Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

J'en ai
vraiment
rat le cul...
Ça c'est
balot...
Aujourd'hui, Dieu assassine inévitablement l'intelligence. Ce faisant, la vie se délite, se précipitant vers le néant de l'existence
Phosocle ::
Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

29 Mars 2012 ::

« La gazette de novembre 2008 - 2ème partie »

:: Paparatzi

Ce billet fait partie d'un sujet qui en comporte deux :
1. La gazette de novembre 2008 - 1ère partie
2. La gazette de novembre 2008 - 2ème partie


Traité d’interdiction des bombes à sous-munitions à Oslo


Faut-il que les hommes soient bêtes de fabriquer des machines pour se tuer... comme si on ne claquait pas assez vite tout seul !

Alphonse Allais


Grande victoire pour Handicap International, qui après s’être battu corps et âme contre les mines anti-personnel, se bat maintenant contre ces sympathiques petites saloperies larguées par avion, qui mutilent et tuent par centaines les civils innocents (refrain connu).
Seul « hic » : les quatre plus gros producteurs et utilisateurs de bombes à sous-munitions, les Etats-Unis, la Chine Populaire, la Russie et Israël, ont refusé de signer ce traité.
Cela dit, ça fait joli, un traité stérile de plus dans une vitrine aseptisée.




Obligation d’hébergement pour les sans-abris ?


La plupart des gens ne meurent qu’au dernier moment ; d’autres commencent et s’y prennent vingt ans d’avance et parfois davantage. Ce sont les malheureux de la terre.

Louis-Ferdinand Céline (« Voyage au bout de la nuit »)


Sympathique idée, cette fourrière pour SDF. Pas étonnant qu’elle ait germé dans le cerveau malade d’une ministre de la ville catholique intégriste. Cela montre comment ces braves gens qui pensent tellement à l’amour de leur prochain tout en jetant un regard dédaigneux et en réprimant un hoquet de dégoût sur la lie de l’humanité tous les dimanches à la sortie de la messe, ont pu si souvent se jeter dans les bras de la dictature. Cela montre aussi, s’il en était besoin, la méconnaissance de cette population de sans-abris par notre cheftaine au grand cœur. Car précisément, ceux qui restent encore dehors par grand froid, ce sont les irréductibles, ceux qui ne veulent pas de ces places en foyer qui leur ouvrent les bras. Et là encore, comme en prison, les malades psychiatriques sont surreprésentés. Donc autant le dire, le SAMU social ne suffira pas, il faudra dépêcher les CRS. Peut-être même la SPA, avec des fusils à fléchettes hypodermiques bourrées d’anesthésiant ! On pourrait même en faire un jeu video, et les recettes iraient aux compagnons d’Emmaüs, comme ça la morale est sauve…
C’est triste à dire, mais dans une démocratie, si quelqu’un a décidé de se laisser crever, on ne peut pas l’en empêcher. Tout juste peut-on gentiment essayer de le convaincre qu’il existe d’autres issues (à condition d’ailleurs d’en être convaincu soi même). La démocratie est horrible, oui. Mais le reste est pire encore.




Sabotage des TGV, le groupuscule « d’ultra gauche »

Il ne s’agit pas ici pour moi de discuter de l’ineptie de saboter des voies de TGV, au risque de tuer des passagers qui n’ont rien fait ni demandé à personne, pour protester contre le capitalisme rampant et le consumérisme désespérant de ce bas-monde, je pense que chacun a déjà pu s’en convaincre par lui-même.
Je reviendrai plutôt sur ce néologisme qui a débarqué brutalement sur les ondes télévisées et radiophoniques, d’on ne sait où d’ailleurs, pour venir mourir sur les lèvres de nos bien-aimés journalistes : un groupuscule d’ultra-gauche.
Dans les années 70, la Fraction Armée Rouge, alias bande à Baader en Allemagne, les Brigades Rouges en Italie ou Action Directe en France étaient surnommés des groupuscules d’extrême-gauche… Sauf que ce qualificatif d’extrême-gauche a acquis depuis une certaine honorabilité, et on ne sait trop si l’on doit attribuer cela à la chute des régimes communistes du modèle soviétique, ou au fait que certains partis légaux en France, comme la LCR, récemment rebaptisée NPA par notre facteur utopiste préféré, sont désormais qualifiés ordinairement d’extrême-gauche.
Besancenot a pourtant été soupçonné par des « bien pensants » d’être lié à cette joyeuse petite troupe d’inconscients regroupés dans une « communauté libertaire » du fin fond de la Corrèze. Des hippies qui sabotent les voies ferrées au fer à béton, on n’arrête pas le progrès !
Mais démenti magnanime de notre ministre de l’intérieur : les ultra gauchistes seraient « environ 300 sur toute la France ». Et chacun sait qu’Olivier a fait plus de 300 voix aux dernières présidentielles, tout de même.
Certains journalistes ont préféré appliquer le terme d’extrême gauche radicale. Je vous laisse libre de considérer s’il s’agit ou non d’un pléonasme. Moi en attendant, ce que je crains, c’est le jour où les groupuscules d’ultra-droite feront parler d’eux…


Le logo de notre bande de "feràbétonneurs", largement inspiré, pour ne pas dire copié sur celui de la Fraction Armée Rouge allemande des années 70... Je ne sais pas ce que ça veut dire. Ronde des Andouilles Farfelues ? Royaume des Anes Frelatés ? C'est vrai que RAF, ça sonne mieux que GUG (Groupuscule d'Ultra Gauche). Par contre, c'est la Royal Air Force qui doit pas être contente...


