Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

Je ronge mon
frein, ça fait
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Parfois, l'on décroche amoureusement le respect. C'est pourquoi l'amitié s'échappe en évitant la fin des sens
Jean-Sol Partre ::
Le lion & le rat (Le Tref & l'Aucube)

30 Juin 2012 ::

« L'épopée des sister ships Bismarck & Tirpitz - 3 »

:: Histoire contemporaine, 1942

Ce billet fait partie d'un sujet qui en comporte 4 :
1. L'épopée des sister ships Bismarck & Tirpitz - 1
2. L'épopée des sister ships Bismarck & Tirpitz - 2
3. L'épopée des sister ships Bismarck & Tirpitz - 3
4. L'épopée des sister ships Bismarck & Tirpitz - 4


Et voilà le Tirpitz

Le frère jumeau du Bismarck, lui, ne sera terminé que fin 1941, c'est-à-dire six mois après la perte du premier. Il appareille de Kiel pour Trondheim, en Norvège, dans la nuit du 14 au 15 janvier 1942.
De l'aveu même de Churchill, toute la stratégie de la Royal Navy va tourner autour du Tirpitz pendant plus de deux ans. Conscients qu'ils n'avaient coulé le Bismarck qu'à la faveur d'une sorte de "coup de bol" (la torpille dans le gouvernail), les britanniques restent traumatisés par la courte - mais sanglante - carrière du "grand frère", et vont tout mettre en oeuvre pour mettre le Tirpitz hors d'état de nuire.
De fait, pendant deux ans, le Tirpitz, sans pratiquement bouger de la côte Norvégienne, va immobiliser d'importantes forces aéronavales britanniques à Scapa Flow, forces dont ils auraient bien eu besoin ailleurs (en méditérranée et dans l'océan indien contre les Japonais notamment).
Dès le 28 janvier 1942, un raid de 16 bombardiers Stirling et Halifax est envoyé en mission sur le Tirpitz, mais ne parvient pas à mettre une seule bombe au but.


Le DKM Tirpitz, dans un fjörd Norvégien



Bombardiers Stirling


Première mission

Accompagné de deux destroyers, le Tirpitz appareille de Trondheim le 5 mars pour aller attaquer les convois britanniques de l'arctique. Il est commandé par l'Amiral Ciliax.
Très vite, il est repéré par le sous-marin anglais Seawolf qui transmet sa position à l'Amiral Tovey, qui justement se trouve à ce moment en mer à la tête d'une imposante flotte composée des croiseurs de bataille King George V, Duke of York, Renown, du porte-avions Victorious, d'un croiseur lourd et de douze destroyers !
Le 7 mars, les Allemands et les Anglais passent à moins de 80 milles les uns des autres, mais le temps est tellement pourri qu'ils ne s'en rendent pas compte.
Le 9 mars, le temps s'améliore et la visibilité est bonne. 12 bombardiers torpilleurs biplans Albacore décollent alors du porte-avions Victorious pour frapper le Tirpitz. Mais là encore, aucun coup au but ! Le Tirpitz va se réfugier au port de Narvik et ne peut donc accomplir sa mission. Il regagne Trondheim quelques jours plus tard. Sa petite escapade a coûté aux Allemands 8 000 tonnes de mazout et faute de carburant, le Tirpitz est réduit à l'immobilité pour un bout de temps.


Bombardier torpilleur Fairey Albacore


Mais cela, les Anglais ne le savent pas. Redoutant toujours de voir le Tirpitz dans l'Atlantique Nord, mais sachant que les Allemands ne risqueront pas leur cuirassé s'ils ne disposent pas d'une cale sèche assez grande pour le faire éventuellement réparer sur la face atlantique, ils déclenchent, le 27-28 mars 1942, l'Opération Chariot, un raid sur la forme-écluse Joubert de St Nazaire, la seule capable de recevoir le géant (rappelons-nous que c'est déjà vers celle-ci que le Bismarck se dirigeait lorsqu'il fut touché par la funeste torpille).
Le succès de cet audacieux raid des Opérations Combinées britanniques ne suffit pourtant pas aux Alliés qui veulent à tout prix en finir avec le Tirpitz.
Le 31 mars 1942, 33 bombardiers lourds Halifax attaquent le cuirassé dans la rade de Trondheim, sans succès.


Bombardier lourd Halifax


Le 27 avril suivant, attaque de nuit avec 43 Halifax et Lancaster, toujours aucun résultat. Et le lendemain, 28 avril, la R.A.F. récidive avec 34 bombardiers semblables à la veille. Et c'est à nouveau l'échec. Les britanniques, lors de ces deux derniers raids, ont perdu 7 avions.


Première mission du Tirpitz


Deuxième mission

Dans l'intervalle, les Allemands sont parvenus à envoyer suffisamment de mazout en Norvège pour approvisionner le Tirpitz. Accompagné du cuirassé de poche Admiral Scheer et du croiseur Hipper, il se rend à Altenfjord, au nord de la Norvège, au mois de juin 1942.
Le 3 juillet, les trois navires appareillent pour aller intercepter un convoi vers la Russie dans l'Arctique. Les Britanniques, toujours très impressionnés par le géant (certains historiens prétendent aujourd'hui qu'ils l'ont fâcheusement surestimé), réalisent que la Home Fleet est trop à l'ouest pour intervenir, et pensent que l'escorte de croiseurs et de destroyers du convoi n'est pas de taille à affronter le Tirpitz et ses acolytes. Ils ordonnent alors à l'escorte de se replier vers l'ouest, et aux cargos de continuer leur route en se dispersant, pensant qu'ils feront ainsi des cibles moins faciles.
Hélas, les cargos, désormais sans défense, seront détruits un à un par les Allemands, et seuls 10 sur 33 parviendront à leur destination en Russie.
Ce n'est d'ailleurs pas le Tirpitz qui les a détruits, car celui-ci a encore une fois raté sa cible ! Ce sont les U-Boot et les avions de la Luftwaffe.
Quant au Tirpitz, il s'en retourne à Altenfjord dès le 5 juillet.


Deuxième mission du Tirpitz


Retour à Trondheim

Peu après, il regagne Trondheim pour y subir un carénage de plusieurs mois.
Le 26 octobre 1942, les Britanniques tentent une première attaque sous-marine sur le Tirpitz.
Leif Larson, le chef de la résistance Norvégienne, quitte les îles Shetland, au nord de l'Ecosse, dans un chalutier. A son bord, six hommes-grenouilles qui doivent attaquer le cuirassé à l'aide de "chariots", des torpilles biplaces naviguant en surface ou en plongée (le principe a été inventé par les Italiens et leurs "Maiale").


Chariot



Equipage de "chariot" en action de surface


Larson parvient dans le fjord de Trondheim, remorquant les "chariots" immergés, mais alors qu'il ne se trouve plus qu'à 8 kilomètres de son objectif, une tempête se lève. Les "chariots" partent à la dérive et se détachent. Tous les hommes parviennent à gagner la Suède, à l'exception d'un, mais l'attaque est un échec.
En février 1943, ses réparations enfin terminées, le Tirpitz regagne Altenfjord.

draleuq, 18h16 :: :: :: [0 insulte scandaleuse]