopes"
Encore un gamin dans les affres du complexe d'Oedipe.
"voir les photo pornographique des animaux avec les femmes"
A tout le moins, on ne peut pas lui reprocher de s'exprimer en langage SMS. Pour le reste...
"je cherche les fillie pour mariage"
Dans ce cas, il va falloir prendre des cours de français mon p'tit gars, pour prouver que tu mérites d'être un citoyen hexagonal. C'est Tonton Sarko qui l'a dit.
"j'aime le cul"
Nous sommes nombreux dans ce cas. Mais de là à le déclamer sur un moteur de recherche...
"voir animaux avec femme de sado maso"
Oula. Je suis obligé de faire un gros effort pour m'imaginer la scène, là.
"grand mère trai vieille salope"
Je souhaite que le fait d'être une salope soit assorti d'un délai de prescription de 20 ans. De ce fait, la plupart des grand-mères ayant été des salopes seraient amnistiées, et plus encore pour les trai vieilles grand-mères. En effet, un peu de respect envers les aînés ne ferait pas de mal.
"comment mettre un godemichet"
Avec la main, pardi ! Non, oublie le marteau...
"comment marche un godemichet"
N'ayant pas de pattes ni de jambes, il ne marche pas. Il... euh... rampe ?
"godemichet vas et vien"
Eh ben voilà, t'as tout compris. Maintenant, y'a plus qu'à...
"godemichet sur mesure"
Ah ? Ça n'a pas fonctionné alors ? Trop grand, ou trop petit ?
"vielles salopes qui pissent gratuit"
En ce qui me concerne, je suis très attaché au droit de pisser gratuitement, droit qui semble en voie de disparition, tout au moins dans les grandes villes. Les vieilles salopes, malgré leur statut peu enviable (vieille c'est déjà pas le top, salope c'est pas classe non plus, alors "vieille salope"...) peuvent tout à fait revendiquer elles-aussi ce droit élémentaire.
"jamais sans mon godemichet"
Encore un film j'imagine ? Peut-être la version hardcore (ou hardgore) de "Jamais sans ma fille"..?
"photo porno maman et puceau"
Voilà encore un spécimen que la psychanalyse ne renierait pas.
Copyrat draleuq 2003-2009
Evidemment, maintenant je suis sur un site sérieux (un "site d'intello", disait même un de nos lecteurs), donc ce genre de requête a furieusement diminué... En tous cas jusqu'à aujourd'hui !
Oh, il y en a bien une de temps en temps qui consterne un petit peu, mais c'est bien connu hein, quand ça parle pas de cul, c'est tout de suite moins drôle. Cf Saint-Augustin.
A noter que l'ami finipe, lorsqu'il était encore productif (il est encore fécond visiblement, mais plus productif), avait lui aussi cédé à cette petite manie d'éplucher les requêtes : c'est
par ici.
draleuq, 10h47 ::
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:: [6 éclaircissements pompeux]