Réouverture de l’affaire du Petit Grégory

Je ne sais même plus pourquoi, mais ce que je sais, c’est qu’on a aussitôt vu refleurir dans la bouche nauséabonde des journalistes des superlatifs pompeux et hauts en couleur tels que : « L’un des plus grands mystères judiciaires du vingtième siècle », ou « L’affaire emblématique des années 80 »… Si c’est vraiment le cas, alors pourquoi est-ce le cas ? Parce que cette affaire fut montée en épingle par les journalistes, encore eux, alors qu’il n’y a qu’à aller faire un tour dans un commissariat ou un bureau de poste et regarder la liste des enfants disparus, dont la plupart fertilisent déjà les pissenlits depuis un bon bout de temps, malheureusement pour eux et leurs familles, mais n’ont pas eu la « chance » d’être retrouvés. Il suffit donc d’observer ces sinistres affiches pour se convaincre hélas que ce genre d’affaire n’est rien d’autre que tragiquement banale.
Au mieux, la réouverture de cette affaire fera peut-être ressortir des vidéothèques l’excellent film « C’est arrivé près de chez vous » qui a fait connaître l’acteur Benoît Poelvoorde, et dans lequel il explique l’art et la manière de faire un bon cocktail « Petit Grégory ».


Le tueur explique la recette du "Petit Grégory", dans "C'est arrivé près de chez vous".


Copyrat draleuq novembre 2008

draleuq, 22h52 :: :: :: [0 provocation]

27 Mars 2012 ::

« La gazette de novembre 2008 - 1ère partie »

:: Paparatzi

Ce billet fait partie d'un sujet qui en comporte deux :
1. La gazette de novembre 2008 - 1ère partie
2. La gazette de novembre 2008 - 2ème partie


Le suicide en prison


Le comble en géographie : croire que les suicidés sont les habitants de la Suisse.

Alphonse Allais


Voilà le cas typique de l’information qui, tout en partant d’un bon sentiment, peut très rapidement tourner à la désinformation. Plusieurs détenus se sont suicidés dans différentes prisons de France, et même parfois dans la même, en peu de temps. Bigre, s’agirait-il d’une épidémie ?
Dire que N détenus se sont suicidés en France en 2008 ne veut rien dire si l’on ne compare pas ces chiffres, proportionnellement bien entendu, au taux de suicide en dehors de prison. Or, sur tous les journaleux que j’ai entendus se lamenter sur le nombre préoccupant de suicides en prison, sans aucun doute dû aux terribles conditions d’existence dans les établissements surpeuplés et vétustes de l’hexagone, qui n’ont rien à envier bien entendu à l’archétype de la prison turque dans Midnight Express, aucun, je dis bien aucun n’a eu l’idée de comparer ces chiffres au taux de suicide extra-carcéral (putain, comment j’cause bien). A croire qu’il n’y a qu’en prison que des types se foutent en l’air !
De même, j’ai entendu un psychiatre dire qu’au moins un tiers des détenus en France étaient des malades psychiatriques (qui devraient donc sans doute être ailleurs qu’en prison, certes, c’est un autre débat). Evidemment, à aucun moment cette donnée ne rentre en compte dans le discours des journaleux, alors que le taux de suicide chez les malades psychiatriques est certainement différent du taux basique.
Selon la saison, on a droit à la même chanson avec le suicide des flics (il suffit que deux se fassent péter le caisson en un mois, l’un petit, gros et célibataire à Maubeuge et l’autre, grand beau, marié, 4 enfants à Menton, et on lâche les chiens), jamais comparé avec le taux de suicide dans d’autres professions, jamais modéré par le fait que les flics ont sur eux tout l’outillage pour se flinguer beaucoup plus facilement que des clercs de notaire ou des comptables.
Moi, ce qui m’intéresserait de savoir en ce moment, c’est le taux de suicide chez les traders...[1]


La prison de Fresnes


Le congrès du PS

Lamentable. C’est le mot qui me vient spontanément à l’esprit pour évoquer cette mascarade. Quand on évoque ici et là Sarkozy jaloux de la popularité/paye de son premier ministre, voire du charisme d’Obama paraît-il, ou alors l’ambition démesurée de Xavier Bertrand qui penserait déjà à l’après deuxième mandat de Sarko, et que ce dernier a laissé prendre les rênes de l’UMP tout en le surveillant dans son rétroviseur tant il se verrait bien président à vie, je souris en coin mais je me dis : c’est normal, c’est l’UMP, un parti qui prône la réussite personnelle, l’élitisme, l’appât du gain, l’individualisme. Mais quand il s’agit du PS, Parti Socialiste, sensé faire prévaloir la justice sociale, l’humanisme, la solidarité, alors là ça donne la nausée. Lamentable, ce panier de crabes (d’écrevisses ?) où chacun pense à son destin et à sa gloriole. On sait à quel point les femmes peuvent être tendres entre elles, mais il ne fallait pas attendre mieux des chefaillonnes du PS. J’ai bien cru un moment qu’elles allaient se griffer ou se mordre en public, voire se traiter de sales putes. C’est à ce moment que j’ai rejoint mon paternel dans le rejet viscéral de Ségolène Royal (lorsqu’il m’a filé une pile de Nouvel Obs qu’il avait lus, l’un d’entre eux avait perdu sa couverture… Devinez qui avait sa gueule d’amour dessus ?) J’ai essayé une dernière fois de la supporter lorsqu’elle a été invitée au 20 heures après que sa « motion » fût arrivée en tête avec 29 misérables pour cents, soit même pas un tiers des voix :
- Votre motion est arrivée en tête, est-ce que c’est une victoire pour vous ? dit le journaliste (question très profonde s’il en est, mais fallait pas en attendre beaucoup plus du JT).
- C’est avant tout une victoire pour tous les socialistes, répondit-elle.
Et là, devant ce monument d’hypocrisie, ça a été plus fort que moi : j’ai zappé.



11 novembre, les fusillés réhabilités ?


La justice militaire est à la justice ce que la musique militaire est à la musique.

Georges Clemenceau


Ce n’est pas seulement pour qu’on ne me soupçonne pas d’être un anti-sarkozyste primaire que je vais écrire ce que je vais écrire. D’ailleurs, je me considère désormais comme un anti-sarkozyste primaire à part entière, j’en veux pour preuve que malgré le fait qu’il ait réussi à squatter les trois chaînes hertziennes les plus regardées ce soir pendant une heure quinze, je pense que je ne vais pas parvenir à supporter sa tronche durant plus de 0 seconde. N’empêche, quand il ne dit pas que des conneries, je tiens à le signaler. C’est d’ailleurs d’autant plus simple que c’est extrêmement rare. Je tiens donc à saluer ce qu’il a dit lors du 11 novembre 2008 lorsqu’il a évoqué une réhabilitation possible des fusillés de la première guerre mondiale, qu’ils soient déserteurs ou fusillés pour l’exemple. Monsieur le président expliquait à bon droit qu’on ne pouvait pas en vouloir à certaines personnes fragiles (et même à d’autres moins fragiles) d’avoir « flanché » devant une pareille horreur.
Seul bémol : le dernier poilu étant mort peu avant, aucun d’entre eux n’aura entendu ces saines paroles de son vivant. C’est ballot.


