Puis t’es parti avec elle
Vieille canaille
En emportant la vaisselle
Le dessus d’lit en dentelle
L’argenterie et les rideaux
Eh, vieux chameau
Mais j’ai sorti mon pétard
Vieille canaille
Et quand j’ te tiendrai au bout
Ah ah, je rigolerai un bon coup
Et j’ t’aurai vite refroidi
Vieux bandit
Serge Gainsbourg
Hier soir, coup de téléphone inopiné d’un numéro de portable inconnu :
- Allô ?
- …
- Allô ?
- …
- Allô allô ? Allôôôô ? Aaaaaaaaallô ?
- Allô…
- Oui, allô ?
- Alors, c’est toi qui baises ma femme ?
- Plaît-il ?
- C’est toi qui baises ma femme, enculé ?
- Mmh non, je n’ai pas cet honneur. Et pas ce second honneur non plus.
- Comment tu t’appelles ?
- Moi c’est draleuq, et vous-même ?
- Moi c’est Jean-Yves Cocu.
- Enchanté, Jean-Yves. Et qu’est-ce qui vous fait dire que je baise votre femme ?
- Oui oui, c’est bien toi alors, enculé. Ma femme est partie avec un draleuq il y a quelques jours, qui habite à Boumdent-les-Vainlouses.
- Je m’appelle draleuq, j’habite bien Boumdent-les-Vainlouses, et pour autant que je sache, je suis le seul draleuq à y habiter, mais il n’en demeure pas moins que je ne baise pas ta femme (tu permettras sans doute que je te tutoie, étant donné que tu me fais l’honneur et la joie de me servir de « l’enculé » à chacune de tes phrases, je crois que je peux m’autoriser cette familiarité)
- T’es bien le draleuq qui habite 12, rue du Lampadaire éteint à Boumdent-les-Vainlouses ?
- Ah mille regrets, ça c’est mon ancienne adresse, j’ai déménagé il y a bientôt quatre ans. Tu peux vérifier.
- Oh mais je sais, j’ai déjà vérifié, j’en viens là, et effectivement y’a aucun nom sur la porte et personne ne répond quand on frappe.
- Eh bien, tu sembles donc très décidé. Heureusement donc que j’ai déménagé, car si au lieu de me téléphoner, tu avais sonné à ma porte pour me traiter d’enculé et m’accuser de baiser ta femme, tu m’en aurais vu fort contrit.
- Ouais mais pavoise pas trop vite, y’a mon fils qu’est parti taleur là, il est très en colère, il te cherche pour te casser la gueule !
- Mmh oui, de mieux en mieux. Et effectivement, il pourrait bien me trouver vu que je suis dans l’annuaire. Tu devrais donc l’appeler et le retenir, parce que j’ai eu une très mauvaise journée, et foutu pour foutu elle est partie pour être pourrie jusqu’au bout, et même s’il n’est pas dans mes habitudes de ravaler le portrait d’un homo sapiens juvénile cherchant à extérioriser sa souffrance pour de légitimes raisons, mieux vaut prévenir que guérir, et là ce n’est pas un vain mot.
- Ouais mais c’est forcément toi puisque tu l’as dit toi-même, t’es le seul draleuq à Boumdent-les-Vainlouses, et elle est partie avec un draleuq qu’habite à Boumdent-les-Vainlouses !
- Mmmh, reprenons : comment s’appelle ta femme ?
- Isabelle. Isabelle Cocu.
- Je ne connais absolument pas d’Isabelle Cocu. Comment as-tu trouvé mon numéro ?
- Ben, je l’ai eue au téléphone pendant une heure et demie, là. D’abord sur son portable, puis après sur ce numéro de fixe.
- De ce numéro de fixe-là ? Sur lequel tu m'as appelé et sur lequel nous parlons en ce moment-même ? Il y a moins d’1 h 30 ?
- Oui !
- Donc pendant que j’étais encore au boulot, et alors que ma compagne et son fils étaient tous deux dans la maison, ta femme se serait introduite subrepticement chez moi pour te téléphoner de ma ligne fixe et te dire que je couchais avec elle ? C’est bien ce que t’es en train de me dire ?
- Euh…
(… encore plusieurs longues minutes de palabres…)
- Bon j’ai vraiment dû faire erreur, alors… Désolé pour le dérangement, hein !
- Nan nan t’inquiète, c’est pas comme si tu m’avais accusé à tort de baiser ta femme que je n’ai jamais vue alors que la mienne était juste à côté !
- Ah, ta femme était à côté ? Ah bah tu pourras également lui adresser mes excuses, alors. Moi aussi j’ai une compagne, maintenant, donc je comprends !
- QUOI ? ÇA FAIT UNE DEMI-HEURE QUE TU ME LES BRISES PARCE QUE SOI DISANT JE BAISE TA FEMME QUE JE NE CONNAIS MEME PAS, ET LA T’ES EN TRAIN DE ME DIRE QUE T’AS DEJA UNE COPINE ALORS QUE TA FEMME N’EST PARTIE QUE DEPUIS QUELQUES JOURS !? DONNE-MOI TON ADRESSE, EN FAIT C’EST MOI QUI VAIS VENIR TE FUMER, ENCULE !