Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

Ne pas juger
les gens sur la mine...
On s'en
fout
Paradoxalement, l'Homme répudie irrémédiablement la morale. C'est ainsi que la piété filiale se distingue, se précipitant vers le bonheur des sens
Lao Meuh ::
Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

22 Février 2012 ::

« Encore un génocide... Ça devient lassant ! - 1 »

:: Paparatzi

Ce billet fait partie d'unj sujet qui en comporte trois :
1. Encore un génocide ? Ça devient lassant ! - 1
2. Encore un génocide ? Ça devient lassant ! - 2
3. Encore un génocide ? Ça devient lassant ! - 3


Au secours ! Au secours ! On assassine des hommes !

(R. Dorgelès, « Les Croix de Bois »)


Vous avez dit génocide ?

Parmi tous les mots inventés au XXème siècle, il en est un qui laisse à penser que les progrès de notre civilisation ne connaissent vraiment pas de limite, c’est le mot « génocide », qui signifie littéralement « meurtre d’une race », en l’occurrence meurtre d’un peuple puisqu’il n’existe qu’une seule race d’homme, comme en attestent les 46 chromosomes caractéristiques de tous les homo sapiens de la terre qui ont eu la chance d’échapper à une maladie génétique qui en modifierait le nombre, l’aspect ou la configuration.
Un mot assez joli, je trouve, que le mot « génocide ». En tous cas, esthétiquement supérieur à « vulve », à « scrofuleux » ou à « concubinage ». Ce qui est moins joli en revanche, c’est ce qu’il signifie, à savoir un phénomène sans précédent dans toute l’histoire de la nature : l’extermination systématique, programmée, planifiée, de toute une population, y compris les femmes, les enfants, les vieillards…


Premier génocide du XXème siècle : en 1915-16, plus d’un million d’Arméniens pendus, brûlés vifs, jetés dans un précipice, abandonnés en plein désert par les Turcs. Aujourd’hui, la majorité des dirigeants, et même des habitants Turcs, y compris ressortissants Turcs à l’étranger, nient encore les faits dont il existe des milliers de preuves et de témoignages.[1]


Mais quel genre de bête est donc l’homme pour ne serait-ce que songer à faire un truc pareil ? Quelle mouche a donc piqué la créature la plus intellectuellement développée de la nature, de Dieu, de la Création (rayez les mentions inutiles) pour qu’il sombre dans une pareille folie meurtrière, certes orchestrée par quelques chefs sanguinaires à la poigne de fer, mais avant tout exécutée par des « monsieur tout le monde », des gens jusqu’ici bien sous tous rapports, comme vous et moi…

C’est cet ébahissement qui a frappé ceux qui ont découvert l’horreur des camps en 1945. Comment peut-on ?
Alors on a réagi, vite et fort. On a jugé et puni les coupables, à Nuremberg et à Tokyo. On a créé l’Organisation des Nations Unies, qui entre autres choses aurait vocation à empêcher ça. Plus jamais ça.
Pourtant.
Pourtant, tous les survivants des camps s’accordent à dire que personne n’avait envie d’écouter leurs histoires d’horreur.
Pourtant, les premiers films sérieux sur le sujet, qu’ils soient documentaires ou de fiction, datent des années 80, soit 40 ans après le massacre.
Pourtant, les premières confessions publiques, les premières commémorations, les premiers lieux de mémoire, sont plus récents encore.
Pourtant, on a su depuis que les Alliés, américains en particulier, ont épargné tout procès et toute sanction aux criminels nazis dont les compétences scientifiques pouvaient leur servir.

C’est dans ce terreau puant que le génocide est devenu une habitude aux quatre coins du monde depuis ce temps-là. Le peu de réaction, voire la passivité complice face à ces horreurs ne décourage absolument pas les dingues de remettre régulièrement le couvert, et même de plus en plus souvent…


Deuxième guerre mondiale : 6 millions de juifs et des centaines de milliers de tziganes, de handicapés et d’homosexuels assassinés par la folie nazie, pour la plupart gazés et brûlés. Quand il décida la « solution finale », un de ses sbires objecta à Hitler que « ça se saurait ». Voici ce qu’il répondit : « bah ! qui se souvient encore des Arméniens ? »


En étant particulièrement magnanimes avec nous-mêmes, on peut se dire que pour les premiers génocides, « on » avait encore une excuse.
« On » ne savait pas que c’était possible de faire des trucs pareils, je veux bien l’entendre.
Il n’y avait pas la mondialisation, chaque pays vivait en vase clos, recroquevillé sur lui-même. Il n’y avait pas la télé, CNN, Al-Jazeera, BBC News, Reporters sans Frontières. Il n’y avait pas Médecins du Monde, Amnesty International, et toutes ces facilités qui font qu’aujourd’hui, où qu’un génocide commence, le monde entier, à condition d’accepter d’ouvrir ses œillères, est au courant dans le mois qui suit, au plus tard.


A peine a-t-il fini de pendre les criminels Nazis que Staline, le « petit père des peuples », planifie et prémédite une famine atroce en Ukraine. 5 millions d’êtres humains, en particulier des enfants, sont morts d’inanition en deux ans. Presque aussi « bien » que Tonton Adolf.

Copyrat draleuq 2007


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1. Et nous en avons encore eu une preuve récemment lors du vote du Parlement Français en faveur d'une Loi interdisant la négation du génocide arménien. Etait-ce une bonne loi, c'est un autre débat, mais en tous cas la réaction turque ne laisse pas de doute sur l'énergie de la dénégation, alors même que plus un seul responsable de cette tragédie n'est encore en vie, presque 100 ans après.

draleuq, 16h04 :: :: :: [5 poignants panégyriques]