Une des rares photos d'archives de fusillé pour l'exemple pendant la première guerre mondiale


Copyrat draleuq novembre 2008


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1. Un an à peine après l'écriture de cette note, en septembre 2009, alors que l'actualité brûlante du moment était "la vague sans précédent de suicides chez France Telecom", le Nouvel Obs me donnait raison en publiant ceci : "Les 24 suicides chez France Telecom depuis 18 mois suscitent des interrogations. Le taux de suicide a-t-il vraiment augmenté ces derniers temps au sein du groupe ? (...) Le groupe fait état de 22 suicides en 2003 et de 29 suicides en 2002 ! (...) Même après enquête, il est extrêmement difficile de déterminer dans quelle mesure ces morts sont liées aux conditions de travail. (...) Mais il s'avère qu'on attente moins à sa vie chez France Telecom que dans l'ensemble de la population française en âge de travailler : avec 11,7 suicides pour 100 000 employés en 2007 et 2008, contre 21,6 pour 100 000 français de 25-65 ans en 2006 selon l'Inserm. En France, les professions les plus vulnérables sont les policiers, avec 35 cas pour 100 000. Et les enseignants, où l'on déplore 39 cas pour 100 000."
Et à titre totalement personnel, j'ajouterai que pourtant, il est beaucoup plus facile de se suicider avec un 38 spécial qu'avec un crayon de bois ou un compas !
Donc si on résume : on nous pond tout un cake sur le suicide à France Telecom, alors que les employés de cette vénérable entreprise se foutent en moyenne presque deux fois moins en l'air que les français moyens, et plus de trois fois moins que les flics et les profs ! C'est-y pas du foutage de gueule, ça, quand même ?
Notez d'ailleurs qu'en ce moment, les journaleux nous remettent encore une pièce dans le juke box avec "une vague sans précédent de suicides à La Poste." Ce matin encore France Info nous a gratifié de l'interview d'un pauvre, pauvre facteur surmené, et ce midi du témoignage anonyme d'un pauvre, pauvre cadre placardisé.

draleuq, 23h05 :: :: :: [1 assertion inepte]

21 Mars 2012 ::

« Exclusif ! Billet « spécial ch’tis » ! – 2ème partie »

:: Paparatzi

Ce billet fait partie d'un sujet qui en comporte deux :
1. Exclusif ! Billet « spécial ch’tis » ! – 1ère partie
2. Exclusif ! Billet « spécial ch’tis » ! – 2ème partie


J’en étais donc resté au moment où je disais que même si je n’avais pas crié au génie à la vue de « Bienvenue chez les chtis », je m’étais quand même bien marré.

Comme tout engouement populaire, il a donné lieu à quelques scènes rigolotes, comme par exemple ce couple de personnes âgées qui n’est pas allé au cinéma depuis 50 ans, qui se rend dans une salle obscure pour voir celui-ci et qui demande « des places au balcon ».
Comme tout engouement populaire, il a surtout donné lieu à des scènes franchement consternantes, comme ce type qui n’hésite pas à se vanter devant une caméra de télé qu’il est déjà allé le voir 17 fois au cinéma (!)
Et plus encore, à des récupérations tous azimuts qui finissent à la longue par nous le faire sortir par les trous de nez, comme un peu tout ce qu’on voit à longueur de temps.
Comme la gueule de Sarkozy par exemple. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard que Monsieur le Président s’est offert une projection privée à l’Elysée. Reste à savoir pourquoi il n’en a pas profité pour remettre la Légion d’Honneur à Dany Boon. Trop tôt peut-être ? C’est dommage, pour une fois qu’il tenait une occasion de remonter dans les sondages !

On m’a d’abord parlé de la création d’une vache, vous savez, ces petits objets cylindriques vendus dans les magasins de souvenirs montagnards qui font « meuuuuuh » quand on les retourne ? Eh bien j'ai appris qu’ils en auraient créé qui feraient « hein ? » au lieu de faire « meuuuuuh ». Ça m’a captivé.
J’ai ensuite vu que ce cher Benjamin Castaldi que je porte tant dans mon cœur, non pas à cause de la richesse de sa personnalité, mais à cause de l’inanité de ses émissions (je persiste à penser qu’il doit tout de même y avoir un lien entre les deux) allait consacrer une semaine entière de son jeu de m… quotidien « un contre 100 » à « rendre hommage » (ce sont ses mots) au film. Bienvenue donc à « Un contre 100 spécial chtis ».
Et puis, un jour, à la radio, j’ai entendu cette publicité pour une entreprise locale vendant des stores. Je précise que cette entreprise se trouve sur la côte atlantique :
« Aquète un store, on t’fait ch’devis y’a qu’o d’mander hein. »

Ce fut la goutte qui fit déborder le vase du grotesque et j’entrepris alors de faire un tour d’horizon des récupérations, via l’interpouette que nous aimons tant, afin d’évaluer la profondeur de l’insondable gouffre de la connerie consumériste… et aussi un peu, je le confesse, afin de pouvoir médire impunément à l’occasion de ces quelques lignes vipérines.

C’est ainsi par exemple que le Grand Journal de Canal + spécial chtis, présenté par Dany Boon, a battu le record d’audience pour cette émission.

C’est ainsi que CuisineAZ.com nous a gratifié d’un superbe dossier culinaire spécial chti.

C’est ainsi qu’on apprend que c’est Gaz de France qui était propriétaire du bâtiment où on a installé le bureau de poste pour les besoins du film, et que suite à ce formidable succès, GDF en a fait don à la mairie de Bergues. On spécule déjà sur la possibilité d’y faire un musée à la gloire de ch’film.

Faut dire que les beaufs de tous horizons n’ont pas attendu l’ouverture d’un musée pour se précipiter en pèlerinage à Bergues. Dès le mois de mars, un raz-de-marée de fans français, belges, anglais et même d’au-delà a débarqué dans ce village de 4 300 habitants, prenant d’assaut les hôtels, les commerces, l’Office de Tourisme.
Dans l’absolu, ce n’est pas un mal pour le tourisme de cette région, qui gagne à être connue, et pour une fois je parle sans ironie, ayant eu le temps d’en découvrir quelques charmes lorsque j’y étais en villégiature de longue durée. En l’occurrence, ce n’est plus la quantité de visiteurs qui m’inquiète désormais, mais la qualité…
Mais qu’importe, du moment que ça a du fric à débourser, hein.

C’est ainsi que l’Office de Tourisme a créé spécialement un « ch’ti tour ». Au programme, la poste, le beffroi, les maisons de la tournée du facteur. Le point de vue préféré, c’est l’endroit où Kad et Dany ont pissé dans le canal. Cool.
Bien entendu, cette info a été aussitôt relayée par le site Routard.com. Le guide touristique qui oubliera le ch’ti tour de Bergues dans son édition 2009 sera vraiment has been.

Idem pour le comité départemental de tourisme du Nord qui ne voulait pas être en reste, et a aussitôt créé une offre de séjour 2 jours/1 nuit pour la modique somme de 119 €, avec montée du beffroi de 193 marches, « randonnée » sur les remparts, promenade en tramway touristique… C’est bath, non ?
Ça rappelle le « camping des flots bleus » du film « Camping », qui avait été pris d’assaut dans la foulée par nos amis les campeurs, mais en pire.

C’est ainsi que les bistrots, pizzerias (l’histoire ne dit pas s’ils ont fait la « ch’ti » en remplaçant la mozzarella par le Maroilles), boulangeries, restaurants ont vu leur chiffre d’affaire s’envoler depuis la sortie du film. Le traiteur a créé une recette spéciale le « tchio biloute », et le pâtissier un gâteau spécial, le « ch’ti berguois ». Les chambres d’hôtes, habituellement vides à cette saison, sont prises d’assaut tous les soirs. La tenancière est épuisée, mais heureuse. Ce que lui demandent le plus ses visiteurs : « où on peut acheter de la chicorée et du Maroilles. »
Evidemment, il faut là résister à la tentation de répondre : « au super U en bas de chez toi, ducon ».
Au plan national, les ventes de Maroilles ont augmenté de 10 %, et celles de la « bière ch’ti » de plus de 30 %. Ça tombe à pic, avec les phases finales de la coupe d’Europe de foot.

C’est ainsi que trois panneaux indicateurs d’entrée de Bergues ont été volés. L’un d’entre eux a été revolé aussitôt après avoir été remplacé, si bien que maintenant, ils les soudent. Ça c’est une idée n’empêche, ça ferait sensation sur la porte de mes toilettes. Comme ça je les appellerais les « t’chiottes ».

C’est ainsi qu’on apprend que Will Smith, le sympathique blackos aux oreilles en feuilles de chou (c’est peut-être pour ça que Dany Boon l’a inspiré ?) aurait déjà manifesté son intention d’acquérir les droits de « Bienvenue chez les chtis » pour tourner un remake sur la communauté noire aux USA… Amazing, isn’t it ?

Mais le staff du film avait déjà prévu que ça finirait, d’une manière ou d’une autre, chez les ricains (là encore, ne faut-il pas y voir un signe ?) puisque le site commercial de « Bienvenue chez les chtis » a été baptisé « ChtiNN, eul chaîne qui perd pas ch’nord ».

C’est ainsi que les vitrines des espaces culturels et autres librairies se couvrent de bouquins sur les chtis qu’on sait même pas comment ils ont réussi à les écrire et à les imprimer aussi vite, waouh. Je vous épargne les références.

Et j’arrête là, je commence à avoir la nausée.


Manifestation des salariés de La Redoute à Roubaix. Et devinez quoi ? Ils ont obtenu 45 € d’augmentation et des embauches d’intérimaires. De quoi donner des idées aux profs qui vont manifester bientôt contre les suppressions de postes : « Bienvenue chez les chtis cons qu’on n’arrive de moins en moins à tenir, hein ».

Pour finir ce billet spécial chtis qui va, n’en doutons pas, me rapporter moult lecteurs, je vous livre quelques « Monsieur Madame » chtis que m’avait raconté un pote quand j’étais là-haut (si si, j’avais des potes, je vous jure). Essayez toujours, mais à part le premier, ça s’adresse plutôt à des initiés.
- Monsieur et Madame Tardelpik ont un fils : Helmudt
- Monsieur et Madame Achcarreaudechbusquandellespartent ont une fille : Alphonsine
- Monsieur et Madame Bitybrairo ont deux fils : Yves et Romain.

Copyrat draleuq 2008

draleuq, 10h57 :: :: :: [1 sarcasme grinçant]

18 Mars 2012 ::

« Exclusif ! Billet « spécial ch’tis » ! – 1ère partie »

:: Paparatzi

Ce billet fait partie d'un sujet qui en comporte deux :
1. Exclusif ! Billet « spécial ch’tis » ! – 1ère partie
2. Exclusif ! Billet « spécial ch’tis » ! – 2ème partie



Récemment, le film "Intouchables" a détrôné "Bienvenue chez les Chtis" comme premier au box office français depuis l'origine des temps. Bien sûr, cela s'est su et même bien su, mais il me semble tout de même, et ce n'est pas une mauvaise nouvelle, que ce film n'a pas envahi notre quotidien comme ce fut le cas de l'autre en 2008, ce qui m'avait à l'époque inspiré un long article, tellement long que je l'avais coupé en deux. La raison pour laquelle "les Intouchables" a moins atteint que son prédécesseur le statut de phénomène de société est peut-être à chercher dans le traitement médiatique, qui était peut-être préoccupé par autre chose de plus "important", comme la crise de la zone euro et la perte du triple A...

Il convient parfois d’utiliser quelque subterfuge pour augmenter son audimat de façon totalement artificielle, tel un animateur télé people et sans âme, avec une belle gueule et un cerveau tout juste bon à faire croire qu'il est vachement futé.

En ce moment, la chose n’est pas compliquée :
« Bienvenue chez les ch’tis » « Bienvenue chez les ch’tis » « Bienvenue chez les ch’tis » « Bienvenue chez les ch’tis » « Bienvenue chez les ch’tis » « Bienvenue chez les ch’tis » « Bienvenue chez les ch’tis » « Bienvenue chez les ch’tis » « Bienvenue chez les ch’tis »

Je ne suis pas tout à fait convaincu que le fait de le copier coller plusieurs fois va faire augmenter mes « hits » sur Google, mais après tout ça ne coûte rien d’essayer.

Nous voilà donc dans la fièvre ch’ti, la ch’ti mania, la ch’ti attitude, la vague ch’ti, la deferlante ch’ti, et autres innombrables superlatifs colorés et exotiques.
De temps en temps, un film défraie la chronique, comme ça. Il y a eu « Titanic », « sixième sens », « Astérix et Cléopâtre », « les choristes », « Podium », puis « Camping », et voilà que celui-ci bat tous les records, détrônant l’inénarrable « Grande vadrouille » au Box-Office.
Comment, vous ne le saviez pas ? Ah ben ça, chuis ravi de vous avoir appris quelque chose !

A chaque fois, il y a des signes qui ne trompent pas, je serais même tenté de dire des « symptômes ». A la télé comme à la radio, ils ne parlent que de ça. Quand, dans un moment de lutte contre ta misanthropie rampante, tu sors afin de te rendre en société, quelle qu’elle soit, plusieurs personnes te demandent si tu l’as vu. Si oui, ils te racontent leurs scènes préférées, non pas pour laisser entendre que tu n’as pas compris le film, que vas-tu penser là ! Juste pour les repartager avec toi, et se payer une bonne tranche de rire conviviale. Et si tu ne l’as pas vu, alors là tu te heurtes à un mur d’incompréhension. Ce qui est mon cas. Car je me plains souvent d’être un incompris, mais là, honnêtement, il faut avouer que je le cherche un peu. Oui, je le confesse, j’ai refusé catégoriquement d’aller voir le moindre des « chefs d’œuvre » ci-dessus au cinéma.
C’est pas ma faute, j’ai pas envie.
Il y a comme une sorte d’overdose médiatique, entre la télé et la radio qui te racontent le film dix fois, les conviviaux comparses qui en rajoutent une couche, une bonne dose d’anti-conformisme, un goût très limité pour les comédies prétendument hilarantes dont les calembours me laissent souvent de glace, et un goût tout aussi limité pour la promiscuité des files d’attente et des salles de cinéma archi-combles où la foule communie dans une grand messe d’esclaffements.

Je finis quand même tôt ou tard par les voir, bien des années après, quand ils passent à la télé. Sauf « Astérix et Cléopâtre », faut pas déconner non plus. Je peux ainsi m’en faire une idée et analyser, rétrospectivement, la frénésie populaire.
Hertzienne bien entendu, la télé, car Canal Foot et Arnaque Satellite sont des sports que je me refuse à pratiquer, j’ai bien mieux à faire de mon maigre pécule. Inutile de dire qu’il est hors de question que je dépense même 2,50 € pour les louer en DVD. Logique jusqu’au bout.

Dans la majorité des cas, je trouve alors ces films tout à fait regardables, bien qu’il n’est encore jamais arrivé que j’y voie un authentique chef d’œuvre. Pour « Bienvenue chez les ch’tis », cela s’est passé un peu différemment de d’habitude : je l’ai déjà vu à la télé. L’opportunité m’en a été fournie par une de mes connaissances qui l’avait téléchargé, illégalement bien entendu. Tsssssss, po bien.
Le téléchargement est un sport que je ne pratique pas non plus, pour plusieurs raisons. L’illégalité en est une, mais la raison première, c’est mon amour du cinéma, mon plaisir de la salle obscure et du grand écran, le fait que j’aie vu les salles de cinéma où j’allais quand j’étais gamin fermer les unes après les autres, et ma peur que le téléchargement fasse un jour péricliter l’un des derniers petits plaisirs à la portée de la plupart des porte-monnaie.
Il m’est déjà arrivé de refuser catégoriquement de voir une copie illégale d’un film que j’avais décidé d’aller voir au cinoche.
Mais là, j’ai cédé. Par curiosité, par « convivialité », parce que je ne risquais pas de ruiner Kad Merad ou Dany Boon, et parce que de toute façon je n’aurais pas versé un centime pour le voir, ni au cinoche, ni en DVD. Donc point de manque à gagner.

Alors, sentence ?
Je vous vois d’ici vous dire : « a-t-il ri, ce pisse-froid, ou est-il réellement un cas irrécupérable ? »
Eh bien…

Oui. J’ai ri.

Je ne me suis certes pas roulé par terre, pissé dessus, je ne suis pas entré dans une crise de fou rire incoercible à en avoir mal au ventre, comme cela m’est arrivé devant d’autres films, certes rares, ou lors d’autres activités, un peu plus fréquemment.
Mais j’ai ri, et même bien ri par moments, comme lors de la scène déjà « culte » de la tournée du facteur, qui effectivement vaut son pesant de cacahuètes.
J’ai d’autant ri de bon cœur qu’ayant moi-même séjourné six ans chez les ch’tis, beaucoup de choses m’ont semblé finalement assez familières.

Alors, est-ce que, à l’instar des autres « étrangers » qui vont vivre là haut, j’ai « brai » deux fois, une fois quand je suis arrivé, une fois quand je suis reparti ?
Au risque de décevoir les fans, ni l’un, ni l’autre. Ça a été une bonne chose que j’y aille. Mais six ans après, il était temps que j’en reparte.

Sont-ils si accueillants qu’on le dit, ces ch’tis ? Ont-ils vraiment dans le cœur le soleil qu’ils n’ont pas au dessus de la tête ?
A mon sens, et d’après l’expérience que j’en ai, ni plus, ni moins que d’autres provinciaux moyens. Durant le temps imparti, j’ai rencontré des tas de gens adorables, mais aussi un bon paquet de fieffés connards et d’abrutis notoires. Dany Boon ne s’y est d’ailleurs pas trompé dans son sketch qui parle de l’accueil chaleureux des ch’timis puisque la comparaison concerne les ch’tis et les… Parisiens.

Je vis désormais dans une région qui est terre d’asile pour les Parisiens lassés de leur mode de vie, et je peux témoigner qu’ils sont unanimes pour trouver les gens de l’ouest super accueillants et super chaleureux.
C’est donc bien moins une histoire de ch’tis ou de pas ch’tis qu’une histoire de provinciaux ou de franciliens.
Alors, les Parisiens sont-ils génétiquement hargneux et désagréables ?
Point du tout. C’est juste que l’homo sapiens n’est pas fait pour vivre dans une mégalopole. Ça le rend con.


La scène de la tournée du facteur


Copyrat draleuq 2008

draleuq, 01h22 :: :: :: [0 plainte déchirante]

15 Mars 2012 ::

« Petite déprime »

:: Paparatzi

Le monde est peuplé d’imbéciles qui se battent contre des demeurés pour sauvegarder une société absurde.

Jean Yanne


Ces derniers mois, j’ai remarqué qu’à table, j’avais moins d’appétit, que la nuit je dormais moins bien, que je faisais des cauchemars, que je me sentais fatigué au lever. Le surmenage ne pouvant expliquer les idées noires, j’ai fait mon introspection et j’ai trouvé pourquoi.
C’est, qu’après m’être complu pendant des mois dans l’ignorance la plus totale, ou presque, de l’actualité mondiale et en particulier française, j’ai recommencé à m’informer, ou à me désinformer si vous préférez. J’ai recommencé à lire les dépêches à chaque fois que j’allumais mon PC, j’ai recommencé à écouter France Info dans la voiture, et, foutu pour foutu, j’ai même recommencé à regarder le JT.

C’est ainsi que, à l’occasion des émeutes de Villiers-le-Bel à cause de deux branleurs qui ont fait les cons sur une mini moto et qui, railleurs jusque dans la mort, ont poussé le vice jusqu’à se jeter sur une bagnole de flics, j’ai pu entendre une interview de Simone Weil :
Petit extrait :
- Est-ce que c’est excusable de brûler une bibliothèque ?
- Bien sûr que non, ce n’est pas excusable. En plus c’est stupide, car ils se privent eux-mêmes de cette bibliothèque !
Simone… Je te respecte. Mais franchement, là, tu te fais vieille. Ils s’en foutent de la bibliothèque… Ils savent pas lire de toute façon.

C’est ainsi que, à l’occasion de la grève des cheminots, j’ai entendu l’un d’entre eux, syndiqué FO, pleurer (au sens propre hein, il pleurait vraiment), en disant que « une grève comme ça, c’est très dur vous savez, il faut tenir son piquet de grève dès 6 h 30 du matin ».

C’est ainsi également que j’ai entendu un journaliste rapporter les propos d’un syndicaliste de Sud Rail de cette façon : « Si on arrête la grève maintenant, j’aurai l’impression de m’être fait avoir ». Le journaliste précisa qu’il l’avait d’ailleurs dit dans des termes plus « triviaux ».

Un autre syndicaliste, toujours de Sud Rail, disait qu’il reprenait le travail à contrecoeur, en regrettant que les usagers n’aient pas compris le mouvement, et que les autres corporations de métiers ne l’aient pas rejoint (ah ! ah ! ah !)

C’est ainsi enfin qu’un contrôleur, et celui-là décroche sans conteste le pompon, disait sur un ton excédé qu’il allait reprendre le travail puisque c’est ce que tout le monde voulait, et qu’il n’allait pas faire semblant de le reprendre. Puisque Sarkozy est contre les fraudeurs, disait-il, il allait les agrafer, les fraudeurs. Tolérance zéro. Œil pour œil, dent pour dent. Il allait appliquer la Loi du Talion.

Voilà un panorama qui ne donne pas, loin s’en faut, une bonne image des cheminots. Ou alors je ne sais pas, un cheminot tout seul, c’est ptet sympa, mais quand ils sont ensemble, qu’est-ce qu’ils deviennent cons.
Ils ne seraient pas les seuls d’ailleurs, je constate la même chose avec les profs tous les jours. Mais j’y reviendrai une autre fois.

C’est ainsi que notre vénéré président a alimenté l’actualité de scoops chaque jour plus juteux, entre ses tournées de représentant de commerce en Arabie Saoudite et en Algérie, son somptueux mariage de conte de fées, son hospitalité pour un bédouin tyran de série Z entouré de son peloton d’amazones gardes du corps, le tout saupoudré de discours vibrants sur la paix, la civilisation, la destinée de l’homme, autant de choses dans lesquelles la France entend jouer un rôle prépondérant.
La destinée, oui, rien que ça. Mais rien de surprenant dans ce terme, chez ce président d’un état laïque qui ose dire (discours de Rome, 20 décembre 2007) que les curés sont mieux placés que les instits pour la transmission des valeurs.

Nul doute que notre président a su passer avec brio de la Tolérance Zéro à la Cohérence Zéro.

Et plus récemment, on a encore pu constater que le bougre ne s’arrête jamais. On peut au moins lui accorder ça : même quand il sombre dans tous les sondages, il continue de plus belle.
Toujours plus inspiré sur l’éducation qui est décidément un sujet qui lui tient à cœur (hélas pour nous), il vient de faire dévoiler enfin le détail de son projet, ou plutôt de sa décision unilatérale, de suppression du samedi matin d’école.
Cette décision, qui aurait pu être bonne, s’appuyant sur le fait que l’école primaire française est celle qui impose le plus grand nombre d’heures de cours en Europe, sans pour autant être la meilleure, loin s’en faut, a été vendangée lamentablement, comme on pouvait s’y attendre… La majorité des heures ainsi dégagées pour les professeurs seront rajoutées aux « élèves en grande difficulté » qui se taperont donc deux heures de colle hebdomadaires.
Ce n’est pas comme ça que ce sera présenté bien sûr, mais c’est comme ça que ce sera vécu. Quand est-ce que ces tire-au-cul de politiciens comprendront que ces gamins-là n’en peuvent plus de ces heures de cours où ils ne tiennent déjà pas en place et n’arrivent à écouter ce qu’on leur dit qu’entre 10 % et 30 % du temps, passant le reste du temps à emmerder les autres et à les empêcher d’apprendre ?
Deux heures en petit groupe, c’est très bien. On aurait même pu faire quatre heures, six heures, c’était pas un luxe. Mais pas en plus du reste, bordel de merde !

Et puis, comme une cerise sur le gâteau, sa dernière lubie, que chaque classe de CM2 porte « la mémoire d’un petit juif mort dans les camps ». Il avait déjà voulu imposer sa version de la mémoire avec la lettre de Guy Môquet, au mépris des milliers de gens qui ont donné leur vie pour résister aux nazis, voilà maintenant qu’il veut imposer les enfants juifs comme seules victimes de la discrimination et/ou de l’horreur…
Qui va porter la mémoire des enfants esclaves assassinés par les colons ?
Qui va porter la mémoire des enfants algériens morts pendant la guerre coloniale ?
Qui va porter la mémoire des enfants tziganes et handicapés envoyés dans les mêmes camps de concentration ?
Qui va porter la mémoire des enfants victimes des bombardements ?
Qui va porter la mémoire des enfants morts de famine sous l’ancien régime quand les nobles s’en foutaient plein la gueule ?
Etc. Etc.

A chacune de ses nouvelles conneries, je vois maintenant des personnes que je connais et qui sont depuis toujours d’indécrottables électeurs de droite. Eh bien même eux, ils secouent la tête d’un air de dire : « mais qu’est-ce qu’il branle ? »

Faut que je me calme, faut que je me calme…

Alors voilà, pour rester zen et sortir de la déprime, je n’ai trouvé qu’une seule solution :



Copyrat draleuq 2008

draleuq, 21h27 :: :: :: [3 provocations]

12 Mars 2012 ::

« Et hop, des limbes au paradis ! »

:: Paparatzi

Une société d'athées inventerait aussitôt une religion.

H. de Balzac ("Le catéchisme social")


J’ai souvent l’art et la manière d’être consterné par certaines choses qui passent pratiquement inaperçues pour le reste du monde.

Ainsi, il y a peu (c’était au mois d’avril), j’entendis sur les ondes radiophoniques que les théologiens avaient décidé que les enfants qui décèdent alors qu’ils ne sont pas baptisés vont au Paradis. Jusqu’alors, ils étaient réputés aller dans les Limbes, un endroit à mi-chemin entre l’Enfer et le Purgatoire, que Dante, dans « La Divine Comédie », a décrit comme une contrée brumeuse.

Notez que moi je n’ai rien contre le principe, bien au contraire. Quoi de plus innocent qu’un enfant, et est-ce de sa faute si on n’avait pas eu le temps de le baptiser avant que le Seigneur ne le rappelle à lui ? Non, tout cela n’est que justice, bien évidemment.
En plus, les contrées brumeuses sont très mauvaises pour la santé des enfants. C'est des coups à choper la mort.

Mais je suis saisi d'un affreux doute d'un seul coup.
La décision des théologiens est-elle rétroactive ? En d'autres termes, est-ce que tous les enfants morts sans être baptisés par le passé seraient en fait au Paradis alors qu'on croyait jusqu'alors qu'ils étaient dans les Limbes ? Ou, est-ce que c'est dorénavant que les enfants morts sans être baptisés iront au Paradis, et ceux qui sont morts avant cette décision continueront-ils à s'enrhumer dans les Limbes ? Ou alors, St Pierre va-t-il appliquer la nouvelle jurisprudence théologienne et déporter les enfants des Limbes vers le Paradis ?

Ceci devrait, je crois, susciter des vocations parmi tous les jeunes gens qui voudraient rendre service à leur prochain sans trop se fatiguer et qui se demandent dans quelle branche professionnelle ils vont bien pouvoir prospérer. Faites théologien, c’est un métier d’avenir ! Vous pourrez donner bonne conscience au menu peuple et l’aider à surmonter ses chagrins !

Je me demande, à vrai dire, si les dix commandements ont été « décidés » de la même manière par Moïse.
Ah non, c’est vrai, c’est Dieu qui les a gravés sur les tablettes de la Foi, en haut du Mont Sinaï alors que Moïse était tout seul.
Je me demande également si le Coran a été lui aussi « décidé » de la même façon par Mahomet.
Ah non, c’est vrai, c’est Allah qui lui parlait dans sa tête, il se contentait de répéter à ses scribes ce qu’Allah lui disait, et ses scribes l’écrivaient sous la dictée.

Raël, Ron Hubbard et Joseph Di Mambro ont eu plein de voix eux aussi. Et ils ont également « décidé » énormément de choses. Mais pardon, je m’égare...

Benoît XVI, le maître à penser de tous ces théologiens surdoués qui nous facilitent tant notre misérable vie de mortels est allé encore plus récemment au Brésil. Là-bas, c’est l’effervescence : le plus grand pays catholique du monde s’apprête lui aussi à autoriser l’avortement.


Benoît XVI et le président Lula


Du coup, il a menacé d’excommunication tous les députés Brésiliens qui se prononceraient pour l’avortement.
Je me sens un peu excommunié moi aussi, puisque je suis pour. Et j’avais vraiment pas besoin de ça, vu que j’étais déjà pas très beaucoup « communié ».

Le monde entier n’aurait-il pas le plus grand besoin d’être ex-con-munié ?

Mais ne perdons pas espoir, ô mes frères, peut-être que dans quelques décennies, nos merveilleux théologiens décideront que ne pas laisser naître et grandir un enfant handicapé, ou malade incurable, ou malformé, ou orphelin, ou sans soins et sans espoir, ça ne nous ferme pas forcément les Portes de l’Eden.
Ou alors, peut-être que plus personne n'en aura rien à foutre de ce qu'ils décident. C'est déjà bien parti pour[1].

Tout ceci me fait penser à une réplique du film de Ridley Scott intitulé « Kingdom of Heaven ». Au moment où le défenseur de Jérusalem s’apprête à aller rencontrer Saladin pour négocier la reddition de la ville contre la vie sauve pour les habitants, l’Evêque lui dit : « convertissez-vous à l’Islam, vous abjurerez ensuite ! » L’autre le regarde alors d’un air méprisant et lui répond : « vous m’en aurez beaucoup appris sur la religion, Eminence. »


Affiche promotionnelle photographiée par mes soins dans la Cathédrale de Chartres. J'ai eu bien du mal à la cadrer entre deux crises de fou rire incoercibles. Déjà que la moyenne d’âge des religieuses était, aux dernières nouvelles, de 78 ans (à force de se reproduire en couvent, ça devait bien finir comme ça), gageons que ce n'est pas en prenant l'exemple d'un personnage aussi humaniste et progressiste que l'est l'actuel Pape, que Notre Sainte Mère l'Eglise va susciter les vocations... C'est un peu comme si, pour susciter des vocations pour la politique, on nous mettait une affiche comme celle-ci :


Du reste, le comparatif n'a rien de gratuit, puisque les deux types qui ont le plus hanté ce début de XXIème siècle en occident, pour l'un d'entre eux ne jurait que par Dieu et se croyait investi d'une mission de Croisade contre l'Axe du Mal, et pour l'autre n'a pas hésité à dire dans son tristement célèbre discours de Latran :

"Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur, même s’il est important qu’il s’en approche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance."

Nicolas Sarkozy


Le problème de Dieu, c'est qu'il choisit décidément bien mal ses apôtres, puisque ce sont toujours les types les plus infréquentables qui se réclament de lui. Et je serais hélas assez enclin à croire que cette ordure de Dieu a vraiment créé l'homme à son image...

Copyrat draleuq 2007-2012


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1. Récemment, je suis allé visiter l'immense cathédrale gothique de Coutances, en Normandie, en pleine journée. Elle était vide. VIDE. Pas un chat, pas un rat, rien, personne. J'en ai visitées quelques unes dans ma vie, mais c'est la première fois que je voyais ça.

draleuq, 22h01 :: :: :: [5 provocations]

7 Mars 2012 ::

« Le monde à l'envers »

:: Paparatzi

Quand le moment du monde à l'envers est venu et que c'est être fou que de demander pourquoi on vous assassine, il devient évident qu'on passe pour fou à peu de frais.

Louis-Ferdinand Céline (Voyage au bout de la nuit)


Ils ne parlent plus que de ça, à nouveau.

Un étudiant américain (ah non, c’est vrai, il est « d’origine sud-coréenne », c’est important ça, petit !) a encore pété un plomb, c’est le cas de le dire.
Il a encore pris une arme à feu, ce qui relève de l’exploit, vu comment c’est difficile à trouver dans ce pays.
Il s’est encore mis à défourailler à tout va dans les couloirs et les salles d’une université.
Il a encore tué à l’aveuglette des dizaines de ses condisciples.
Il a encore « retourné l’arme contre lui » (décidément, je ne me lasse pas de ce délicieux euphémisme journalistique), ce qui veut dire qu’en gros, content de son FPS[1] de deux heures, il a stoppé la partie en se faisant péter le caisson.

Quel manque de chance quand même, un phénomène aussi grave et aussi récurrent, dans un pays béni par Dieu, que dis-je, dans un pays choisi par Dieu pour anéantir l’Axe du Mal.

Mais au-delà de tout ça, ce qui est fantastique – au sens littéraire du terme – c’est la réaction immédiate de plusieurs sénateurs républicains qui ont déclaré :
- C’est horrible ! Il faut absolument donner des armes aux professeurs pour qu’ils puissent se défendre et défendre leurs élèves !

Et un autre a même dit :
- Je suis horrifié ! Il faut permettre aux étudiants d’être armés afin de pouvoir se défendre contre ce genre de forcené !

Mais en voilà une bonne idée !

Eh bien moi je propose plein d’autres mesures analogues pour rendre notre monde meilleur :

- Pour lutter contre le SIDA, il faut interdire l’usage des capotes
- Pour lutter contre l’insécurité sur la route, il faut supprimer les limitations de vitesse, les feux rouges, les ceintures de sécurité, autoriser à conduire bourré
- Pour lutter contre le cancer, il faut totalement détaxer l’alcool et le tabac
- Pour lutter contre la pollution, il faut complètement détaxer l’essence et encourager tout le monde à la surconsommation d’énergie
- Pour lutter contre l’illettrisme, il faut abaisser l’obligation scolaire à 12 ans au lieu de 16, et rendre toutes les écoles payantes (et très cher… l’argent sera directement reversé aux profs, bien entendu)


L'acteur Charlton Heston, figure de la National Rifle Association,
le lobby le plus puissant des Etats-Unis, qui soutient[2] activement la Busherie
depuis 2000. A chaque congrès annuel, il brandit son nougat et proclame
le serment suivant sous les hourrah de la foule en délire :

« From my cold, dead hands ! »
« Pour me la[3] prendre, il faudra me passer sur le corps ! »


Copyrat draleuq 2007


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1. FPS : "first person shooter". Pour les non-initiés, il s'agit d'un type de jeu vidéo où on tire sur tout ce qui bouge.

2. Du moins soutenait, puisqu'il est décédé en 2008... Il fut président de la NRA de 1998 à 2003, et déclara sa maladie d'Alzheimer en 2002 (cause à effet ?). Sa dernière apparition dans un film, peu glorieuse, est son interview par Michael Moore dans le film "Bowling for Columbine"

3. Il parle de sa connerie, vous l’aviez tous compris.

draleuq, 19h17 :: :: :: [8 gentillesses]

4 Mars 2012 ::

« Ni mieux, ni pire »

:: Les dérapages du rat


draleuq, 14h43 :: :: :: [3 haineuses invectives]